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Faut-il apprendre aux jeunes à entreprendre ?

Entre choisir un job d’employé ou d’indépendant, quatre jeunes sur dix répondent préférer celui d’indépendant (source, Commission européenne, 2022). Un jeune sur trois pense que le principal support pour y parvenir est celui de l’enseignement et de la formation, avant-même l’aide financière des proches. Puisque seulement 5% des personnes âgées de 18 à 30 ans travaillent activement à un projet d’entreprise, la question qu’on peut légitimement se poser est la suivante : faut-il apprendre aux jeunes à entreprendre dès l’école? 

On pourrait être tenté de répondre à travers une grille de lecture conventionnelle : devenir ingénieur, cela s’apprend sur les bancs d’une école d’ingénieur. Alerte spoiler : ce serait une erreur. Il s’agit en réalité d’acquérir les compétences génériques qui sont nécessaires à l’acquisition du fameux capital social : l’audace d’initier un nouveau chemin, d’inventer un nouveau produit ou service, la connaissance du réseau pour identifier de nouveaux partenaires, etc. 

C’est précisément ce qui favorise les uns et défavorise les autres à l’entrée du marché du travail. Ce constat social se résume en économie à travers le concept d’asymétrie de l’information : les uns en disposent et deviennent compétitifs, les autres n’y ont pas accès, les faisant systématiquement partir derrière la ligne de départ. S’installe alors le désastreux sticky floor, soit l’idée que dans notre pays, les classes moyennes inférieures et les bas revenus restent « collés » à leur condition dans une désespérante reproduction sociale. 

S’il serait vain de considérer que l’entreprenariat sera une réponse toute faite à la crise de l’emploi, l’état d’esprit qui prédetermine la création d’une entreprise est un facteur de poids pour améliorer l’émancipation sociale. En quelque sorte, la différence entre donner un poisson ou apprendre à pêcher… Si vous voulez augmenter la valeur de votre équation d’un côté, augmentez les paramètres et leur valeur de l’autre côté. Une étude avance un retour sur investissement de 2,46 euros par euro investi dans des programmes d’initiation à l’entreprenariat à l’école : la capacité de gestion, de communication, une meilleure coopération entre élèves et implication à l’école conduisant à des meilleurs résultats et à moins de décrochage ensuite sur le marché de l’emploi. C.Q.F.D?

« Chaque élève devrait avoir eu un contact avec une entreprise avant de quitter le secondaire »

Se familiariser avec l’entreprise n’est ni une orientation ni une matière en tant que telle. C’est une façon de voir le monde qu’on garde avec soi quel que soit son métier, que l’on soit fonctionnaire, agent, chef d’entreprise ou employé. Chaque élève devrait avoir eu un contact avec une entreprise avant de quitter les bancs du secondaire, quelle que soit la forme du contact : immersion, concours, stage, rencontre, conférence…

Comme une transmission que « doit » une génération à la génération suivante, singulièrement face à des jeunes qui pensent que leurs lendemains seront moins chantants que ceux de leurs parents.  

Salma Haouach
Salma Haouach
De formation ingénieure de gestion de Solvay en 2001, major finance, Salma Haouach a démarré sa carrière dans le secteur financier avant de travailler dans l’ingénierie marketing et la communication stratégique à Valencia, Casablanca, Bordeaux et Le Havre avant de revenir à Bruxelles il y’a 10 ans et poursuivre sa carrière dans le conseil en stratégie et leadership durable. Parallèlement, elle a construit une carrière médiatique comme chroniqueuse dans des médias audiovisuels nationaux à partir de 2008 (L’Express, La Première, La Deux, BX1), elle a créé un média online d'éducation aux médias (Le Lab.) puis éditant et présentant deux émissions économiques : Coûte que Coûte sur Bel RTL et Business Club sur LN24.

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