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Teddy Picker ou le dépaysement au coin de la rue

Pas besoin de se déplacer loin pour vivre un ailleurs qui nourrit le corps et l’esprit. Tel pourrait être le mantra des concepteurs du boutique hôtel Teddy Picker. Cette porte parallèle grande ouverte sur le monde est à découvrir et savourer au cœur du Pentagone bruxellois.

Ne pas chercher midi à quatorze heures. Partir à l’aventure au coin de la rue, créer une forêt verticale sur un dépotoir public urbain oublié; et y faire fourmiller sa palette créative pour le faire revivre, le remailler avec un petit coin du Pentagone bruxellois quasi pédestre et encore paisible dont le cœur bat vraiment au rythme du quartier et des résidents de passage. 

Voilà en quelques mots la clé de voûte culturelle des concepteurs de Teddy Picker (littéralement Cueilleur de Nounours*), un trio typiquement bruxellois composé des frérots Tim et Ben Siaens, néerlandophones de souche, et Jean-Philippe Desager, francophone métissé. 

« Teddy Picker est conçu pour être un lieu-dit, qu’on se passe sous le manteau et qu’il faut vivre pour vraiment comprendre »

Leur ambition? Concevoir un petit boutique-hôtel anticonformiste, où les globe-trotters de tout âge, d’ici et d’ailleurs, sont à la fois chez eux et dépaysés et sentent battre le cœur du quartier au diapason du leur. « Teddy Picker est conçu pour être un lieu-dit, qu’on se passe sous le manteau et qu’il faut vivre pour vraiment comprendre. Un lieu qui va bien au-delà de ce que l’on voit », résume le trio, accompagné pour la conception et la décoration par des artistes et ami(e)s de talent, dont Bram van Bréda, Nick Albrecht ou Jan en Lies ; mais aussi par des partenaires et fournisseurs sur la même longueur d’ondes, des cosmétiques aux éclairages. Petit détail qui tue : Ben a tenu à installer dans chaque chambre une chaîne stéréo vintage différente avec platine et 33 tours d’époque. 

© Teddy Picker

Chambres avec ventre

Aujourd’hui, ce lieu de séjours courts – idéalement deux nuits – ou plus longs, logé au n°2 de la rue de la Clé, dispose de cinq chambres, toutes différentes, avec un jardin-terrasse en toiture, véritable oasis de verdure spontanée. Une 6e chambre – un duplex pour quatre personnes – est sur le point de compléter l’offre qui devrait progressivement s’étendre à la maison voisine vu le succès.

Au rez-de-chaussée, la tribu s’est dotée d’un ventre à l’avenant: un restaurant dit « de partage », bistronomique et privilégiant les produits de proximité et de qualité, sélectionnés et préparés par le chef Nico Corbesier (Les Eleveurs-Halle, August-Anvers) secondé par la toute aussi douée Katrien Vantomme (Beaucoup Fish, Côté Jardin). 

Baptisé Kline et aligné sur l’esprit brutaliste de l’hôtel qui l’héberge, le succès rapide de ce lieu de bouche sans chichis pourtant logé dans un quartier à forte concurrence a surpris même ses concepteurs, qui auront sans doute fort à faire pour ne pas se faire voler le couple derrière les fourneaux.

© Teddy Picker

Derrière chez moi, savez-vous quoi qu’il y a ?

L’esprit et la lettre du lieu sont nés autour de 2010 du rêve tortueux et éveillé de Tim Siaens (Milk and Cookies, Skievelat, etc.) conseillé par le bureau LOW Architecten, dont le slogan, « Brutal, yet refined », était prédestiné au lieu. Rapidement, la matrice Teddy Picker a progressivement hébergé des commerces originaux pensés par les frères, comme Rocco Pantalòn (plantes), ou des pop-up stores comme Zwangere Guy, par exemple.

Puis la tribu initiale s’est élargie et a rassemblé des créateurs issus du quartier Dansaert et d’ailleurs qui, tous, partagent l’envie de partager des lieux vivants, discrets et uniques où il fait bon séjourner et accueillir. Tous passent et travaillent d’ailleurs toujours pour l’instant dans les étages supérieurs de l’hôtel.

« Nous sommes inspirés par une architecture moderne et mixte, des oasis de verdure au calme dans des villes bouillonnantes de créativité, d’attractions insolites et d’art spontané. Nous savons que les événements imprévus, comme le concert de Roméo Elvis dans nos murs et dans la rue, créent les meilleurs souvenirs. Nous créons constamment, organiquement, pour un public passionné par le design ou l’art, à l’affût de séjours atypiques, aux antipodes des normes hôtelières classiques mais qui recherchent la quiétude, l’authenticité, la nature en ville avec un certain goût pour l’architecture »,
lance Tim Siaens. 

« Nous considérons que le monde est constitué de voisins, de cultures vivantes et de rêves visionnaires »

Repris en chœur par Jean-Philippe Desager, arrivé sur le tard, en 2021, dans le projet avec son expertise de stratégie marketing et aujourd’hui copropriétaire des lieux: « Chez Teddy Picker, nous considérons que le monde est constitué de voisins, de cultures vivantes et de rêves visionnaires. Nous encourageons et apprécions les partages mutuels, spontanés et authentiques avec les talents locaux dans chaque région où nous séjournons. Nous sommes convaincus que de nouveaux concepts animés peuvent naître juste au coin de chaque rue

Fidèle à son esprit et à ses gènes, Teddy Picker s’est enraciné au cœur de Bruxelles sur un terrain vague improbable et il a pu grandir grâce à un permis de construire subtil que bien d’autres auraient pensé impossible. Il devrait bientôt essaimer et trouver place dans un autre quartier métissé et bouillonnant tapi dans une autre ville à animer avec l’esprit underground et cosmopolite qui est l’ADN de ses concepteurs belges.

Comme ces derniers l’affirment, pour vraiment comprendre l’esprit du lieu, il faut le vivre et le partager, le nourrir et s’en nourrir : un conseil à suivre sans plus attendre.

*Jeu de fête foraine muni d’une pince directionnelle enfermée dans un aquarium rempli de peluches à agripper. Chanson du groupe Arctic Monkeys sortie en 2007.  

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