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« Je ne m’étais jamais senti une âme d’écolo »

Au cours des cinq dernières années, l’asbl belge River Cleanup a déjà repêché 3,6 millions de kilos de déchets dans des centaines de rivières du monde entier. Ce qui n’était au départ qu’un défi est devenu la mission d’une vie pour le fondateur Thomas de Groote. « J’ai toujours suivi ma propre voie avec obstination », clame-t-il.

« Sur une période de dix jours, au cours d’une promenade, nettoyer les déchets pendant dix minutes et en parler sur Facebook » : voilà le défi que la sœur aînée de Thomas de Groote – elle-même membre de Greenpeace – lui a lancé en 2017. Accompagné de ses enfants et déguisé pour l’occasion en Captain America, il a ramassé des déchets pour la première fois de sa vie.

« Je ne m’étais jamais senti une âme d’écolo auparavant. J’ai toujours été très occupé. Avec un emploi exigeant de process analyst dans le secteur hospitalier, puis de spécialiste en Lean Management, une famille et une vie sociale bien remplie, il ne me restait plus de temps pour penser à l’environnement », témoigne le CEO et fondateur de River Cleanup.

« J’ai eu l’impression que nous étions vraiment en train de sauver le monde »

Eurêka !

Mais quand il s’est mis à nettoyer les déchets des autres, il a senti qu’un changement s’opérait en lui. « C’était une activité amusante, mais j’ai aussi eu l’impression que nous étions en train de sauver le monde », se souvient-il. Cette expérience a incité Thomas de Groote à encourager les autres à suivre ses traces. « Je me suis mis à faire attention à la propreté de mon environnement et j’ai convaincu de plus en plus d’amis, de collègues et de proches de m’épauler dans cette tâche. » Un peu moins d’un an plus tard, alors qu’il vivait temporairement à Düsseldorf, où sa femme séjournait pour des raisons professionnelles, l’idée initiale de River Cleanup a germé dans son esprit. Au lieu de se contenter d’organiser des nettoyages avec une poignée de sympathisants, il a lancé un projet de grande envergure pour assainir le Rhin. La suite a dépassé ses espérances les plus folles.
« Mon appel a été massivement partagé sur les réseaux sociaux et a fini par mobiliser plus de 10 000 personnes sur 60 sites dans cinq pays différents. Les gens ont commencé à collecter massivement des déchets sur les berges des rivières en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Suisse et en Autriche. »

River Cleanup
© River Cleanup

C’est ainsi que River Cleanup a vu le jour. Ce qui n’était au départ qu’un sympathique défi est aujourd’hui devenu la mission d’une vie. « Notre utilisation massive de plastique pollue les mers et les océans », explique Thomas de Groote. Ce matériau se décompose en microplastiques, lesquels finissent par intégrer notre chaîne alimentaire. L’eau, les poissons, les crustacés, le sel, etc. sont autant d’éléments qui pénètrent dans notre organisme. « Ils peuvent provoquer des cancers, perturber nos hormones et nous rendre infertiles », expose le CEO. « La durabilité n’est plus un choix. Nous sommes la première génération à subir directement l’impact de la pollution et du changement climatique. En même temps, nous sommes la dernière génération à pouvoir faire quelque chose pour y remédier ». Lorsque le programme River Cleanup a été lancé, huit millions de tonnes de plastique s’écoulaient chaque année des rivières vers nos océans. Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 11 millions. « Si nous n’agissons pas, cette quantité passera à 29 millions de tonnes d’ici 2040. Il risque alors d’y avoir plus de plastique que de poissons dans la mer. »

Économies d’échelle

C’est précisément le problème auquel River Cleanup s’attaque à grande échelle – en purifiant les rivières, les déchets qu’elles contiennent ne finissent plus dans les mers. Sous l’égide de l’asbl belge, plus de 5 000 actions de nettoyage ont été menées dans 100 pays depuis son lancement. Aujourd’hui, grâce à 250 000 bénévoles, River Cleanup a collecté plus de 3,6 millions de kilos de déchets. « Notre organisation compte désormais 11 employés permanents en Belgique et 31 personnes dans d’autres pays, dont le Cameroun et l’Indonésie », explique Thomas de Groote. « Au début, nous nous concentrions uniquement sur le nombre de tonnes de plastique présentes dans les rivières, mais aujourd’hui, nous privilégions une approche plus globale. » River Cleanup se consacre également à la sensibilisation, la prévention, l’introduction de changements structurels dans les entreprises et les écoles par le biais de présentations et de défis, ainsi que sur la formation et la transformation des collectivités et des organisations.

« D’ici 2030, nous aimerions que 100 rivières soient totalement dépourvues de plastique »

River Cleanup se finance aujourd’hui à 70% par le biais du mécénat d’entreprise, à 15% à travers des contributions de fondations, à 10% via des subventions et à 5% par des dons de particuliers. Au total, l’entreprise a déjà collecté 1,5 million d’euros. « Nous envisageons aussi de commencer à revendre le plastique collecté à des entreprises », explique Thomas de Groote. « Celles-ci peuvent alors fabriquer de nouveaux produits à partir de ce matériau via des processus de recyclage, en utilisant le label Made with river plastic. Néanmoins, un problème demeure : le plastique neuf est aujourd’hui tellement bon marché qu’il est difficile de revendre du plastique usagé à grande échelle. » Ça devrait changer d’ici la fin de l’année, lorsque le traité des Nations unies sur le plastique sera négocié, ce qui encouragera les producteurs à travailler davantage avec du plastique recyclé.  « Chez River Cleanup, nous accueillons toute personne désireuse de faire un pas dans la bonne direction », conclut Thomas de Groote. « Peu importe qu’il s’agisse d’une petite association locale ou d’une grande multinationale. Notre croissance en tant qu’organisation est essentielle pour produire un impact massif. D’ici 2030, nous aimerions que 100 rivières soient totalement dépourvues de plastique. C’est pourquoi nous sommes constamment à la recherche de nouveaux bénévoles et partenaires, ainsi que d’un soutien financier supplémentaire – y compris par le biais de capital-risque – à investir dans notre structure, notre fonctionnement et notre croissance. » 

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