Lorsqu’on parle d’investissements, on pense souvent aux actions et aux obligations. Pourtant, Gertjan Verdickt et Jürgen Hanssens montrent dans leur nouvel ouvrage Investeren in Stijl qu’il existe de nombreuses possibilités d’investissement alternatif, au-delà des marchés financiers traditionnels. « Du whisky rare aux voitures de collection, en passant par des œuvres d’art uniques, les opportunités ne manquent pas pour ceux qui souhaitent diversifier leur portefeuille. »
Docteur en sciences économiques appliquées, Gertjan Verdickt a accumulé une solide expérience au sein de KBC Asset Management et en tant que professeur assistant à la KU Leuven. Depuis fin septembre, il réside et enseigne en Nouvelle-Zélande, où il dispense des cours d’économie financière à l’université d’Auckland. Aux côtés de Jürgen Hanssens, consultant chez KPMG Deal Advisory et docteur en sciences économiques appliquées, il a récemment publié un guide pratique sur les meilleures stratégies pour investir dans les placements alternatifs.
En effet, un nombre croissant d’investisseurs combine désormais hobby ou intérêt et stratégie d’investissement. En choisissant judicieusement des produits de luxe, ils voient la valeur de leur placement croître chaque année. « Cela permet de mieux répartir les risques », souligne Gertjan Verdickt. « On constate même qu’un nombre croissant de grands fonds de pension américains s’intéressent à ce marché, dans l’objectif de diversifier leurs portefeuilles. »
L’art, les sacs à main, le vin, les timbres, les voitures de collection, les anciennes pièces de monnaie et même les LEGO constituent autant de classes d’actifs non cotées, distinctes et spécifiques. Mais les investisseurs n’ont-ils pas besoin d’une expertise approfondie dans ces domaines ?
Les investissements alternatifs peuvent être divisés en trois grandes catégories : les produits à consommer, comme le vin et le whisky ; les biens à porter, comme les montres, les sacs à main et les bijoux ; et les objets de collection, une catégorie vaste englobant voitures, œuvres d’art et jouets anciens. Pour chacune de ces catégories, deux grandes stratégies d’investissement existent. La première consiste à investir directement dans les produits eux-mêmes en les achetant. Dans ce cas, l’investisseur doit avoir une solide connaissance des produits et du marché pour choisir les meilleures bouteilles de vin, les ensembles LEGO rares ou les œuvres d’art prisées, tout comme s’il s’agissait d’acheter activement des actions. Pour ceux qui manquent de temps, de passion ou de connaissances dans une catégorie particulière, il est aussi possible d’investir de manière indirecte via des fonds spécialisés, comme des fonds de vin non cotés ou des programmes d’achat de violons uniques. Des plateformes comme Rallyrd.com permettent même d’acheter des parts fractionnées d’objets de collection, rendant l’investissement accessible à ceux disposant d’un capital de départ modeste. Enfin, même les non-experts peuvent investir directement dans des actions de marques de luxe, dans l’espoir d’obtenir des rendements intéressants.
Ces catégories d’investissements alternatifs présentent-elles des défis spécifiques et des pièges potentiels ?
Les passionnés de sacs à main ou de voitures anciennes peuvent facilement s’attacher émotionnellement à leurs investissements. C’est là que réside un risque important : les décisions d’achat et de vente peuvent alors être dictées par les émotions plutôt que par une analyse rationnelle. Un autre point crucial à considérer est le manque de sources d’information fiables sur les investissements alternatifs, comparé aux actions, où les données sont largement accessibles. Il existe néanmoins quelques ressources, comme BrickEconomy.com, qui utilise les données d’eBay pour fournir des analyses détaillées sur les prix des pièces échangées et les ensembles LEGO en voie de disparition dans les magasins. Cependant, ces outils restent rares et ne couvrent pas toujours l’ensemble des marchés alternatifs.

Un point important à souligner pour ceux qui envisagent d’investir indirectement dans des classes d’actifs alternatifs est la présence de nombreux fonds communs de placement non réglementés.
En effet, ces fonds offrent moins de transparence, rendant difficile pour les investisseurs de savoir où leur argent est réellement investi. Cela augmente aussi le risque de fraude ou de mauvaise gestion, pouvant entraîner des pertes considérables. Les risques de fraude concernent également les investisseurs directs, notamment en raison de la prolifération de contrefaçons dans certains secteurs. Heureusement, des plateformes d’enchères en ligne mettent en place des processus de vérification rigoureux de leurs utilisateurs, bien que ces mesures ne soient pas infaillibles. Une technologie prometteuse pour pallier ces problèmes est la blockchain, qui permet de tracer l’historique et l’authenticité des objets de manière transparente et sécurisée. Les articles disposant d’un historique blockchain atteignent souvent des prix plus élevés et se vendent plus rapidement.
Comment déterminer le moment idéal pour vendre des investissements alternatifs afin de réaliser des rendements ou des profits ?
Contrairement aux actions, ces investissements ne sont pas échangés aussi rapidement. Il n’existe pas de bourse pour vendre quotidiennement des vins de collection, du whisky ou des violons stradivarius ; les transactions sont généralement beaucoup plus lentes. Par exemple, la vente de certains tableaux peut nécessiter jusqu’à un an pour trouver un acquéreur. Il est donc crucial de prendre en compte cette lenteur lorsqu’on envisage de vendre un objet de collection. Cependant, pour ceux qui effectuent des recherches approfondies, certains investissements alternatifs peuvent offrir des rendements intéressants. Par exemple, la valeur de certaines bouteilles de whisky augmente en moyenne de 17,5 % par an, ce qui représente un potentiel de gain considérable.