Spécialisée dans le développement de solutions de santé à base de cannabinoïdes, la start-up wallonne CBX Medical souhaite apporter un soutien viable à la gestion du stress, au sommeil et aux situations douloureuses.
Fondée en 2020 par Lionel Quataert, Jonathan Blondiau et Flora Mer, CBX Medical a bénéficié de subsides pour la recherche à hauteur de 600 000 euros de la part du SPW (Service Public Wallonie) en 2023. En outre, la start-up a levé un million d’euros de fonds auprès d’investisseurs privés et publics pour développer son activité en 2022.
À travers une approche intégrative et scientifique, la start-up s’efforce d’améliorer l’accès à des solutions de santé complémentaires tout en naviguant dans un paysage législatif complexe. « Nous souhaitons contribuer à briser les perceptions négatives associées au cannabis », souligne Lionel Quataert.
Lionel Quataert, pourriez-vous nous parler de la genèse de CBX Medical ?
L’histoire de CBX Medical a commencé entre 2016 et 2018. À cette époque, ma compagne Flora, également associée, et moi vivions en Uruguay, le premier pays à avoir légalisé l’usage du cannabis médical à l’échelle nationale, en le distribuant via le réseau des pharmacies. Là-bas, nous avons observé comment cette légalisation simplifiait le processus d’accès aux traitements, réduisait le marché noir et suscitait un vif intérêt de la population. De retour en Belgique, nous avons constaté que certains proches, confrontés à des douleurs chroniques, se heurtaient à un manque d’information et de compréhension lorsqu’ils cherchaient des produits à base de cannabinoïdes légaux en pharmacie.
Quelles sont les étapes clés du développement de CBX Medical depuis sa création ?
En 2019, après ces observations, nous avons décidé de nous lancer en Belgique. En 2020, CBX Medical a été fondée, et en 2021, nous avons lancé nos premiers produits en pharmacie. Notre principal canal de distribution est la pharmacie, car nous voulons fournir une alternative crédible et fiable aux patients, avec le soutien des conseils des médecins et des pharmaciens.
Quels sont les types de produits que vous proposez et leur statut légal en Belgique ?
Il est important de distinguer le cannabis récréatif, du cannabis médical et de santé. Le cannabis récréatif est bien connu et populaire, bien qu’illégal, et il est consommé en général sous forme “roulée”. Le cannabis médical englobe des produits ayant le statut de médicaments, et leur délivrance est strictement liée à la prescription par un médecin pour des indications précises. En Belgique, seuls deux médicaments sont autorisés. Entre ces deux types, il y a le cannabis santé, disponible en libre-service en pharmacie sous le statut de cosmétique ou de complément alimentaire, mais bien encadré par l’information fournie aux pharmaciens et aux médecins. Toutefois, la législation reste floue, notamment sur les huiles de CBD considérées différemment par rapport à la France par exemple.
Quelle est votre position par rapport à la réglementation du cannabis en Belgique ?
La situation en Belgique est compliquée par rapport à nos pays voisins qui ont des législations plus claires sur l’usage médical des cannabinoïdes. Nous pensons qu’il serait bénéfique d’éclaircir les lois pour éviter l’exil thérapeutique. Certains patients belges passent la frontière pour aller chercher des molécules interdites en Belgique.
Notre objectif, c’est d’apporter une alternative avec une bonne innocuité et idéalement des résultats intéressants. Aujourd’hui, 22% de la population européenne adulte souffre de problématiques chroniques. Pour y remédier, certains médecins prescrivent des molécules très agressives telles que les opioïdes. Celles-ci soulagent la douleur de manière extrêmement efficace. Mais parfois il y a un mésusage qui s’installe. Nous avons tous en tête l’image de zombies aux États-Unis. Je pense qu’il faut mettre en place une politique publique qui à la fois évite ce mésusage global et qui surtout permette au corps médical de soulager sans nuire.
Quelles sont vos ambitions pour l’avenir de CBX Medical ?
Nous travaillons à introduire de nouveaux produits, toujours en respectant une intégration harmonieuse avec d’autres aspects de santé intégrative. Nous avons également un important volet d’éducation pour les professionnels de santé et menons des recherches appliquées grâce à des collaborations académiques. Financés par la Région wallonne, nous espérons développer une formulation galénique originale qui pourrait un jour obtenir le statut de médicament.
Vous préconisez une approche globale du patient.
Il faut sortir de cette sacro-sainte pensée qu’une molécule va tout solutionner. Nous voulons inciter le patient à bouger, à faire du sport, à se promener, à rire, à essayer d’avoir une vie sociale. Le fait d’avoir moins d’effets secondaires contribue potentiellement à un meilleur équilibre. C’est pourquoi nous tentons de stimuler une meilleure hygiène de vie globale qui amène une meilleure gestion des situations chroniques.
Ainsi, nous organisons des « escales positives », des événements où les patients peuvent se ressourcer en participant à des activités comme le yoga ou la thérapie par le rire. Nous voulons souligner qu’une bonne qualité de vie va au-delà de la prise de produits. C’est un ensemble d’activités et de comportements qui permettent de gérer les situations chroniques de manière plus efficace.
Quel message souhaitez-vous transmettre sur vos produits et l’image du cannabis en Belgique ?
Il est crucial de communiquer clairement que nos produits ne contiennent pas de THC et qu’ils sont conçus pour offrir des solutions complémentaires sans effets psychotropes. Nous souhaitons contribuer à briser les perceptions négatives associées au cannabis, en éclairant sur les bienfaits potentiels de certains cannabinoïdes dans une approche médicale intégrative.