Forbes a établi le classement des dix plus grandes fortunes de Belgique. Cumulée, la fortune de ces deux femmes et huit hommes représente 35 milliards de dollars.
Le premier classement des milliardaires a été établi en 1918 par Bertie Charles « B.C. » Forbes lui-même. A l’époque, le baron du pétrole John D. Rockefeller occupait la tête du classement, affichant une fortune de 1,2 milliard de dollars ; l’équivalent de quelque 25 milliards de dollars aujourd’hui.
Depuis 1987, Forbes publie chaque année la liste actualisée des milliardaires du monde, exprimée en dollars américains. Cette liste est basée sur les actifs documentés (typiquement la valeur totale des actions des sociétés dans laquelle ils ont des participations) de chacun de ses membres, et tient également compte d’une autre série de facteurs, telle que leurs dettes. Cette valorisation est minutieusement préparée et examinée par une équipe de plus de 50 journalistes à travers le monde.
Les fluctuations des marchés financiers ont un impact important sur les valeurs boursières des sociétés, et par conséquent nos valorisations ; il est pour cela crucial de garder une image à jour des valeurs des actions. Afin de garantir une image correcte, une équipe d’analystes est responsable de mettre à jour ces valorisations jusqu’à un mois avant la publication du classement. Nous avons adopté des critères similaires pour établir la liste des dix plus grosses fortunes de Belgique. Le classement mondial classique de Forbes recense actuellement les mille personnes les plus riches du monde – qui ne comprend d’ailleurs que trois Belges.
Comme nous nous concentrons sur les individus et non les familles, il est important de souligner qu’il s’agit ici d’une sous-estimation. Ainsi, à l’exception d’Alexandre Van Damme, il n’y a aucune trace des autres actionnaires familiaux du géant brassicole AB InBev. Il en va de même pour le groupe Colruyt, Boël ou Janssen (UCB, Solvay).
Le nom de celui qui caracole en tête ne surprendra pas les habitués de la liste Forbes ; il s’agit d’Eric Wittouck, qui, avec un patrimoine de 8 milliards de dollars, est de loin le Belge le plus riche. L’ancien baron du sucre devance largement Nicolas D’Ieteren (3,6 milliards de dollars) et Fernand Huts (3,3 milliards de dollars), qui occupent la deuxième et troisième place du classement.
Quels enseignements tirer de ce classement belge ? Agé de 88 ans, le titre de doyen du classement revient à l’investisseur Pierre Van der Mersch. À l’autre extrémité de la pyramide des âges se trouve Fabien Pinckaers. À 45 ans, le fondateur, CEO et actionnaire principal de la société de logiciels Odoo est le plus jeune milliardaire du pays. L’âge moyen des membres est d’à peu près 66 ans.
La fortune cumulée des dix plus grosses fortunes du pays s’élève à plus de 35 milliards de dollars. Ces nombreux milliards leur attribuent un pouvoir qui n’est cependant pas exempt de responsabilités ; en contrôlant leurs entreprises, ils sont responsables de beaucoup d’emplois et de revenus de nombreuses familles. Ils règnent sur un large éventail de secteurs, allant de la technologie à la finance, en passant par la vente au détail. Ils se sont enrichis parfois grâce à l’innovation, à des investissements judicieux ou tout simplement à la chance. D’autres sont les héritiers de patrimoines qui circulent dans la famille depuis des générations. Toutefois, près de la moitié de ce classement est composée d’entrepreneurs qui ont bâti leur fortune eux-mêmes, grâce à leur sens des affaires et à leur persévérance. Le fruit de leur talent et labeur s’est traduit en entreprises florissantes, et les fortunes associées. « Le succès est une conséquence et non un but », écrivait déjà Gustave Flaubert.
Eric Wittouck
Âge : 77 ans
Patrimoine : 8 milliards de dollars
Source : investissements
Le titre de l’homme le plus riche du pays revient à Eric Wittouck, qui a fait fortune grâce au sucre et – ironie du sort – aux régimes alimentaires. Né en 1946, il est le fils d’André-Michel Wittouck et Hélène Sherbatow, une princesse d’origine russe qui a fui la révolution russe en 1920 avec ses parents.
Le sucre est une histoire de famille depuis des générations chez les Wittouck : Paul, le grand-père d’Eric, a ainsi fondé plusieurs raffineries de sucre avant d’acquérir celle de Tirlemont en 1894. Grâce à celle-ci, lui et son frère Frantz sont devenus rapidement l’un des plus grands producteurs de sucre du continent.
Une centaine d’années plus tard, Eric Wittouck, suite au décès de ses parents, prend dans les années 1980 le contrôle de la raffinerie avec plusieurs de ses cousins, dont Guy Ullens de Schooten Whettnall. Ils placeront le tout sous le contrôle de la holding luxembourgeoise Artal. En 1987, ils vendent Sucre de Tirlemont à la société allemande Südzucker, pour une somme colossale qui avoisine le milliard d’euros.
Avec le produit de la vente, ils prennent via Artal de nombreuses participations dans diverses entreprises. L’une des opérations les plus célèbres sera l’investissement massif en 1999 de près de 735 millions d’euros dans la société américaine de produits diététiques WW International, mieux connue sous le nom de Weight Watchers, rachetée au célèbre fabricant américain de ketchup H.J. Heinz.
Dans les années 2000, Wittouck rachète les parts d’Artal à ses cousins, pour en devenir le seul actionnaire et propriétaire.
Weight Watchers connaît ensuite une métamorphose sous le contrôle de Wittouck, qui se verra transformer l’entreprise quelque peu moribonde en une société dédiée à l’alimentation saine et au changement de mode de vie. Pour promouvoir davantage cette nouvelle orientation, il s’associe à la très populaire star de la télévision américaine Oprah Winfrey, qui reçoit une participation de 10% pour ses services précieux. Grâce à leur collaboration, l’entreprise connaîtra rapidement une croissance exponentielle, ne cessant de multiplier sa valeur. Wittouck restera via Artal l’actionnaire majoritaire de WW International jusqu’en 2018, quand il a commencera à vendre ses actions de la société au fil des années, avant de se retirer complètement de WW International en 2023.
A côté de Weight Watchers, Artal possède ou a possédé des participations dans des entreprises de renommée mondiale telles qu’Alibaba, Apple, Goldman Sachs, Google, IBM, LinkedIn et Wells Fargo. Artal aurait distribué plus de 2 milliards d’euros de dividendes en 2022, quoique Wittouck lui-même dément ceci. Cette somme s’ajoute au bonus de 2,5 milliards d’euros perçu sur la vente de sa participation dans Blue Buffalo Pet, une société d’aliments biologiques pour chiens.
Parallèlement, il continue d’investir de façon très diversifiée. Ainsi, il a acheté des actions de Jumbotail, l’un des plus grands grossistes digitaux indiens en produits alimentaires et d’épicerie. Eric Wittouck a également investi il y a peu dans plusieurs entreprises de biotechnologie, et a via la société américaine Meow Wolf acquis des participations dans le domaine de la high-tech immersive.
Niveau vie privée, Wittouck épouse en 1979 Brigitte Waiwir, avec qui il a cinq enfants. Ce premier mariage se terminera en 2001, quand le couple divorce. En 2014, Wittouck épouse en secondes noces la Japonaise Mayu Amano, directrice de The High Life Monaco, une agence événementielle active dans le secteur caritatif au Japon et à Monaco. Le couple vit d’ailleurs dans la Principauté. Eric Wittouck est une personnalité très discrète, qui aime vivre loin des projecteurs. Il est un philanthrope qui fait des donations importantes à de nombreuses œuvres caritatives. Là aussi, il aime procéder de façon discrète.
Nicolas D’Ieteren
Âge : 49 ans
Patrimoine : 3,69 milliards de dollars
Source : automobile – distribution
Nicolas D’Ieteren est l’héritier, le principal actionnaire et l’actuel président du conseil d’administration du groupe D’Ieteren.
C’est Jean-Joseph D’Ieteren, un aïeul de Nicolas D’Ieteren, qui a fondé en 1805 la société D’Ieteren, qui à l’époque était un constructeur de carrosses, et le fournisseur officiel de la cour. C’est presque 150 ans plus tard, après la deuxième guerre mondiale, que la société D’Ieteren commencera l’activité pour laquelle elle est connue aujourd’hui : Pierre D’Ieteren, le grand-père de Nicolas, conclut un marché avec la marque allemande Volkswagen pour en devenir l’importateur et distributeur exclusif en Belgique, un deal qui tient toujours. Entre-temps, le groupe Volkswagen est devenu le plus grand constructeur automobile au monde, ayant acquis au fil des années des marques telles que Audi, Porsche, Skoda, Seat, Bentley, Lamborghini ou Bugatti. D’Ieteren est également l’importateur exclusif de celles-ci en Belgique.
Hormis l’import de véhicules, D’Ieteren Group, la holding familiale qui détient entre autres D’Ieteren Auto, investit également dans de nombreuses autres entreprises. Ainsi, dans les années 1980, D’ieteren Group a acquis des participations dans la société de location de voitures Avis Europe, avant de revendre en 2002 la totalité de ses parts à la maison mère américaine pour 415 millions d’euros.
En 1999, D’ieteren se diversifiera encore, en acquérant des parts dans Belron, le leader mondial de la réparation de vitres de voitures, qui est mieux connu sous le nom commercial de Carglass. Au fur et à mesure, le group achètera de plus en plus d’actions Belron, jusqu’à posséder plus de 90% de l’entreprise. En 2018, D’Ieteren vend 40% de Belron à une société d’investissements internationale (mais reste actionnaire majoritaire avec à peu près 54% des actions détenues par le groupe).
En 2016, le groupe D’Ieteren a acheté 41% des parts de Moleskine Srl, un manufacteur italien de carnets de note. Rapidement, ils ont lancé une offre publique obligatoire sur le restant des actions de l’entreprise, ce qui leur a permis de franchir la barre des 95% d’actions détenues, leur permettant ensuite d’effectuer un squeeze out, pour obtenir le contrôle total de Moleskine.
La dernière acquisition importante de D’Ieteren Group est dans le groupe TVH, où ils sont devenus propriétaires en 2021 de 40% de TVH Parts pour environ 1,2 milliard d’euros, la division pièces détachées de la société Thermote & Vanhalst, qui se spécialise dans les chariots élévateurs et les machines industrielles, agricoles et de construction.
Après avoir été diplômé en finance et management à l’université de Londres, Nicolas D’Ieteren a commencé sa carrière en gérant des projets chez Bentley Allemagne et Porsche Autriche. Il a également été directeur financier d’une division de Total UK jusqu’en 2005. Depuis 2005, il est directeur général d’un fonds d’investissement privé qui investit dans de jeunes entreprises.
C’est en 2017 que Nicolas D’Ieteren deviendra finalement président du conseil d’administration de D’Ieteren Group, succédant à son légendaire père Roland D’Ieteren, qui avait été à la tête du groupe pendant 42 ans. Roland D’Ieteren décèdera en 2020 aux suites du coronavirus, âgé de 78 ans. Son père à lui ayant tissé les premiers liens avec Volkswagen, Roland était un ami notoire de Ferdinand Piëch, l’ancien président du groupe Volkswagen.
Nicolas contrôle depuis sa nomination environ 32% des actions du groupe familial, soit quelque 2,7 milliards d’euros. Il contrôle sa participation par l’intermédiaire de Nayarit Participations, une filiale de la holding familiale Tepic Invest. Tepic porte le nom de la ville mexicaine où Roland D’Ieteren avait commencé sa carrière au sein de Volkswagen.
Grand amateur de voitures, Nicolas D’Ieteren adore rouler en course avec les voitures ancêtres de sa collection privée, notamment avec des emblématiques Porsche de collection. La collection privée des D’Ieteren est visible dans leur musée personnel à la D’Ieteren Gallery à la rue du Mail à Ixelles, qui est depuis la fin des années 1960 le siège physique de D’Ieteren.
Fernand Huts
Âge : 74 ans
Patrimoine : 3,3 milliards de dollars
Source : logistique
Né dans une famille aux racines fermement ancrées dans l’agriculture de la Hesbaye, Fernand Huts a très tôt montré un intérêt pour le monde au-delà des champs de la ferme familiale. Son grand-père, ayant déménagé à Anvers dans les années 30, a posé les premières pierres de ce qui allait devenir une tradition familiale d’entrepreneuriat, en devenant le patron de la Trouwnatie. C’est dans ce contexte familial que Fernand a grandi, y apprenant notamment les rudiments des affaires et du commerce.
Après avoir suivi ses études secondaires au collège Sint-Jan Berchmans à Anvers, Fernand a déménagé à Louvain pour y étudier le droit à l’Université Catholique de Louvain.
Le parcours professionnel de Fernand Huts a commencé dans l’industrie sidérurgique à Eeklo, mais c’est la fondation de sa première entreprise, Het Veldboerke, spécialisée dans les produits biologiques, qui a marqué le début de son aventure entrepreneuriale. Bien que cette première tentative ait pris fin, ce n’était que le début d’une série d’entreprises fructueuses.
En 1981, Huts a rejoint Katoen Natie, entreprise familiale à l’époque composée d’une centaine d’employés. Avec Huts à la tête, l’entreprise a connu une croissance exponentielle autant organique que par fusion et acquisitions, caractérisée par une diversification prudente et une expansion géographique, avec des opérations s’étendant désormais sur les cinq continents.
Il a ainsi entrepris une série d’acquisitions stratégiques qui ont transformé Katoen Natie en une puissance logistique globale. Par exemple, l’acquisition de Seaport Terminals en 1986 a marqué l’entrée de l’entreprise dans le secteur de la manutention portuaire, élargissant considérablement son champ d’action.
En 2015, un jalon majeur a été atteint avec l’acquisition de 100% d’Indaver, un leader dans le traitement des déchets, démontrant l’engagement de Katoen Natie envers la durabilité et l’innovation dans la gestion des ressources. Sous la direction de Fernand Huts, Katoen Natie est devenue une entreprise valorisée à plusieurs milliards d’euros, employant des milliers de personnes à travers le monde et offrant une gamme diversifiée de services logistiques, de la manutention de produits chimiques aux solutions pour le secteur de l’art.
Fernand Huts n’est pas seulement reconnu pour ses succès commerciaux. Élu manager de l’année en 1987 par le magazine Trends pour ses approches non conventionnelles de la gestion, il a également marqué les esprits par ses positions fortes sur la culture d’entreprise et le leadership.
Au-delà de ses activités commerciales, Huts a tenté une incursion dans la politique en 1995, apportant son esprit d’entreprise au VLD, avant de se retirer du parti en 1999 pour se concentrer pleinement sur ses affaires. Il est également l’auteur de cinq livres, qui explorent souvent les thèmes de l’histoire et du patrimoine culturel, dont il est passionné. Cette passion pour l’art va bien au-delà d’un simple hobby; c’est une véritable vocation qui l’a conduit à devenir l’un des mécènes les plus influents de Belgique. Sa collection personnelle comprend des œuvres d’art historiques et contemporaines, reflétant son intérêt profond pour l’histoire et la culture. Par le biais de la fondation qu’il a créée, Huts soutient activement les institutions artistiques et culturelles, finance des expositions d’importance nationale et internationale, et participe à la conservation du patrimoine artistique belge.
Résidant maintenant principalement dans son domaine ‘Updown House’ en Angleterre, Huts vit une vie entre la gestion de son empire et sa vie personnelle, aux côtés de sa femme et de ses fils.
Dernier fait d’armes de Fernand Huts : l’achat du squelette d’un tyrannosaure rex de près de quatre mètres de haut, baptisé Trinity.
Alexandre Van Damme
Âge : 62 ans
Patrimoine : 3,3 milliards de dollars
Source : bière – investissements
Alexandre Van Damme, né en 1962 en Belgique, est un magnat de l’industrie brassicole et l’un des principaux héritiers du fleuron national qu’est le géant de la bière AB Inbev. C’est sous la supervision de Van Damme que la société familiale est devenue la multinationale qu’elle est aujourd’hui.
Après ses études en gestion à la Solvay Business School, son parcours professionnel commence dans la société familiale, gérée par son grand-père. Le grand-père d’Alexandre, Albert Van Damme, était à la tête de la brasserie Piedboeuf, qui brassait notamment la Jupiler très connue. En 1988, les brasseries Piedboeuf et Artois ont été fusionnées pour former le groupe Interbrew, dont Alexandre Van Damme deviendra gestionnaire en 1992. En 2004, sous la direction de Van Damme, Interbrew fusionnera à nouveau, cette fois-ci avec la société brésilienne AmBev. Ainsi naît Inbev, qui sera le plus grand brasseur du monde après cette fusion. C’est en 2008, après l’acquisition du groupe américain Anheuser-Busch pour 52 milliards de dollars, que le nom AB Inbev voit le jour. AB Inbev, entre-temps de loin le plus grand brasseur du monde, voit sa valorisation boursière grandir exponentiellement, jusqu’à passer le cap des 160 milliards de dollars en 2019. Compte tenu de ses participations importantes dans le groupe, Alexandre Van Damme est alors de loin l’homme le plus riche de Belgique.
C’est la pandémie Covid-19 qui a frappé de plein fouet le géant AB Inbev. Une absence colossale de commandes de bière fait chuter les opérations du groupe, entraînant avec elle la valorisation boursière d’AB Inbev. En six mois de temps, l’action perdra plus de 60% de sa valeur, passant ainsi de 90 euros à 38 euros en mars 2020. Celle-ci se stabilisera pour fluctuer entre 50 et 60 euros depuis lors, ne dépassant plus le cap des 65 euros en 4 ans. Cette claque financière pour le groupe se répercute évidemment sur ses actionnaires, dont Alexandre Van Damme est le plus important. Sa fortune s’en verra significativement amoindrie.
A côté de son rôle dans AB Inbev, Alexandre Van Damme a diversifié ses intérêts dans d’autres secteurs, notamment en investissant dans la chaîne de restauration rapide Burger King et dans la société d’investissement belge Ackermans & van Haaren. Ces décisions d’investissement ont renforcé sa réputation d’investisseur clairvoyant, capable de détecter et de capitaliser sur les opportunités d’affaires à travers diverses industries.
Outre ses succès en affaires, Alexandre Van Damme est également reconnu pour sa contribution significative au domaine de l’art et de la culture en Belgique. Il investit dans la restauration de monuments historiques et le soutien aux musées, affirmant ainsi son engagement envers la préservation du patrimoine culturel belge.
Sur le plan personnel, Alexandre Van Damme est, paradoxalement, très connu pour sa discrétion et son engagement philanthropique. Il vit loin des regards à Chéserex, en Suisse.
Gérald Frère
Âge : 72 ans
Patrimoine : 3,2 milliards de dollars
Source : investissements
Gérald Frère est le fils de Nelly Depoplimont et de feu Albert Frère, qui a longtemps eu la réputation d’être le Belge le plus fortuné. Il est depuis la fin de ses études actif au sein des holdings d’investissements familiales, à savoir la CNP (Compagnie Nationale à Portefeuille) et GBL (Group Bruxelles Lambert).
Sous sa direction, GBL a connu une croissance remarquable, avec une capitalisation boursière qui a atteint environ 15 milliards d’euros en 2023. Le portefeuille de GBL, diversifié et stratégiquement constitué, englobe des participations significatives dans des secteurs clés tels que l’énergie, l’industrie, et les services financiers, incluant des entreprises de renom comme TotalEnergies et Pernod Ricard.
En plus de ses fonctions dans GBL, Gérald Frère occupe ou a occupé des postes d’administrateur chez Loverval Finance, Stichting Administratiekantoor Bierlaire, Domaines Frère-Bourgeois, Suez-Tractebel, Royale Belge, Pernod Ricard et RTL Group. Il a aussi été régent à la Banque nationale de Belgique. Après le décès d’Albert Frère, en 2018, la holding familiale Frère-Bourgeois a été divisée entre Gérald et Ségolène. Gérald s’est alors vu attribuer 75% du contrôle de NPM et 25% de GBL, et sa sœur Ségolène, l’inverse.
Catheline Perier D’Ieteren
Âge : 80 ans
Patrimoine : 3,08 milliards de dollars
Source : automobile – distribution
Catheline Perrier-D’Ieteren, est la sœur de Roland D’Ieteren et est héritière du groupe de distribution de voitures D’Ieteren, côte à côte avec son neveu Nicolas, qui figure à la deuxième place de ce classement. La famille Perier-D’Ieteren contrôle environ 25% du groupe à travers un holding familial, SPDG.
Licenciée en histoire de l’art et en archéologie de l’Université libre de Bruxelles (ULB) en 1968, elle a commencé sa carrière académique au Musée de Mariemont comme secrétaire adjointe. Professeure à l’Université francophone de Bruxelles (ULB), elle a acquis une renommée académique internationale en tant qu’experte en restauration et conservation d’œuvres d’art. Elle a également siégé dans de nombreux conseils scientifiques pour la restauration et la conservation d’œuvres d’art célèbres. En 1981, elle a obtenu un doctorat en philosophie et en littérature.
Catheline Perier-D’Ieteren a entre autres enseigné la technologie des arts visuels, la peinture flamande et européenne du 17e siècle, la théorie et l’histoire de la conservation et de la restauration. Elle a fondé la revue Annales d’histoire de l’art et d’archéologie à l’ULB en 1979 ainsi que le Centre de recherche et d’études technologiques en arts plastiques (CRETAP) en 1989.
Catheline Perrier-D’Ieteren s’est distinguée par son engagement dans le domaine de la culture et de l’art. Passionnée par la préservation du patrimoine, elle a joué un rôle actif dans diverses fondations et institutions culturelles, contribuant significativement à la sauvegarde et à la promotion des arts en Belgique. Avec son mari Maurice Périer, elle a créé la Fondation Périer-D’Ieteren, dont leur fils Olivier – architecte et vice-président de D’Ieteren – est également administrateur et par laquelle elle entend aider les personnes défavorisées. Le but est également de financer la recherche scientifique.
Theo Roussis
Âge : 70 ans
Patrimoine : 3 milliards de dollars
Source : plastique
Theodoros (Theo) Roussis est un entrepreneur et dirigeant belgo-grec. De 1993 à 2023, il a dirigé la multinationale de matières plastiques Ravago à Arendonk. Fils de négociants en olives, Theo Roussis a étudié la biochimie et s’est vite trouvé une passion pour le plastique. Roussis a épousé peu après ses études Gunhilde Van Gorp, fille de Raf Van Gorp, fondateur de Ravago.
Suite au décès de son beau-père en 1993, Theo Roussis a pris la tête de l’entreprise familiale. Sous sa tutelle, l’entreprise est devenue un acteur mondial dans le domaine du recyclage du plastique, de la production d’objets en plastique et du commerce de granulés de plastique. Ravago rachètera en 2006 US Muehlstein, le cinquième recycleur de plastique au monde, pour devenir le leader mondial indisputé de son secteur.
A côté de Ravago, la famille Roussis-Van Gorp est le plus grand actionnaire privé de la compagnie de bancassurance KBC, possédant environ 1% des actions. Roussis investit également dans des société d’investissement privé telles que Pentahold et Asphales, qui détenait entre autres des participations dans Fortis.
Depuis 2023, Roussis a cédé les rênes à son fils, qui a pris le contrôle de l’entreprise. Roussis vit une vie discrète et n’aime pas l’attention publique.
Ségolène Frère – Gallienne
Âge : 46 ans
Patrimoine : 3 milliards de dollars
Source : investissements
Ségolène Frère est la fille de feu Albert Frère et de sa seconde épouse, feu Christine Hennuy. Le frère de Ségolène, Gérald, fils du premier mariage d’Albert Frère, figure en quatrième place du classement. Ensemble, ils sont les héritiers principaux de la fortune colossale d’Albert Frère.
Après le décès de ce dernier en 2018, la holding familiale Frère-Bourgeois a été divisée entre Gérald et Ségolène. Ce faisant, Gérald s’est vu attribuer 75% du contrôle de NPM et 25% de GBL, et la branche de Ségolène, l’inverse. Elle et son mari ont créé un nouveau bureau de gestion de patrimoine, FG Bros, qui compte déjà une quinzaine de participations, notamment dans une maison de champagne et une marque de cosmétiques.
Le mari de Ségolène, Ian Gallienne, est le fils d’un industriel français et d’une mère espagnole. En 2005, Ian Gallienne s’est vu confier la gestion du fonds de capital-risque Ergon, avant de devenir administrateur délégué de la holding GBL.
Ségolène Frère est depuis longtemps active dans le monde de la mode et du luxe. Elle siège au conseil d’administration de la holding de la famille Arnault, qui contrôle LVMH.
Pierre Van Der Mersch
Âge : 88 ans
Patrimoine : 2,2 milliards de dollars
Source : investissements
Pierre Van Der Mersch, souvent surnommé le Warren Buffett belge, est un homme d’affaires qui investit notamment dans le capital-risque et les actifs privés via sa société d’investissements Brederode.
Initialement, Van Der Mersch avait acheté l’Auxiliaire des Mines, une ancienne holding charbonnière, en 1970. Il a ensuite utilisé celle-ci comme levier financier pour constituer un portefeuille très diversifié d’actions, cotées et non cotées. Van Der Mersch a le flair de déceler des entreprises sous-évaluées dont les perspectives de rentabilité et de croissance sont prometteuses.
Sous sa gestion, Brederode a investi dans une variété de secteurs, allant de la technologie à l’énergie, en passant par la santé, ce qui a permis à l’entreprise d’afficher une capitalisation boursière impressionnante de plus de 2 milliards d’euros en 2023. La stratégie d’investissement de Van Der Mersch, axée sur la diversification et la sélection rigoureuse de projets à fort potentiel de croissance, a été la clé de ce succès financier.
La gestion quotidienne de Brederode a été confiée en 2006 à son fils Axel et à son gendre Luigi Santambrogio. Ce dernier est actuellement le seul directeur général de la holding.
Fabien Pinckaers
Âge : 45 ans
Patrimoine : 2 milliards de dollars
Source : technologie – TIC
Fabien Pinckaers est parfois qualifié de Steve Jobs wallon. Fils d’un antiquaire, il étudie l’ingénierie civile et l’informatique à l’UCLouvain. Pendant ses études, il crée la société TinyERP, qui deviendra plus tard Odoo, une société qui crée des ERP open-source, majoritairement pour les PME.
En 2021, Odoo deviendra la première entreprise wallonne de l’histoire à atteindre le statut de licorne, c’est-à-dire une entreprise évaluée à plus d’1 milliard d’euros. Odoo est sous le contrôle de Pinckaers devenue l’une des plus grandes sociétés d’applications commerciales au monde et compte entre-temps plus de 11 millions de clients. En 2021, il a été désigné personnalité de l’année dans le domaine des TIC par le magazine Data News, une année après que le magazine Trends-Tendances lui a décerné le titre de Manager de l’année.
Aujourd’hui, Fabien Pinckaers contrôle toujours 55% de l’entreprise, ce qui lui vaut une entrée dans ce classement.
Illustrations : Mathilde Manka