Éditeurs de renom, galeries internationales, artistes en résidence : c’est la triade de ces trois journées qui offrent lithographies, gravures, sérigraphies, estampes, photographies, céramiques ou illustrations en séries limitées.
Créée en 2020, la LEAF 2025 présente une nouveauté : B2, les éditions de la Fondation Boghossian : “B” pour Boghossian, “2” pour la relation avec l’artiste. Pour ce lancement, trois artistes invitées ont conçu des œuvres originales, lithographies et impressions au jet d’encre, au format B2 (50 x 70,7 cm). Chaque année, 4 séries d’édition seront proposées en 50 exemplaires. « La LEAF a été créée pour offrir une plateforme à nos artistes en résidence, plus de 400 en neuf ans, explique Louma Salamé, directrice de la Fondation Boghossian. D’anciens résidents participent donc à ces éditions et, dans une économie circulaire, tous les bénéfices iront à ce programme. »
Chaque année, les participants sont différents, qu’il s’agisse de galeries confirmées ou de jeunes institutions. Pour cette édition, on retrouve Almine Rech Editions, créée par Almine Rech (la compagne de Bernard Picasso), qui possède 9 galeries sur trois continents dont une à Bruxelles, l’Atelier Michael Woolworth, l’éditeur américain de Paris, le Centre de la Gravure et de l’image imprimée à la Louvière dirigé par Christophe Veys, et notamment les galeries bruxelloises La peau de l’ours (Thomas Ghaye) et Lee-Bauwens (remarquable galerie du duo Gil Bauwens-Minyoung Lee, qui marie l’Asie et l’Occident). Chaque édition de la LEAF reçoit 4000 visiteurs.

Parmi les artistes invités, citons la Française bruxelloise Anastasia Bay, les Parisiens Agathe Bokanowski et Stéphane Fedorowsky, la Suisse Catherine Gfeller, l’Allemande bruxelloise Ulla Hase ou le Génois Niccolò Masini.
L’estampe est un marché relativement stable, peu spéculatif, plus abordable que la peinture ou le dessin, conclut Louma Salamé. « Il ne faut d’ailleurs pas opposer la pièce unique au multiple : ce qui intéresse les artistes, c’est le matériau avant toute chose. »
Pierre Alechinsky voyageur
Les matériaux, Pierre Alechinsky s’en est toujours joué. Il vient de ranger son Pinceau voyageur, son exposition monographique. « Pour la première fois, la Fondation a proposé un artiste unique. Nous avons accueillo des coproductions, comme avec le Centre Pompidou, des cartes blanches à des curateurs hors-pair comme Henri Loyrette ou Alfred Pacquement, des expositions thématiques comme avec le CIVA sur l’Art déco. Avec Pierre Alechinsky, l’équation était inédite : déployer le parcours d’un artiste au sein de cette demeure privée, expérience qui s’est avérée très émouvante. En l’occurrence, cela nous a permis de montrer des œuvres jamais sorties de sa maison-atelier de Bougival ou de collections privées, comme Le Clavecin, création d’un trio, le luthier, les dessins de Pierre et les collages du tchèque Jiri Kolář. »
À travers une centaine d’œuvres, de 1944 à 2024, du haut de ses 97 ans, l’artiste se reliait aussi à l’histoire du lieu, puisqu’il avait trois ans au moment de la pose de la première pierre de la Villa. « Avec 88000 visiteurs, souligne Louma Salamé, c’est notre plus forte fréquentation depuis l’ouverture en 2010. Notre étude de la typologie des publics révélait presque autant d’hommes que de femmes, une part néerlandophone et international en hausse. Au-delà des communautés de niches, d’experts, de scientifiques, de journalistes, de passionnés, d’historiens, d’artistes, nous attirons vraiment le grand public. »
En 2028, elle rééditera cette expérience monographique avec une artiste vivante non belge. Quant au Pinceau voyageur, il devrait encore voyager sous une forme révisée vers un pays non-européen.
www.villaempain.com
Du 21 au 23 mars.