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Get Driven : L’ascension d’une scale-up belge qui redéfinit la mobilité personnalisée

Get Driven s’est rapidement fait un nom en proposant des chauffeurs aux personnes qui ne souhaitent pas conduire leur propre voiture pour se rendre à un rendez-vous d’affaires ou à une fête. Après un démarrage fulgurant en Belgique, le fondateur Gunther Ghysels œuvre à l’expansion de ce service et, si possible, à son internationalisation. Il continue également à investir dans des services connexes tels que le car wash itinérant (Get a wash).  

Par le passé, Gunther Ghysels s’est illustré comme pilote de motocross, décrochant deux fois le titre de champion de Belgique. Après l’arrêt prématuré de sa carrière en raison de blessures, il a dû trouver un autre gagne-pain. Dans le sillage d’une expérience éphémère en tant que développeur de produits de revêtement de sol, il s’est tourné vers un poste qu’il avait déjà occupé pendant ses études. « Étudiant, j’ai travaillé pour une petite entreprise qui fournissait des chauffeurs aux personnes qui préféraient ne pas conduire leur propre voiture. J’ai noué à l’époque de très bons contacts avec certains usagers qui m’ont demandé de conduire à nouveau pour eux. C’est ce que j’ai fait pendant un an et demi, en tant qu’indépendant en activité complémentaire. À l’époque (2016), on fonctionnait par téléphone et à travers une page web. En 2019, nous avons lancé l’application Get Driven », se souvient Gunther Ghysels.   

Au début, il conduisait principalement lui-même, avec quelques amis, puis de plus en plus avec des étudiants jobistes et des indépendants. Au cours des trois premières années, il s’occupait encore de l’administration, de la planification, de la formation, de l’enregistrement auprès de la Dimona, etc.  

Peu après la création de l’entreprise, les propositions de rachat n’ont pas manqué, notamment par un grand nom comme USG People. « Ces propositions sont restées lettre morte, mais nous les avons divulguées à la presse pour nous faire de la publicité », précise-t-il.  

« Mes parents m’ont pris pour un fou quand j’ai voulu me lancer comme indépendant »   

L’esprit d’entreprise  

Issu d’un milieu modeste où tous les membres de la famille gagnaient leur vie comme ouvriers ou employés, Gunther Ghysels a fait un grand saut dans l’inconnu en créant Get Driven. « Mes parents m’ont pris pour un fou quand j’ai voulu me lancer comme indépendant. Comment pouvais-je envisager d’abandonner un revenu stable à l’usine pour l’existence incertaine d’un entrepreneur ? »  

Au bout du compte, il a tout de même partiellement hérité de l’attitude prudente de ses parents. « J’ai commencé avec un capital de départ minime. Je n’ai pas eu besoin d’investir non plus, car je n’avais pas de personnel. Même lorsque Steve Rousseau (le frère de Conner, ndlr) est entré dans l’entreprise peu après le démarrage, nous n’avons pas augmenté le capital. Ça nous a également permis de financer notre croissance par nos propres moyens. Nous avons par exemple investi dans une application moderne. »  

Au fil de sa courte existence, la petite entreprise a dû faire face à des crises majeures. Avec le Covid, Get Driven est passé d’un chiffre d’affaires d’1,7 million d’euros à zéro. Les gens étaient coincés chez eux. L’entreprise a donc élargi ses services. Dans le secteur automobile, par exemple, elle s’occupe de livrer des voitures neuves à domicile ou d’amener des véhicules au garage pour un entretien ou un changement de pneus. « Ce service représente aujourd’hui une part importante de notre chiffre d’affaires », explique-t-il.  

Un coach bienveillant

Gunther Ghysels remercie Steve Rousseau d’avoir agi non seulement en tant qu’investisseur, mais aussi en tant que coach. « Il croit en mon esprit d’entreprise et le soutient pleinement. Il n’intervient pratiquement pas dans la gestion opérationnelle et m’a toujours laissé carte blanche. Mais il me protège. Lorsque les choses se sont corsées, il m’a convaincu de ne pas vendre complètement mes actions et de continuer à croire aux bons résultats. »  

Entre-temps, quatre investisseurs externes ont déjà pris des parts dans la scale-up, laquelle vise un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros. Steve Rousseau (House of Talents), Helena Brutsaert (CID Lines), Arne Vandendriessche et Pieter Barremaecker (Signpost), ainsi que Steven Buyse (CVC) investissent leurs capitaux privés dans Get Driven. Gunther Ghysels, quant à lui, a renoncé au rôle de CEO et se concentre sur le produit et la stratégie.  

La technologie joue un rôle décisif, mais il est tout aussi crucial de gagner la confiance des clients. Nombreux sont ceux qui hésitent à confier leur voiture à un conducteur inconnu. « D’où l’importance de notre réseau. Aujourd’hui, Get Driven dispose d’une liste de plus de 25 000 clients. Un fichier qui s’est étoffé principalement grâce au bouche-à-oreille. »  

L’avenir de la mobilité  

Achètera-t-on encore une voiture si elle se conduit de manière autonome ? Le marché de l’automobile sera-t-il dominé par des robots-taxis, comme le prédit Elon Musk ?
Ces innovations rendront-elles Get Driven obsolète ? Gunther Ghysels souscrit à l’idée que les véhicules autonomes définiront l’avenir de la mobilité. Dans le même temps, il constate que de nombreux usagers sont très attachés à leur propre véhicule par souci de liberté et de commodité. « Avoir une voiture devant leur porte rend les gens libres. Ils ne dépendent pas de la disponibilité d’un véhicule mis (ou non) à disposition par une société extérieure. Et puis, une voiture, c’est également un endroit sûr et confortable. On y dépose volontiers ses affaires sur la banquette arrière et dans le coffre. Elle est également à l’image de la personnalité de son propriétaire. Je ne pense pas que les gens renonceront complètement à posséder leur propre véhicule. Une fois que les voitures autonomes seront là, notre intention est de continuer à utiliser la plateforme, mais en offrant des solutions de mobilité et non plus des chauffeurs », conclut Gunther Ghysels.
 

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