Alors que le salon de la construction et de la rénovation Batibouw vient de s’achever, Rudi Janssens et Nicolas Parmentier, deux Belges expatriés dans le sud-est de la France, partagent leurs points de vue et leur expérience de la clientèle noir-jaune-rouge dans ce beau coin de l’Hexagone où l’on croise régulièrement des plaques d’immatriculation rouges et blanches. Trois mots-clés en ressortent: appréciation, accessibilité et brique dans le ventre.
Selon une étude récente, le Belge est le principal acheteur de nationalité étrangère en France, en particulier dans la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). C’est bien connu, il a la
brique dans le ventre et est féru d’
immobilier. Et cela se ressent dans sa manière de faire des affaires, selon
Rudi Janssens, le fondateur et directeur du groupe d’agences
Janssens Immobilier Knight Frank, qu’il a créé il y a 25 ans. « Ce sont des clients très appréciés par les Français parce que ce sont des gens qui ont une brique dans le ventre et sont moins compliqués dans la prise de décision. On aime le beau et des habitations qui ont de plus en plus un niveau de confort élevé. »
En un quart de siècle, il y a eu une véritable évolution en la matière, perçoit celui qui est à la tête de 12 agences réparties entre le pied du Mont-Ventoux et Saint-Tropez. « Avant le client cherchait une petite maison de campagne, sans nécessairement trop de confort. Aujourd’hui, il faut que sa maison ait moins le même niveau, élevé, de confort que la sienne. Les Belges ont apporté leur signature sur ce marché. Ils sont très forts dans le design, dans les intérieurs, dans les décorations. Ils sont reconnus pour leur appréciation plus contemporaine, et parfois plus scandinave, des intérieurs, tout en gardant et préservant l’authenticité et le cachet des maisons. »
L’accessibilité, un marqueur essentiel
Lorsqu’il souhaite investir dans l’immobilier, pourquoi le Belge privilégie-t-il particulièrement cette partie-là de la France ? « Pour son accessibilité », répond Rudi Janssens. La Provence se trouve à à peine 1.000 km de Bruxelles, ce qui a été particulièrement important durant la période du Covid-19. Elle est aussi très bien desservie en TGV et même en avion. « Cette proximité, cette sensibilité contribue énormément à cette attraction », estime l’agent immobilier.
Ce marqueur est essentiel, confirme Nicolas Parmentier, un Belge spécialisé dans la vente de domaines agricoles et viticoles, du style mas ou bastide, au sein de l’agence Janssens Immobilier. « On a des clients francophiles – et c’est important car il y a moins de pédagogie à faire en amont – qui veulent pouvoir venir régulièrement et qui ont pour la plupart encore des activités professionnelles assez prenantes. Ce facteur va jouer, va être important. Sans cela, on aura plus de mal à vendre. »
Et justement, que cherche le client belge en Provence ? Il veut tout d’abord une proximité avec un village qui vit et où il pourra s’intégrer facilement. Il lui faut évidemment une piscine, mais la grandeur des jardins a par contre tendance à se réduire avec le temps, car cela pèse aussi sur le coût de l’entretien de la propriété, d’après l’expérience de Rudi Janssens.
Rassembler famille et amis
En termes de propriété, le client noir-jaune-rouge est friand d’une villa provençale classique, en pierres naturelles, avec, donc, des prestations modernes pour son intérieur. D’autres convoitent plutôt de véritables domaines, tels que des mas ou des bastides, où ils rêvent par exemple de cultiver des vignes ou d’y produire de l’huile d’olive. Le point commun est qu’ils doivent pouvoir y rassembler famille et amis.
« Les clients qui cherchent à acquérir ce type de biens sont des entrepreneurs qui ont bien réussi ou qui arrivent en fin de carrière », glisse Nicolas Parmentier. « Et ce qui est surprenant avec eux, c’est qu’ils ont posé des choix hyper millimétrés durant leur carrière alors que lorsqu’ils décident d’acquérir un vignoble, c’est alors un achat de pur plaisir, où la dimension ‘coup de coeur’ est prépondérante. Ils souhaitent aussi pouvoir accueillir leurs proches. À presque chaque transaction, cet aspect familial joue un rôle important. »
Et les prix dans tout ça?
Ils vont de 7.000 jusqu’à 10.000 voire 15 .000 euros par mètre carré en Provence, et cela peut aller jusqu’à 30.000 euros du côté de Saint-Tropez. Pour les domaines, on parle de budgets à partir de 2-3 millions d’euros, jusqu’à 5, voire 10 millions d’euros.
La clientèle a dès lors un pouvoir d’achat élevé et est plutôt flamande, en particulier des régions de Gand et d’Anvers, ou du sud de Bruxelles (Uccle et la périphérie sud de la capitale). Les Wallons sont moins présents qu’auparavant et la tendance va vers la parité entre les deux communautés linguistiques.