La Foncière française Magellan, spécialisée dans le développement et la gestion de pôles de santé, entre en force sur le marché wallon avec quatre sites en construction.
La société civile de placement immobilier (SCPI) française Foncière des Praticiens, une des filiales du Groupe Magellan, a pour vocation de constituer un patrimoine immobilier privé de santé apportant une réponse au manque d’infrastructures de santé publiques.
Son cœur de cible: les lieux de consultation en cœur de ville ou à proximité de centres d’hospitalisation, les locaux d’accompagnement, de rééducation et de recherche dans des zones déficitaires en infrastructures médicales et sociales. Et ces derniers mois, elle a mis le turbo et a connu un fort développement dans le nord de la France, avec notamment l’acquisition fin 2023 d’un ensemble immobilier destiné à une activité d’hôpital de jour (psychiatrie, addictologie..) et d’un laboratoire de recherche dans la banlieue lilloise. Plus récemment, elle a acquis une maison médicale à Sangatte, près de Calais.
Stratégie d’investissement élargie à l’Europe
Désireuse d’élargir son portefeuille au-delà de l’Hexagone, la Foncière des Praticiens vient de boucler l’acquisition de quatre projets de maisons spécialisées dans l’accueil des personnes en situation de handicap situés en Wallonie, et plus précisément à Philippeville, Villers-le-Gambon, Chimay et, tout récemment, Froidchapelle. Chacune de ces maisons d’accueil spécialisées (MAS), actuellement en chantier ou sur le point de l’être, disposera de 5 bâtiments pouvant accueillir 80 résidents.
Epicentre carolo
C’est la société IACI Real Estate (Ham-sur-Heure-Nalinnes), spécialisée dans les projets commerciaux et de santé, qui s’est chargée de trouver les terrains pour compte des différentes immobilières qui détenaient le foncier et d’obtenir les permis de bâtir, ensuite validés par l’AViQ (Agence wallonne pour une vie de qualité). IACI Real Estate s’est également chargée de la vente des projets en réunissant les vendeurs, la Foncière Magellan et le futur exploitant de ces unités de soins spécialisées. «Ce programme ambitieux, qui a débuté dès 2018 avec l’acquisition du site de Philippeville, va créer plus de 240 emplois dans la botte du Hainaut. Chaque MAS aura sa propre spécificité, comme l’hippothérapie ou l’horticulture, et répondra aux dernières normes en vigueur en termes d’hébergement», insiste Ludovic Coulon, le directeur général d’IACI Real Estate, qui compte étendre rapidement la toile belge de son partenaire français. Lancés en VEFA (ventes en l’état futur d’achèvement), les quatre premiers projets seront livrés d’ici 8 à 18 mois. Les sites de Philippeville et Chimay sont déjà en chantier et ouvriront respectivement en septembre 2024 et février 2025.
Chacun de ces sites spécialisés sera mis en location par la foncière française via des contrats de baux fermes de 25 ans et sera opéré par une société wallonne de services récemment créée à cet effet, baptisée INQHAS (Institutions qualitatives dédiées au handicap et à la santé) et qui sera spécialisée dans l’accueil de personnes en situation de handicap. Selon nos informations, celle-ci sera logée à même adresse que IACI Real Estate.
Cohabitation sensible
Rentabiliser des murs privés au moyen d’une activité d’encadrement et de soins pour personnes sensibles et fragiles est un mariage périlleux: la qualité des services prodigués doit rester l’objectif en soi et non devenir un moyen d’enrichissement. Le cahier des charges doit donc être contrôlé de près par un organisme indépendant et les coûts des services prodigués ne peuvent être soumis au bon vouloir des actionnaires des sociétés privées intéressées dans l’opération et dont le but est lucratif.
On a pu constater récemment, au travers des dérives révélées dans le secteur des maisons de repos – et tout particulièrement dans le réseau coté en bourse Orpea –, toute la difficulté à ménager la chèvre et le chou. On ose espérer que tant la Foncière Magellan que ses partenaires privés belges ou européens mettront en place les outils indispensables pour prévenir dès l’entame ce genre de dérives plus fréquentes qu’on le pense avec les publics fragilisés.