Newsletter

Magazine

Inscription Newsletter

Abonnement Magazine

Moins de 20% des informaticiens belges sont des femmes

Moins d’un employé sur cinq dans le secteur belge des technologies de l’information est une femme. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par le prestataire de services RH Robert Half et des chiffres d’Eurostat. Pourtant, trois employées sur dix sont ouvertes à une réorientation de carrière vers l’informatique. Il est important de combler ce fossé entre les sexes », déclare Barbara Bourdeaud’hui, Senior Manager à la division Technologie de Robert Half.

Stimulée par de nouvelles innovations majeures telles que l’essor de l’intelligence artificielle (IA), la demande en talents informatiques croît rapidement. Mais dans le cadre de ces évolutions, le secteur est confronté à un double défi : la demande de personnel dépasse largement l’offre, et les femmes sont étonnamment sous-représentées dans le vivier de talents. En Belgique aussi, la présence des femmes dans l’informatique est limitée, avec seulement 17,2 % de l’ensemble des employés du secteur – juste en dessous de la moyenne européenne.

Bien que ces chiffres montrent une amélioration par rapport aux années précédentes, il y a encore de la place pour la croissance. « Notre étude montre que trois femmes sur dix (28,8 %) envisagent de s’orienter vers le secteur technologique », déclare Barbara Bourdeaud’hui, Senior Manager chez Robert Half Technology. « Cette situation met particulièrement en évidence la nécessité de mieux comprendre les raisons pour lesquelles les femmes sont encore sous-représentées. »

Causes possibles

Selon Robert Half, la cause réside principalement dans la persistance de stéréotypes liés au genre. Les femmes sont souvent découragées de faire carrière dans l’industrie parce qu’elles sont encore considérées comme moins compétentes ou moins intéressées ; un problème qui doit être résolu pour une plus grande égalité. « Les femmes sont découragées très tôt lorsqu’elles choisissent leur domaine d’études », estime Barbara Bourdeaud’hui.

Selon elle, cela explique pourquoi les filles et les femmes sont largement sous-représentées dans les filières STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). « Souvent, les jeunes et les parents pensent que les matières et les études en STEM, en particulier celles liées à l’informatique, conviennent mieux aux garçons en raison de l’accent mis sur les matières techniques », ajoute-t-elle.

Les femmes en informatique, une nécessité

L’augmentation du nombre de femmes dans le secteur des technologies de l’information est également une nécessité sociale, estime Ana Paula Assis, présidente et directrice générale d’IBM EMEA. La société informatique internationale vient de lancer une nouvelle enquête sur le leadership féminin à l’ère de l’IA. Plus qu’un simple exercice de diversité, l’augmentation du nombre de femmes occupant des postes de direction dans le domaine de l’IA est une nécessité qui aura un impact significatif sur le succès et l’avenir de cette technologie », estime Ana Paula Assis.

Ana Paula Assis
Ana Paula Assis

Dans l’enquête d’IBM, 73 % des chefs d’entreprise de la région EMEA estiment qu’il est important de renforcer le leadership féminin dans le secteur afin de réduire les préjugés sexistes dans l’IA (et la façon dont elle est formée pour analyser les données et distiller des réponses). Par ailleurs, 74 % d’entre eux estiment qu’il est important de veiller à ce que les avantages économiques de l’IA soient ressentis de manière égale dans la société.

Plus de femmes en STEM

De nombreuses initiatives sont nécessaires pour accroître la diversité des genres. Selon Robert Half, les changements ne doivent pas seulement concerner les femmes sur le lieu de travail, mais doivent intervenir à tous les niveaux : des employés à l’opinion publique, en passant par les entreprises et les hommes politiques. Tout commence à l’école, où l’enseignement devrait encourager plus activement les filles et les femmes confrontées à un choix d’études à s’intéresser aux filières STEM », déclare Barbara Bourdeaud’hui.

Les écoles jouent un rôle crucial dans la lutte contre les stéréotypes, car elles peuvent influencer les choix de carrière des femmes dès leur plus jeune âge. Il est important que les filles soient convaincues que les études et les carrières dans le domaine des STIM leur sont accessibles. Il est également essentiel que les entreprises et leur culture promeuvent un environnement inclusif et diversifié.

Efforts supplémentaires

Robert Half insiste également sur la nécessité d’identifier les compétences, à la fois les « hard skills » et les « soft skills » (et les « mad skills »), afin d’acquérir les connaissances nécessaires, indépendamment de tout stéréotype – même si les diplômes et les qualifications conservent toute leur valeur. Cela contribuera à diversifier le vivier de candidats et à donner aux femmes possédant les bonnes compétences la possibilité de réussir dans le secteur des technologies de l’information », souligne Barbara Bourdeaud’hui.

La spécialiste du recrutement souligne qu’il est également important de lutter contre les préjugés persistants auxquels sont confrontées les femmes dans le secteur technologique, car ils peuvent avoir un impact négatif sur leur carrière. Il est également essentiel de sensibiliser les femmes aux aspects positifs d’une carrière dans ce secteur.

Les quotas ne sont pas la réponse

« Il est essentiel de montrer aux femmes qu’elles peuvent apporter une contribution précieuse aux questions clés et aux innovations dans le secteur des technologies de l’information », conclut Barbara Bourdeaud’hui. « Elles complètent utilement le travail des hommes et ont le pouvoir de contribuer à façonner l’avenir ». Les modèles féminins jouent un rôle clé à cet égard, non seulement dans les écoles, mais aussi dans les médias et même dans la fiction.

« Il est donc plus que nécessaire de continuer à encourager et à soutenir ces femmes afin qu’un plus grand nombre d’entre elles aient envie de se faire une place dans le monde de l’informatique ». Enfin, Robert Half conseille aux entreprises de fixer des objectifs réalistes plutôt que des quotas stricts pour l’embauche de femmes. Le danger de fixer des quotas est que les femmes risquent de ne pas être pleinement reconnues, voire d’être sous-évaluées, parce qu’elles sont embauchées pour atteindre une certaine proportion de femmes.

A la une