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Gérald Hibert acculé par les dettes

L’étau se resserre autour de GH Group, la société immobilière de l’homme d’affaires bruxellois Gérald Hibert. Banques et investisseurs privés ferment les robinets.

Gérald Hibert, c’est le Napoléon du monopoly bruxellois, à la tête d’un portefeuille immobilier commercial colossal valorisé un moment à plus d’un milliard d’euros. Sur le site De Rijkste Belgen, l’homme d’affaires ucclois Gérald Hibert est classé au 101e rang des Belges les plus riches – entre les familles Seynaeve et Vande Vyvere (Matexi) – avec une fortune personnelle toujours évaluée à quelque 300 millions d’euros de fonds propres. Le site rappelle au passage qu’en 2016, l’intéressé a finalisé la plus importante acquisition jamais réalisée en Belgique dans le secteur du retail high street en ajoutant à son vaste portefeuille l’immeuble Toison d’Or (12.000 m² d’espace commercial) flambant neuf pour 190 millions d’euros.

Des résultats qui se font attendre

Peu enclin à communiquer depuis sa tour d’ivoire uccloise dont il occupe le dernier étage du 1135 de la chaussée de Waterloo, Gérald Hibert ne l’était pas davantage à vendre jusqu’ici, malgré plusieurs années de vaches maigres. Pour objectiver à quel point ses briques ont perdu du poids, le marché attend impatiemment la publication des résultats annuels 2023, toujours introuvables début décembre, de Sogefibel, la société faîtière du GH Group créée en 2008 et qui recense pas moins de 57 sociétés liées domiciliées à la même adresse (40) ou au 2 de la rue de Vienne à Paris (16), la dernière étant logée à Breda (NL).

Gérald Hibert.

«Il ne les publiera pas!», confie un observateur averti, qui explique au passage -preuves à l’appui- que la plupart des comptes courants du GH Group ouverts dans les grandes banques et auprès des créditeurs historiques ont récemment été mis à zéro.

Pire: les très discrètes familles et amis privés fortunés sollicités par l’homme d’affaires pour éponger les pertes à plusieurs reprises -et à hauteur de quelque 80 millions d’euros- ont eux aussi fermé les robinets. Certains auraient même donné ordre aux huissiers de saisir certains biens à titre conservatoire, lassés de constater que la plupart des sociétés du groupe ne cessent depuis plusieurs années de creuser les pertes reportées.

Première vente forcée

Tout récemment, un mandat confié aux équipes de BNP Paribas Real Estate et CBRE est venu conforter ces informations: d’un coup, ce sont en effet pas moins de sept actifs immobiliers de la galaxie Hibert qui ont été mis sur le marché en vente groupée. Et pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de vitrines des artères les plus courues du haut de la ville (boulevard de Waterloo, avenue de la Toison d’Or et chaussée d’Ixelles) actuellement louées par des marques de renom comme Cartier, Delvaux, Emporio Armani, H&M, Quick et Hawaiian Poke Bowl… sans oublier les murs désacralisés du Spirito Brussels.

Localisation des immeubles High Street mis en vente.

A bonne source, on indique que ce sont ses créanciers de premier rang -trois banquiers belges- qui ont définitivement perdu patience et sifflé la fin de la récréation en mettant à l’étalage en vente forcée ces actifs immobiliers commerciaux de premier rang évalués à quelque 75 millions d’euros par un magazine professionnel de référence.

L’étau se resserre

Une autre source confirme que les liquidités fondent au point que la société de gestion, qui sous-loue également plusieurs immeubles pour des enseignes connues, ne paie plus les loyers de certains propriétaires depuis des mois. Un d’entre eux, auquel nous avons demandé preuve de ses dires, nous a même fait parvenir une demande de citation en faillite transmise à son avocat à l’attention du groupe GH. Elle est motivée par une saisie-arrêt conservatoire signifiée à BNP Paribas Fortis en date du 28 octobre dernier ciblant tous les comptes à vue de l’intéressée.

On suivra donc de près l’opération de vente (share deal) en cours dont le montant, s’il est rapidement scellé et versé, ne devrait toutefois constituer qu’une bouffée d’oxygène toute provisoire pour le vendeur. Afin de faire face à la dégradation structurelle du cash flow, l’organe de gestion des sociétés gérées par Gérald Hibert mentionnait d’ailleurs déjà dans les derniers comptes annuels publiés à ce jour -ceux de 2022- la nécessité d’établir «un programme de vente d’actifs étalé sur 3 à 4 ans pour un montant de 300 millions d’euros -dont une première tranche de 65 millions en 2023- et l’émission d’une dette mezzanine (5 ans) pour un montant de 40-50 millions d’euros». 

« No comment! »

Nous avons bien sûr tenté de contacter personnellement le principal intéressé et d’en savoir davantage sur sa situation financière actuelle. Nous avons également contacté un des avocats du GH Group, Jehan de Thiers (KDC & Partners). La seule réponse reçue à ce jour est bien laconique voire menaçante: « Le groupe GH a toujours privilégié la plus grande discrétion. Il ne fera dès lors aucun commentaire sur des affirmations incorrectes et manifestement invérifiées parues dans une certaine presse « spécialisée ». Les fonds propres du Groupe sont positifs. Cela dit, il est évident, vu la situation sur le marché immobilier en général et bruxellois en particulier, que le Groupe travaille à des pistes de refinancement. Dans ce contexte précis, toute publication d’informations inexactes ou approximatives est donc de nature à lui causer un préjudice extrêmement important. Le Groupe ne tolérera donc pas la circulation de telles informations visant, pour d’obscures raisons, à affecter sa crédibilité. »

Dont acte.

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