Même si l’ancien président parvient à régler ses frais juridiques faramineux, il peinera à obtenir des liquidités pendant plusieurs années.
Les 540 millions de dollars que Donald Trump doit à ce jour suite à des poursuites récentes engagées à New York ne représentent qu’une partie des soucis financiers croissants de l’ancien président.
Au cours des cinq prochaines années – c’est-à-dire d’ici la fin du prochain mandat présidentiel – Trump devra rembourser 780 millions de dollars de prêts hypothécaires, une partie seulement du milliard de dollars de dettes qui pèsent sur ses propriétés. Trump dispose de plus de temps pour trouver comment gérer ces prêts que pour rembourser les 83,3 millions de dollars qu’il doit à E. Jean Carroll pour diffamation. Mais pas beaucoup plus, car son premier prêt hypothécaire arrive à échéance en juillet.
Voici un aperçu du montant de la dette que doit rembourser l’ancien et peut-être futur président, de ses créanciers et des échéances.
Les prix des biens immobiliers ont été calculés en septembre 2023.
Trump Plaza
Valeur totale : 30 millions de $
Dette : 12 millions de $
Créancier : Ladder Capital
Échéance : 6 juillet 2024
Le premier prêt hypothécaire que Trump doit rembourser s’élève à 12 millions de dollars pour le Trump Plaza. À ne pas confondre avec le Trump Plaza Hotel and Casino, fermé et plus tard démoli, ou le Plaza Hotel que Trump a vendu en 1995 après l’avoir poussé à la faillite, le Trump Plaza est un immeuble en copropriété sur l’Upper East Side de Manhattan. La société de Trump ne possède pas l’immeuble mais détient un bail sur l’espace commercial, un garage et deux maisons.
Ladder Capital, la société qui a initialement accordé le prêt à Trump en 2014, employait Jack Weisselberg, le fils de l’ancien CFO de la Trump Organization, Allen Weisselberg, sorti de prison en avril dernier après avoir purgé une peine pour fraude fiscale et récemment condamné pour parjure. Ladder Capital ne détient plus la dette, ayant rapidement morcelé le prêt initial de 15 millions de dollars avant de le vendre sous forme d’obligations à des investisseurs.
40 Wall Street
Valeur totale : 205 millions de $
Dette : 121 millions de $
Créancier : Ladder Capital
Échéance : 6 juillet 2025
Lors d’une récente déclaration à ABC, la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, a affirmé qu’elle était prête à saisir les biens de Trump s’il ne payait pas la totalité du montant, évoquant au passage cette propriété. « Je regarde le 40 Wall Street chaque jour », aurait-elle déclaré, au sujet du bâtiment de Trump à Lower Manhattan. Rien d’étonnant à ce que Letitia James ait remarqué le gratte-ciel de 63 étages construit comme une pièce montée, avec une base large cédant la place à des étages supérieurs plus étroits, coiffés par une couronne en cuivre. Situé dans un emplacement privilégié, à un pâté de maisons de la Bourse de New York, ce bâtiment, qui était autrefois le plus haut de la ville, était détenu dans les années 1980 par l’ancien dictateur philippin Ferdinand Marcos.
Ce que beaucoup de gens ne mesurent pas, c’est que, comme pour le Trump Plaza, l’ex-président ne possède pas l’immeuble. Il a un bail emphytéotique de 64 ans qui doit expirer en 2059. Ladder Capital a prêté 160 millions de dollars à Trump en 2015, mais l’a presque immédiatement morcelé et vendu avec des dizaines d’autres propriétés à des investisseurs. Si Trump se retire, ce sera donc au détriment d’un groupe d’individus anonymes, ce qui le dérangera sans doute moins que de devoir débourser une grosse somme d’argent pour régler ses dettes.
Trump International Hotel & Tower
Valeur totale : 10 millions de $
Dette : 6 millions de $
Créancier : Ladder Capital
Échéance : 6 août 2026
Ce gratte-ciel donnant sur Central Park abrite Jean-Georges, le restaurant bi-étoilé où Mitt Romney a rencontré Trump pour décrocher un poste au sommet de l’État, qu’il n’a jamais obtenu. Trump possède l’espace commercial et le parking. Ladder a prêté 7 millions de dollars à l’ex-président en 2016.
555 California Street
Valeur totale : 480 millions de $
Dette : 360 millions de $
Émetteur du prêt hypothécaire : JPMorgan Chase
Échéance : mai 2028
Trump possède 30% de ce complexe de trois bâtiments situé dans le quartier financier de San Francisco, tandis que Vornado Realty Trust en détient le reste. La propriété génère aujourd’hui d’énormes loyers, alors qu’au départ, Trump n’en voulait pas. Il a même traîné ses premiers partenaires commerciaux de Hong Kong en justice lorsqu’ils ont décidé de vendre un projet partiellement développé sur l’Upper West Side de Manhattan en utilisant les recettes obtenues pour acheter ce bâtiment.
Parmi les locataires, on trouve Bank of America, Microsoft et, en tout cas en 2020, le Qatar Investment Authority, ce qui signifie que pendant la présidence de Trump, la Trump Organization était le propriétaire foncier du fonds souverain du Qatar, lequel ne semblait pas faire véritablement usage de cet espace.
En mai 2021, JPMorgan Chase a aidé Vornado et Trump à sécuriser un prêt variable de 1,2 milliard de dollars, leur permettant de retirer plus de 600 millions de dollars du bâtiment. Cependant, l’inflation était déjà en hausse. Ainsi, Steven Roth, CEO de Vornado, a protégé sa société en effectuant un swap de taux d’intérêt de trois ans, remplaçant le taux variable sur la portion de prêt de 840 millions de dollars de sa société par un taux fixe de 2,26%. Trump, en revanche, ne l’a pas fait, laissant le montant des intérêts fluctuer sur sa part de 360 millions de dollars. En mai 2023, il faisait face à un taux estimé de 5,93% sur la propriété, en vertu duquel il devrait verser 21 millions de dollars de frais d’intérêt annuels – 13 millions de dollars de plus que s’il avait suivi l’exemple de Steven Roth.
1290 Avenue of the Americas
Valeur totale : 570 millions de $
Dette : 284 millions de $
Émetteur du prêt hypothécaire : JPMorgan Chase
Échéance : novembre 2028
Dans une transaction similaire à celle du 555 California Street, Trump détient une participation minoritaire de 30% dans ce gratte-ciel de Manhattan situé à quelques pâtés de maisons de la Trump Tower, le reste étant la propriété de Vornado. Tout comme avec le 555 California Street, Trump a entamé en 2005 une action en justice pour tenter d’empêcher ses partenaires de l’époque, un groupe d’investisseurs de Hong Kong, d’acheter cette propriété. Vornado, qui a racheté le groupe basé à Hong Kong en 2007, a essayé de vendre les deux bâtiments en 2020. Cependant, la société n’a pu trouver d’acheteur prêt à payer le prix exigé de 5 milliards de dollars, a rapporté le Wall Street Journal.
Les locataires des espaces de bureau et de vente au détail incluent la Columbia University, le Groupe Hachette Livre et le service de streaming FuboTV. À partir du 1er avril, selon le site Web de Vornado, quatre étages totalisant plus de 21 000 mètres carrés seront inoccupés.
Seven Springs
Valeur totale : 30 millions de $
Dette : 5,4 millions de $
Créancier : Bryn Mawr Trust Company
Échéance : 2029
Trump a acheté cette propriété dans le comté de Westchester, dans l’État de New York, pour 7,5 millions de dollars en 1996 avec l’espoir d’en faire un parcours de golf ou des lotissements. Lorsque l’opposition locale et les préoccupations environnementales ont empêché la mise en œuvre de ses projets, il a promis en 2015 de préserver 64 des 86 hectares en échange d’une réduction d’impôt de 21 millions de dollars, selon le Washington Post.
Lors du récent procès de son père pour fraude, Eric Trump, qui y passait ses étés enfant, a été interrogé à propos de Seven Springs, l’une des propriétés les plus exagérément surestimées de la famille. Eric avait estimé à 161 millions de dollars sept de ses parcelles non développées destinées à accueillir des villas, tandis qu’un évaluateur professionnel les estimait à 14 millions de dollars.
Trump Tower
Valeur totale : 156 millions de $
Dette : 100 millions de $
Créancier : Axos Bank
Échéance : 2032
En février 2022, Trump a refinancé sa propriété phare, empruntant 100 millions de dollars à Axos Bank, anciennement Bank of Internet USA, pour rembourser un prêt de 100 millions de dollars de Ladder Capital arrivant à échéance en septembre de la même année. « La Trump Tower est l’une des propriétés les plus emblématiques au monde et occupe probablement le coin le plus prisé de tout New York », a déclaré Eric Trump à l’époque, avant d’ajouter : « Nous avons une dette incroyablement faible, une quantité énorme de liquidités et une entreprise extrêmement rentable. Nous n’avions aucun problème pour refinancer. »
Selon les dépôts auprès de la Commission électorale fédérale, Gregory Garrabrants, CEO d’Axos, a soutenu les campagnes de Trump depuis 2012 à hauteur de 9 600 dollars.
Trump possède également le penthouse de la Trump Tower, mais c’est une entité distincte, d’une valeur estimée à 52 millions de dollars, et libre de dette.
Trump National Doral
Valeur totale : 291 millions de $
Dette : 125 millions de $
Créancier : Axos Bank
Échéance : 2032
Trump a également refinancé son complexe hôtelier de Miami en 2022, juste avant qu’un prêt d’environ 125 millions de dollars de Deutsche Bank n’arrive à échéance l’année suivante. Les revenus du complexe étaient en baisse pendant la présidence de Trump, même avant la pandémie du Covid. Ils semblent avoir rebondi depuis, selon une analyse des informations financières qu’il a communiquées au gouvernement. Le Trump National Doral devrait accueillir en avril le LIV Golf Tour, soutenu par l’Arabie saoudite, pour un tournoi de trois jours.
1125 S. Ocean Blvd
Valeur totale : 46 millions de $
Dette : 10 millions de $
Prêteur : Professional Bank
Échéance : 2048
Trump aura 102 ans lorsqu’arrivera à échéance son prêt sur cette propriété résidentielle. Il ne s’en inquiète sans doute pas beaucoup. De plus, les valeurs ont augmenté depuis qu’il a payé à sa sœur 18,5 millions de dollars pour la propriété en 2018. Elles ne sont cependant pas aussi élevées que ce que Trump aurait souhaité. En 2022, il a mis la maison en vente avant de la retirer du marché, ne trouvant pas d’acheteur prêt à débourser le prix demandé de 59 millions de dollars.