Newsletter

Magazine

Inscription Newsletter

Abonnement Magazine

Le jour où Lorenz Bogaert s’est posé la question

« Pourquoi ne démissionnez-vous pas de votre poste de CEO de Netlog ? »

« Habituellement, c’est moi qui pose les questions. Il n’est donc pas facile pour moi de déterminer quelle est la question la plus importante qu’on m’ait posée dans ma carrière. Cependant, il y en a une qui m’a énormément perturbé et que je n’oublierai jamais. En 2009, nous avons organisé un événement chez Netlog. Facebook et d’autres concurrents lorgnaient notre société. Ça faisait longtemps que nous les voyions venir, mais le monde extérieur découvrait à peine ces nouveaux adversaires. Un des participants m’a demandé pourquoi je ne me retirais pas pour laisser un manager professionnel prendre la tête de Netlog. »

« C’était une question difficile. La personne qui l’avait posée, n’étant pas actionnaire, ne se trouvait pas en position de demander ma démission. Le truc, c’est que je ne parvenais pas à dénicher un successeur. Je me suis souvent demandé : tu t’arrêteras quand ? Car céder la place à quelqu’un d’autre peut augmenter les chances de succès. Mais j’ai un peu traîné… jusqu’à ce que Netlog ne représente plus un challenge pour les cadres supérieurs. »

« Rester trop longtemps, c’est une erreur classique commise par les fondateurs. Comme un lapin dans son terrier, on s’enfonce de plus en plus, persuadé d’être irremplaçable. Ensuite, céder la place devient extrêmement difficile. C’est à vous que les investisseurs accordent leur confiance. Mais quand lâcher prise ? Difficile à dire. Le passage à une gestion professionnelle peut se révéler compliqué, car il faut trouver la bonne personne au bon moment : quelqu’un de meilleur que vous pour votre entreprise. Ce n’est pas une mince affaire. »

« Quelles questions est-ce que je pose fréquemment aux autres ? Je leur demande  d’où ils viennent, quelle est la profession de leurs parents et comment était leur enfance. Par exemple, au sein de notre studio de start-up StarApps, je pose ces questions aux gens qui se présentent comme cofondateurs d’une nouvelle start-up. Avant de m’associer avec eux, je veux connaître leur passé, leurs motivations, le sens qu’ils attribuent à leur travail. Car le milieu dont on vient influe énormément sur la personnalité, l’ambition et la persévérance. Leur parcours est donc crucial pour évaluer leur aptitude à entreprendre. Dès le premier entretien, j’explore des sujets très personnels, convaincu que mon propre passé a joué un rôle crucial dans ma conception de l’entreprenariat, et explique en partie pourquoi j’ai suivi cette voie. Avocat engagé en politique, mon père était souvent absent. J’ai travaillé très dur pour prouver à tout le monde de quoi j’étais capable. Aujourd’hui, j’ai dépassé cette phase. »

Portrait de Lorenz Bogaert

  • Serial entrepreneur et investisseur dans le domaine de la technologie.
  • Âge : 47 ans
  • Il se consacre actuellement au studio de start-up gantois StarApps, où il collabore avec de jeunes entrepreneurs pour raconter de nouvelles histoires en lien avec la technologie.

A la une