Situé à Vila do Conde au Portugal, le Lince Santa Clara toise, sur son piton rocheux qui surplombe la ville, le fleuve Ave et son estuaire ouvrant sur l’océan Atlantique. Il est le résultat de la réhabilitation longue et complexe du vaste monastère de Santa Clara, fort de 700 ans d’histoire.
On doit la construction des murs initiaux, lancée dès 1318, à Don Afonso Sanches, le fils illégitime du roi Don Dinis, qui le destina à accueillir un couvent pour l’Ordre des Clarisses. Mais l’imposant bâtiment actuel qui se détache dans le paysage de Vila de Conde est surtout une construction du 18e siècle. Après la progressive disparition des ordres religieux au 19e siècle, le couvent hébergea ensuite, durant plus de 100 ans et jusqu’en 2007, une maison de correction pour mineurs et un centre éducatif. Fermé à double tour et endormi depuis près de 20 ans, il attendait une nouvelle affectation.
Usufruit de 50 ans au moins
Après la signature en 2018 d’une concession (rénovation et gestion) de 50 ans accordée dans le cadre du programme national Revive (réhabilitation des bâtiments publics historiques) au groupe portugais Arliz par l’Etat, propriétaire des lieux, il a encore fallu six ans pour que, le 22 mars dernier, le Lince Santa Clara rouvre enfin ses portes remarquablement rénovées au terme de travaux qui auront coûté près de 20 millions d’euros.
L’hôtel cinq étoiles qui vient de vivre sa première haute saison touristique offre aujourd’hui 76 chambres et 11 suites, parmi lesquelles se distinguent notamment les vastes mansardes situées au sommet du bâtiment, dont certaines offrent une vue panoramique sur le fleuve, la ville voire l’océan tout proche. En tout, le complexe positionné très haut de gamme décline sept niveaux, dont trois en sous-sol. Le prix des chambres oscille pour l’instant entre 300 et 800 euros, selon les saisons et le type.
Restaurants, piscines et jardins
Passée la lourde porte d’entrée, l’atrium de la réception ouvre sur le vaste bar Abadessa, avec ses salons voûtés magnifiquement décorés et éclairés. Suit un espace boutique et le grand restaurant principal, le Mosteiro, ouvrant sur un jardin intérieur minéral. La carte en a été confiée à la jeune cheffe Júlia Oliveira qui y propose une cuisine inspirée de la gastronomie portugaise traditionnelle mer et terre.
Des fenêtres du restaurant, la vue peut plonger sur la ville ou sur le magnifique jardin suspendu, blotti derrière le mur d’enceinte, avec sa piscine extérieure à débordement, son bar Arcos et l’Aqueduct Wellness & Spa, sous enseigne Sisley, dont le vaste bassin intérieur en pierre du pays est lui aussi remarquable.
Au sous-sol est logé le restaurant gastronomique Oculto, dont la carte a été confiée au chef Vítor Matos, le plus primé par le guide Michelin début 2024 (trois étoiles et déjà six restaurants sous sa tutelle gastronomique). Certains espaces voisins où sont notamment logés la cave à vin et un centre d’interprétation, d’exposition et de séminaires ont été découverts et remarquablement aménagés lors de travaux d’excavation et de fouilles riches en découvertes imprévisibles menées par le maître d’ouvrage, le groupe Arliz.
« Arliz mixe qualité et rentabilité du bâti, la seule façon de croître de manière solide et avec de la valeur ajoutée »
Arliz Group, le nouveau maître des lieux
Le groupe de promotion immobilière et de construction Arliz, dont le siège social se trouve à Braga (parc industriel de Celeirós), est rapidement devenu une référence du secteur dans le nord du Portugal. Son PDG, Domingos Correia, a créé l’entreprise au début du 20e siècle et est le principal artisan de la réhabilitation du monastère de Santa Clara. Aujourd’hui, celui-ci pilote 14 entreprises (sept marques), comptant près de 450 employés et présentes sur le continent, dans les Açores, en Angola et au Mozambique. En couplant notamment les secteurs de la construction, de l’immobilier et de l’hôtellerie, Arliz mixe qualité et rentabilité du bâti, « la seule façon de croître de manière solide et avec de la valeur ajoutée », considère son patron, également actif dans le secteur des assurances, des parkings, l’exploration des parcs souterrains ou la métallurgie.
Après avoir mis toute cette expertise croisée dans la reconversion de l’emblématique monastère Santa Clara en unité hôtelière de luxe, ce dernier envisage d’étendre encore le réseau de l’enseigne familiale The Lince, avec l’ambition d’ouvrir une nouvelle adresse haut de gamme chaque année, notamment à Funchal (Madère), Porto, Lisbonne, Braga et en Algarve. L’intégration récente d’une usine de construction métallique, focalisée sur l’exportation vers les marchés européens pour l’instant, vient compléter le canif suisse du groupe.