En un an et demi, depuis juin 2023, Electra s’est imposé comme le numéro 1 de la recharge électrique rapide en Belgique. L’entreprise, d’origine française, compte désormais près de 450 points de recharge répartis sur une septantaine de stations et devance largement Allego et Tesla (et leurs quelque 300 points de recharge respectifs) sur le podium. Les clés de son succès? « Simplicité, ambition et audace », résume Louis-Charles Mosseray, directeur Benelux d’Electra.
Le modèle de l’entreprise se caractérise en effet par sa simplicité. Electra est un « pure player, qui ne fait qu’une chose mais le fait bien ». Elle propose de la recharge rapide 24/7 dans des endroits accessibles au public, parfois sur des terrains privés dont elle loue des emplacements. Avec des vitesses de charge atteignant 400 kW, les véhicules peuvent recharger de 20% à 80% en seulement 15 à 20 minutes. Le tarif est unique et compétitif: 64 centimes par kWh, en deçà des prix de la concurrence.
Une croissance de 400%
Electra a noué des partenariats avec des enseignes comme Delhaize, Quick, Burger King pour installer ses bornes sur leurs parkings car elle a la conviction que ce sont de bons emplacements pour ses clients. Ils peuvent en effet recharger leur véhicule pendant qu’ils mangent, font leurs courses ou passent par des sanitaires. Tout cela lui a permis d’atteindre une croissance de plus de 400% entre 2023 et 2024 en termes de points de recharge.
Et les aires des autoroutes dans tout ça?
La filiale du groupe français n’est par contre pas (encore?) présente sur les aires d’autoroutes belges. En Flandre, elle n’a pas répondu aux appels d’offre car les stations de recharge se trouvent souvent isolées, sur des aires de repos dédiées ne proposant pas de commerces ou de sanitaires. Tandis qu’en Wallonie, il n’y a pas encore eu d’appels d’offres et les seules stations de recharge disponibles sont exploitées par des pétroliers comme Shell ou TotalEnergies.
Electra n’entend d’ailleurs pas « s’éparpiller comme certains de nos concurrents » et ne pas dévier pas de sa trajectoire en proposant des produits annexes comme des solutions de recharge à domicile ou au bureau, illustre le patron belge, ingénieur de formation à l’UCLouvain. Selon Louis-Charles Mosseray, c’est grâce à ce focus maintenu sur la simplicité qu’Electra arrive à battre de grosses machines telles que TotalEnergies ou Q8.
Une vision à long terme
Le groupe français, présent dans neuf pays et pour qui la Belgique a été la première expérience à l’étranger, se distingue aussi par sa vision sur un temps long. Rentabiliser une station prend plusieurs années, le coût moyen étant tout de même de 500.000 euros par station. Cette vision à long terme permet à l’entreprise de prendre des décisions osées, comme lorsqu’elle a commandé une centaine de transformateurs à 150.000 euros/pièce au début de ses activités. Une façon de procéder qui lui permet d’installer une station dès que les permis ont été obtenus.
S’ajoute à cela l’expertise technique de l’entreprise, puisqu’elle développe elle-même les logiciels et le matériel de ses stations.
Vers le top 3 européen
Tout cela s’inscrit dans une ambition claire pour Electra: répliquer l’exemple de la Belgique et intégrer le top 3 européen. La société a pour objectif de mettre en place un réseau européen de 15.000 points de recharge rapide d’ici 2030, dont 1.500 (pour 250 stations) en Belgique. « Et on y arrivera bien avant chez nous », glisse Louis-Charles Mosseray.
Electra emploie 220 personnes, dont 18 en Belgique. Depuis sa création en 2021 par trois partenaires français, elle a levé 465 millions d’euros et obtenu également des subsides, notamment européens. En Belgique, elle peut compter sur 75 millions d’euros d’emprunts bancaires.