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Youssef Swatt’s, 30 under 30: un saut dans le vide en « chute libre »

Originaire de Tournai et âgé de 27 ans, le rappeur belge Youssef Swatt’s est connu pour son style unique mêlant une passion pour la langue française et l’influence du rap des années 90. Il a dévoilé ce 21 février « Chute libre », un EP très attendu suite à sa victoire dans l’émission « Nouvelle École » sur Netflix. Ce titre raconte cet instant de flottement entre deux mondes : une ascension fulgurante après des années d’efforts et de travail acharnée. L’artiste compte en effet déjà plus de 10 années de carrière dans le monde de la musique et trois albums. Cela lui avait déjà permis de jouer dans de nombreux concerts et festivals en Belgique, en France, en Suisse ou encore au Sénégal et d’assurer les premières parties d’artistes tels que IAM, MC Solaar, Gaël Faye, Scylla, Hugo TSR, etc. Fin 2024, il a reçu le prix de Forbes 30 under 30. Il a également rempli à son nom l’Ancienne Belgique, la Cigale, la Maroquinerie et le Bataclan.
Mais avant de véritablement percer, Youssef Swatt’s a travaillé dans le monde de la communication dans l’agence de relations publiques Nonante-Cinq de Nathan Soret, tout en poursuivant sa carrière musicale. En parallèle, il a animé des ateliers d’écriture dans différentes structures (aide à la jeunesse, orphelinats, prisons, psychiatrie) afin de transmettre sa passion des mots.
Forbes Belgium – Votre carrière d’artiste a eu des hauts et des bas avant que vous ne puissiez véritablement prendre votre envol…
Youssef Swatt’s – En effet, j’ai eu une aventure particulière… En 2022, je signe avec un label en France, ce qui m’a permis de vivre de ma musique et donc d’arrêter de travailler. Pendant un an environ, je me suis vraiment consacré à 200 % à la musique. J’ai sorti un album, je suis parti en tournée, on a sorti beaucoup de clips, etc. Financièrement, j’ai pu arrêter de travailler car une telle activité, cela peut vite prendre beaucoup, beaucoup de temps et être difficilement compatible avec autre chose. Le problème, c’est que le label a fait faillite et que je n’ai jamais touché mon argent. Cela a été un gros coup dur pour moi puisque j’ai perdu énormément d’argent dans cette histoire. J’étais cependant déterminé à ne pas me laisser abattre, à aller de l’avant, à continuer à construire des projets. Mais j’ai décidé de me « remettre » sur le marché de la communication afin notamment de continuer à apprendre et à mettre à profit mon expérience et je suis retourné chez Nonante Cinq.
– Et puis arrive cette fameuse émission de Netflix ?
– Oui, il faut savoir que j’avais déjà été contacté une première fois en 2022, mais que j’avais refusé. J’avais l’impression de ne pas être à ma place, que cela n’allait pas m’apporter grand chose. Un an plus tard, en juin 2023, un ami me remonte les bretelles en me faisant comprendre que j’aurai dû le faire car cette émission Nouvelle Ecole apporte une visibilité considérable. On est en plein été et j’envoie un message à la dame qui s’occupait des casting et qui comptait boucler celui-là le jour-même. J’ai passé un ou deux entretiens par téléphone et par visioconférence et j’ai finalement été repris. Le tournage a commencé en octobre. J’avais alors un pied dans l’agence et un pied dans les tournages. De fil en auguille, je suis allé jusqu’en finale et j’ai gagné l’émission.
– Nouvelle Ecole a tout changé pour votre carrière d’artiste ? 
– Ca change du tout au tout! J’essaie d’en profiter au maximum parce que c’est quand même fou ce qui m’est donné à vivre pour le moment. C’est une belle consécration et une victoire sur plein de choses: la victoire de l’émission en tant que telle, le fait de pouvoir maintenant avoir une grosse exposition médiatique, d’être sur les réseaux, de pouvoir remplir des salles, de pouvoir connecter avec des artistes… Ce sont vraiment des opportunités qui sont très larges. Mais ce qui est bien également, c’est qu’il y a encore beaucoup à faire. Grâce à l’émission, on on prend une visibilité qui est disproportionnée par rapport à nos accomplissements dans notre carrière. Or rien n’est acquis.
– Qu’entendez-vous par disproportionné ? 
– Même si on devient célèbre comme de gros artistes, on reste en réalité des petits artistes en développement qui ont encore des choses à prouver. Sur Instagram, j’ai le même nombre de followers que des gens qui font des disques d’or et des disques de platine ou qui remplissent des salles partout, alors que moi je dois encore batailler pour remplir des salles obscures. Nouvelle Ecole a un côté que moi je trouve excitant, mais cela met aussi une grosse pression.
– Comment avez-vous perçu la distinction que vous avez reçue de Forbes comme 30 under 30 ? 
– Je me rappelle que, lorsque j’en ai été informé, c’était une période où il se passait beaucoup de choses justement. On était dans l’après Nouvelle Ecole et il y avait des bonnes nouvelles qui tombaient à peu près tous les jours, de micro accomplissements qui s’enchaînaient. J’ai été assez marqué par cette nouvelle car cela fait partie des choses que j’avais en tête depuis « longtemps », que je connaissais et dont je savais évaluer la reconnaissance. C’est vraiment une belle case cochée sur la liste des choses à faire dans les prochaines années. J’étais d’autant plus content aussi de voir le reste du panel. Et puis, cela amène évidemment une certaine reconnaissance.
– Même pour le milieu de la musique ?
– Même dans le milieu de la culture et de l’industrie musicale, Forbes reste très réputé. C’est un nom qui parle, cela donne une crédibilité, apporte un réseau. Je pense donc que ça a une très belle valeur ajoutée. Mais oui, bien sûr, en tant qu’artiste, c’est pas non plus ce qui nous valorise le plus.
– Quels sont vos projets d’avenir? 
– Mon année à venir en tout cas est marquée par la sortie d’un EP appelé « Chute Libre » et composé de huit titres, qui sort ce 21 février. C’est mon premier projet après Nouvelle école. Je vais pouvoir enfin partager tout ce que j’ai préparé en studio ces derniers mois. J’ai donc très hâte. Il y a des jolis ‘featurings’ (avec son mentor de toujours Youssoupha, le virtuose Sofiane Pamart et son acolyte d’émission James Loup, NDLR). Je suis aussi reparti en tournée. On a fait entre 30 et 40 dates en sortant de l’émission, ce qui est énorme. J’ai ensuite pris une petite pause de quelques semaines et je viens de repartir pour une tournée qui devrait durer un peu moins d’un an et m’emmener principalement en France, en Suisse et évidemment en Belgique. Ce n’est qu’ensuite que je pourrai à nouveau prendre un peu de vacances. Il faut savoir que depuis environ un an et demi, à part en vacances, je n »ai jamais passé trois jours ou trois nuits au même endroit.
– Que donneriez-vous comme conseil à des jeunes dans votre situation d’il y a deux ans, qui essayent d’éclore et de trouver leur voie artistique?
– Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est d’être toujours reconnaissant de tous les accomplissements qu’on fait. Le milieu de la musique n’est pas facile, il faut y jouer des coudes et savoir garder une mentalité sur le long terme. Parfois, on y passe beaucoup de temps, on sacrifie beaucoup de choses et on n’a pas toujours l’impression que l’on nous rend la monnaie de notre pièce. Il faut essayer de ne pas trop penser à nos échecs mais bien à ce qu’on a obtenu.

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