Fatigués de voir le projet porté par Immobel recalé par des recours auprès du Conseil d’Etat, 25 habitants et commerçants du Sablon directement concernés allument un contre feu et sortent de l’anonymat pour soutenir la réhabilitation du bâtiment Belgacom local. Leur porte-parole, l’antiquaire Georges Van Cauwenbergh, explique pourquoi.
Quel est l’objet de votre action pour le moins inattendue dans ce dossier miné depuis des années par certains riverains du haut de la ville ?
Abandonné depuis 2019, l’ancien bâtiment Belgacom est au centre d’un important projet de transformation visant à convertir cet édifice monofonctionnel et obsolète des années ’60 en un espace moderne intégrant des logements, bureaux et commerces de qualité, tout en respectant l’identité patrimoniale du Sablon. En tant que propriétaires et résidents des rues Lebeau et voisines, nous sommes convaincus que cette transformation est une opportunité unique de dynamiser la vie du quartier, d’attirer des investissements et d’améliorer le quotidien des habitants comme des commerçants. Il est essentiel que nous ne laissions pas passer cette chance.
Qui êtes-vous pour fédérer cette nouvelle fronde de soutien au projet ?
Je m’appelle Georges Van Cauwenbergh et je suis un acteur engagé dans la vie locale du Sablon. Ma famille vit dans ce quartier depuis 1980 et je suis propriétaire de deux maisons dans la rue Lebeau, dont l’une est une maison Art Nouveau classée au Patrimoine qui a reçu le prix de la Ville de Bruxelles pour sa rénovation exceptionnelle. Depuis 1985, nous possédons également une galerie d’art, Artimo Fine Arts, dans cette même rue. Mais ce qui me permet de porter le combat partagé avec quelque 25 de mes voisins, c’est surtout que je vis au quotidien depuis 2016 dans ce quartier dont je défends activement les intérêts. J’ai d’ailleurs eu l’honneur de présider pendant cinq ans le Brussels Art Square, l’un des plus grands événements culturels du Sablon, et je suis membre du conseil d’administration de la ROCAD, la Chambre royale des antiquaires de Belgique. Je suis également acheteur professionnel dans l’émission Affaire Conclue sur France 2 et la RTBF depuis 2 ans et acheteur professionnel dans The Bidding Room sur BBC One depuis 1 an. Donc, on connaît mon visage.
Au-delà de la médiatisation de votre avis, quelle est concrètement l’action de soutien que vous avez entamée?
Nous voulons dénoncer les blocages imposés par une infime minorité par le biais de recours répétés auprès du Conseil d’Etat, qui freinent une initiative pourtant largement soutenue. Notre mobilisation ne se limite pas à de simples pétitions. Nous avons pris des mesures juridiques pour défendre ce projet: avec 25 autres acteurs locaux, nous avons déposé une intervention en soutien au projet devant le Conseil d’État car nous sommes fermement convaincus que cette initiative est vitale pour nous et le quartier.
Vous parlez de recours abusifs. Ils sont pourtant motivés et portés depuis des années par certains de vos voisins et plusieurs experts…
Il s’agit désormais de quelques voisins seulement, réunis au sein du collectif «Sauver Lebeau», relayés et soutenus par des groupes minoritaires tels que Inter-Environnement Bruxelles (IEB). Leurs recours sont déconnectés des réalités locales et je peux vous garantir qu’aujourd’hui le projet déposé est soutenu par la grande majorité des forces vives du Sablon qui juge incompréhensible et inadmissible qu’une poignée d’opposants, souvent extérieurs au quartier, décide pour eux et fasse échouer une opportunité vitale pour l’avenir de notre communauté.
Sur le fond, les arguments avancés par ce que vous appelez une minorité de blocage ont déjà fait bouger les lignes du projet initial…
A l’époque du projet initial, c’est un front uni des acteurs locaux du quartier qui a demandé certaines révisions; et le projet a effectivement été ajusté à plusieurs reprises par Immobel pour répondre à ces préoccupations légitimes. Mais le dernier projet amendé propose un compromis équilibré qui respecte le patrimoine historique du Sablon tout en répondant à ses besoins actuels. Nous avons pour notre part travaillé main dans la main avec le promoteur pour élaborer une solution qui préserve l’âme du quartier tout en permettant une évolution positive. La plupart des opposants de la première heure, dont je fais moi-même partie, apprécie d’avoir pu participer activement à ce processus évolutif. Mais il est maintenant urgent d’accélérer la réalisation de ce projet qui a largement pris en compte ces attentes locales. Les ultimes opposants se sont enfermés dans un acharnement stérile et néfaste au quartier. Nous pensons que des années d’opposition les ont campés dans un rôle et les rendent aveugles face aux énormes progrès engrangés en concertation. C’est cela que nous dénonçons.
Accélérer comment, selon vous, indépendamment de la procédure en cours qui peut être longue?
Le Sablon ne peut rester rester plus longtemps pris en otage par cette minorité. Nous appelons à une mobilisation générale pour surmonter les derniers obstacles et pour soutenir la mise en œuvre rapide du dernier avatar du projet, dûment validé par les autorités régionales depuis février dernier déjà.