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Jacques Berghmans, le fondateur de TreeTop, vise 6 milliards d’euros d’actifs

Le fondateur de la société de gestion TreeTop Jacques Berghmans regorge d’ambition. Le septuagénaire veut multiplier les actifs gérés par quatre dans les prochaines années via des acquisitions notamment. Portrait d’un membre de la dynastie industrielle Lhoist. qui a fait carrière loin de la chaux et de la dolomie.

« Dans ma chambre, j’avais tous les bilans de toutes les sociétés belges cotées en Bourse. » En une phrase, le personnage est cadré. Jacques Berghmans ne goûtait ni les vedettes de cinéma ni les révolutionnaires à cigare. Dans sa chambre, c’était des chiffres, des chiffres et encore des chiffres. La chambre ? « Près de Marche-les-Dames, à côté de l’usine. » Jacques naît dans la galaxie Lhoist, du nom de ce grand-père, Léon, qui fonda le groupe actif dans la chaux et la dolomie. « Quand j’étais adolescent, j’allais tous les dimanches après-midi jouer aux cartes avec lui. C’était un homme brillant et sympathique. Nous habitions à deux kilomètres. L’usine était un peu notre jardin. Nous y étions tout le temps. Je vivais dans cet univers d’entreprise. On y croisait des amis, d’autres entrepreneurs. C’est ce côté entreprise qui me captivait. La passion pour la Bourse est née de cet attrait pour les sociétés. Je m’intéressais aux investissements, j’avais un carnet d’épargne. J’étais la fourmi et mes frères (tous deux dirigeants du groupe Lhoist, NDLR) me taquinaient à ce sujet », se souvient-il. 

« Je me suis dit que je n’allais surtout pas devenir juriste ou avocat »

La fourmi ne sera pas juriste

Après des études en droit à Louvain, contrairement à ses frères, Jacques ne rejoint pas la société familiale. « Je me suis dit que je n’allais surtout pas devenir juriste ou avocat. J’ai rencontré Guy Paquot, qui, dans les années 1970, dirigeait le private banking de Nagelmackers. » C’est ainsi que Jacques fait ses classes auprès de celui qui fera bien plus tard les belles heures de la holding Bois Sauvage, propriétaire du célèbre chocolatier Neuhaus, puis se fait engager au siège amstellodamois de Merrill Lynch. « Mon père était hollandais, donc j’étais hollandais mais, ayant grandi en Wallonie, je connaissais à peine dix mots de néerlandais. C’était trois de plus que celui qui m’avait engagé… »,  confie-t-il avec un grand sourire. L’aventure néerlandaise sera de courte durée : quelques mois plus tard, le bureau bruxellois de la banque d’investissement américaine le rapatrie. 

« J’ai eu un coup de téléphone du directeur à Bruxelles qui avait mis tout le monde dehors. Il m’a demandé de gérer les clients institutionnels. » De ces années fastes – la Bourse de Tokyo multiplie sa valeur par 25 – naît une conviction : « Je me suis rendu compte qu’un fonds était le meilleur instrument pour gérer un portefeuille d’actions. » Jacques Berghmans fait le tour des banquiers pour les convaincre de le suivre. Peine perdue. C’est finalement avec un ami de son frère Jean-Pierre, Hubert d’Ansembourg, qu’à la fin des années 1980, il crée son premier fonds. Avec succès. « Nous avons connu 15 années très profitables, sans jamais de pertes. D’ailleurs entre 1998 et 2002, malgré la crise asiatique, nous avons même multiplié nos avoirs par quatre. » Une réussite qui réveillera l’appétit des argentiers : le fonds intégrera finalement la banque Degroof.

En 2005, toujours avec son fidèle associé d’Ansembourg, Jacques Berghmans fonde sa propre structure. « On avait trois milliards en gestion. Avec quatre employés, on gagnait 50 à 60 millions par an. » En 2008, le marché s’écroule. « Terrorisés, la plupart de nos clients institutionnels nous quittent. Je me suis dit que j’allais développer une structure de clientèle privée, une société de gestion de patrimoine familial. » TreeTop est née. « L’objectif était de fournir du conseil à des clients qui ont un patrimoine à gérer. On a développé un bureau de gestionnaires à Londres. J’ai aussi  investi dans une société de gestion à Edimbourg, Aubrey Capital. Ils ont très bien performé. »

Six milliards en gestion

Une décennie plus tard, TreeTop gère un portefeuille de 1,4 milliard d’euros et fonde sa stratégie sur deux axes. « La Bourse mondiale indicée d’une part, et d’autre part, le développement d’une offre de gestion quantitative. Nous avons notamment identifié une stratégie qui a multiplié sa valeur par 105 en 30 ans, donc 4 fois mieux que Warren Buffett sur la même période. Nous utilisons de la gestion de data, de l’intelligence artificielle qui parvient à surperformer la Bourse. Cette gestion sélectionne 30 titres parmi les plus intéressants du Standard&Poors500 (les 500 plus grandes entreprises cotées aux Etats-Unis, NDLR) de façon dynamique puisque jusqu’à 80% du portefeuille change tous les trois mois. » Le rendement moyen de cette stratégie au cours des cinq dernières années avoisine les 15% annuels.

Si, à 71 ans, Jacques Berghmans reste un gestionnaire de fonds au sein de la société et en reste administrateur, il a confié les rênes de TreeTop à Olivier de Vinck, CEO, et à deux de ses enfants, Félix et Louis. Ce « pas de côté » n’éteint pas les ambitions de ce passionné de titres en tous genres : « On va investir. L’objectif est de développer l’entreprise pour avoir 5 à 6 milliards en gestion. S’il y a des acquisitions à faire, nous les ferons. Nous allons engager, reprendre des fonds de commerce. Un de mes fils, Félix, travaille déjà avec nous à Londres et un de mes autres enfants s’intéresse aussi de près à la société. En Europe, les Belges restent parmi les plus fortunés et nous sommes convaincus qu’il reste une place à saisir ».

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