Entretien avec Brice Perin, co-Responsable Multi-Actifs & Performance Absolue, LBP AM – actionnaire de LFDE
Séquences d’incertitudes politiques, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis, conflits au Moyen-Orient, changement de cycle monétaire des banques centrales, risques de récession économique… le deuxième semestre 2024 met à l’épreuve la robustesse des portefeuilles des investisseurs. Sur les marchés obligataires, Brice Perin souligne l’intérêt d’une approche flexible dans le but d’optimiser le rendement ajusté au risque. Décryptage.
En quoi consiste la gestion obligataire Absolute Return ?
Il s’agit d’une approche flexible, sans contrainte de référence à un indice obligataire, explorant un très large univers d’investissement : obligations d’entreprises, titres d’Etat, obligations convertibles, instruments dérivés notamment. Le curseur peut également être positionné plus ou moins loin concernant l’exposition au risque, par exemple via la sélection d’obligations investment grade, perçues comme étant de qualité supérieure, ou high yield, jugées plus risquées*.
Ce type de gestion s’appuie sur la combinaison de moteurs de performance diversifiés et complémentaires, offrant des marges de manœuvre importantes. L’objectif est d’optimiser le rendement ajusté au risque du portefeuille, quelles que soient les conditions de marché.
Quelle est votre lecture de l’environnement macroéconomique ?
Les indicateurs conjoncturels indiquent une résistance de la croissance économique mondiale, malgré la trajectoire de décélération de l’activité. Les disparités sont notables. Si les Etats-Unis continuent de contribuer plus significativement à cette résilience, la zone euro subit une érosion marquée de la croissance.Partout, à l’échelle des principales économies, le secteur des services soutient l’activité, alors que le secteur industriel peine à décoller.
Aussi, les tensions au Moyen-Orient génèrent un peu de volatilité sur les prix du pétrole. A ce stade, cette dernière ne semble pas de nature à changer structurellement le cycle économique mondial, mais crée un nouveau risque pour le futur.
La Banque Centrale Européenne (BCE) et la Fed renouent avec les baisses de taux. Quelle trajectoire anticipez-vous à 6 mois ?
Pour les Etats-Unis, notre scénario central table sur un ralentissement graduel du marché de l’emploi d’ici la fin de l’année et une inflation qui ralentit, mais reste au-dessus de la cible de la Fed. Dans ce contexte, nous pensons que la banque centrale américaine pourra baisser ses taux directeurs de 25pb lors des prochaines réunions, pour les ramener vers 3,3% d’ici la fin de l’été 2025. En somme, nous pensons qu’en l’état – et si aucune dégradation brutale de l’économie américaine ne survient – la Fed souhaite « recalibrer » sa politique monétaire vers un niveau qui ne serait plus restrictif, mais qui ne serait pas non plus stimulant.
Concernant la BCE, le rythme de baisse de taux pourrait s’accentuer pour converger vers celui des Etats-Unis. Nous tablons sur une baisse des taux de la BCE de 25pb par réunion, jusqu’à ce que le taux directeur revienne vers 2,25%.
Compte tenu des risques de ralentissement du cycle économique et des politiques monétaires, il est important de bien distinguer l’horizon de placement considéré sur les marchés obligataires.
Quelle est votre stratégie d’investissement ?
Nous continuons de favoriser la diversification entre les classes d’actifs dans notre allocation. Notre scénario central de croissance limitée mais résiliente est plutôt favorable pour les actifs risqués, même si le marché a déjà « acheté » beaucoup de bonnes nouvelles.
Cela dit, la hausse des risques économiques et la persistance des incertitudes politiques justifient une certaine prudence à court terme. Ainsi, les obligations d’Etat offrent malgré tout un portage encore intéressant et apportent de nouveau une protection en cas de mauvaise surprise.
Comment cela se traduit-il en termes de bond-picking ?
Nous estimons que les obligations d’entreprise de qualité investment grade conservent de solides fondamentaux dans un environnement marqué par une croissance plus faible. Ces titres nous semblent encore offrir un couple rendement-risque attractif, avec des marges de crédit encore protectrices.
Sur le plan sectoriel, les valeurs financières constituent aujourd’hui un secteur clé à nos yeux. Nous conservons une part importante de nos portefeuilles investie sur des émetteurs bancaires dont les fondamentaux sont sains : niveaux de rentabilité relativement élevés, faibles taux de défaut. Nous apprécions les dettes les plus senior – c’est-à-dire dont le remboursement aux créanciers est prioritaire en cas de défaillance de l’émetteur – émises par des filiales locales de grands groupes bancaires européens. Nous jugeons également attractives les stratégies de portage, autrement dit la détention des obligations jusqu’à leur échéance, sur les titres dits à « haut beta » – susceptibles de fluctuer plus fortement que l’ensemble du marché. En somme, flexibilité, diversification et qualité des titres resteront primordiales à l’horizon des prochains mois.
*Investment-grade : obligations perçues comme étant de meilleure qualité, dont la notation de crédit s’établit de « BBB- » à « AAA » selon les principales agences de notation. High yield : obligations à haut rendement ou à caractère spéculatif. La catégorie high yield regroupe les titres dont la notation de crédit s’établit de « C » à « BB+ ».
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Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec LBP AM.