Ces derniers mois, la rumeur a persisté : Guido Eckelmans sondait le marché pour revendre certaines de ses sociétés. Nous avons rencontré l’intéressé, qui nie en bloc et rebondit.
Au terme de plusieurs années de turbulences autour du dossier sérésien de reconversion du Val Saint Lambert dont les médias ont fait leurs choux gras l’an dernier, Guido Eckelmans, une des plus anciennes figures de proue du secteur immobilier belge, a souhaité remettre les pendules à l’heure concernant ses sociétés et leur avenir. Avenir qu’il assure florissant, chiffres à l’appui, la profitabilité étant enfin de retour.
Pour le démontrer, c’est tout son staff qu’il a réuni dans ses bureaux de Louvain-la-Neuve et tous ses dossiers qu’il a mis sur la table pour Forbes Belgium. A commencer par l’organigramme du groupe qui héberge la société familiale fondée en 1960 et qu’il dirige toujours, histoire qu’on ne mélange plus tout et n’importe quoi (voir tableau).
Couper le cou aux rumeurs
Et il le redit d’entrée de jeu : «Je tiens à couper le cou aux rumeurs qui circulent, à remettre à leur place tous ceux qui voudraient me voir partir. Et à faire une fois pour toutes la part des choses. Le passif de Seraing (Cristal Park et Immoval SA, NDLR) n’a rien à voir avec le groupe Eckelmans : c’était une opération d’ordre purement privé pour aider un copain qui n’en est plus un aujourd’hui et qui m’a totalement trompé. La société concernée est actuellement en phase de liquidation».
Mais Guido Eckelmans n’en a pas fini avec les mises au point et il poursuit, bien décidé à nettoyer les écuries: «Ici, il n’y a rien à vendre. J’ai été courtisé par quelques grosses sociétés de promotion belges à la recherche de cashflow, intéressées par notre diversification et nos rentrées récurrentes via la gestion locative de notre portefeuille de logements étudiants, c’est vrai. J’ai mon âge, c’est vrai, je ne suis pas éternel. Mais j’ai encore envie de rebondir après 3-4 années de standstill pour cause de pandémie et de complications administratives pour tout le monde -surtout en termes de non-délivrance de permis. Nous avons fait le gros dos, vécu sur nos réserves. On s’est posé des questions, c’est vrai ; mais on n’a pas perdu notre temps. Et aujourd’hui, les projets qui avaient été mis en couveuse voient le jour. On repart de plus belle et on va vous prouver que l’Immobilière Guido Eckelmans (IGE) est en excellente santé !»
Dont acte. Passé cette mise au point indispensable, la direction du groupe Eckelmans, toujours structuré sous forme de SRL, souhaite montrer ce qu’elle a aujourd’hui dans le ventre. Et elle assure que son renom est intact : «Nous avons la chance quasi unique d’être leader sur un marché de niche en croissance, qui se professionnalise, où la demande locative dépasse l’offre et où les principaux acteurs universitaires qui comptent viennent vers nous avec leurs terrains et des projets à finaliser. Rien qu’à Mons pour l’instant, nous avons trois projets en cours, Triple A pour les investisseurs particuliers. Et tout ce qui a été commercialisé a été vendu en un mois environ», précise le patron, fort d’une vingtaine de collaborateurs -dont des ingénieurs directeurs de projets et des gestionnaires de portefeuille- répartis sur cinq sites.
Plan stratégique de développement soutenu
Dans et autour du campus de l’UMons, le plan stratégique du groupe Eckelmans prévoit de développer pas moins de 500 logements dans les 5 prochaines années. «On ne parle que de ce qui est déjà scellé. Cela pourrait encore augmenter…», renchérit Guido Eckelmans.
Aujourd’hui, sa filiale de gestion locative gère un portefeuille structurel de 5.000 logements étudiants progressivement développés sur les principaux campus universitaires belges (Leuven, Louvain-la-Neuve, Anderlecht, Namur, Liège, Mons) pour compte d’un millier de copropriétaires particuliers ou institutionnels, dont 800 unités rien que sur le campus Erasme (ULB) en Bouwteam avec BPC (groupe CFE). Bon an mal an, ce genre d’investissement ciblé offre aux investisseurs un rendement moyen annuel (plus-value comprise) dépassant 5% brut.
A côté de son cœur de cible étudiant, l’Immobilière Guido Eckelmans développe également, comme ses concurrents classiques, des projets mixtes urbains. C’est notamment le cas à Chastre, où un nouveau projet important (110 appartements, bureaux et professions libérales) dessiné par l’architecte Philippe Ladrière devrait bientôt voir le jour sous forme de PPP (partenariat public-privé) en lieu et place d’un important chancre industriel, une fois purgé du recours introduit par la commune voisine.
D’autres projets sont déjà sur le point de sortir de terre, comme à Gistoux, où 26 appartements sont programmés, ou à Chèvremont (Chaudfontaine), sur les hauteurs de Liège, où la basilique et ses dépendances seront reconverties -en partenariat avec Inside Development et Socatra, selon les plans d’Altiplan– en une septantaine de logements de standing logés au sein d’un vaste parc arboré.
«La plupart de ces projets sont pressentis pour livraison à l’horizon 2027 avec environ 15 millions de marge brute potentielle. Notre bénéfice courant est en progression (1,6 million d’euros avant impôt en 2023), nous disposons d’une dizaine de millions de fonds propres et nos équipes multiplient les prospections sur plusieurs projets à haut potentiel. Alors quand on nous dit que nous sommes à l’étalage, vous comprenez que ça nous hérisse le poil… », sourit le patron, inoxydable malgré ses 73 printemps.