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CMA CGM sera-t-il bien le sauveur d’Air Belgium?

Pas une année ne se passe depuis le lancement d’Air Belgium en 2016 sans que le futur de la compagnie aérienne ne revienne au devant de l’actualité. Dernier élément en date: le feu vert de la justice belge donné il y a quelques jours à sa reprise par le groupe maritime français CMA CGM. Le géant de la logistique pourra-t-il bien sauver le transporteur brabançon ? Ou un énième rebondissement est-il encore à attendre prochainement dans cette saga ? Une chose est sûre, il n’y aura bientôt plus de compagnie aérienne dont le centre de décisions se trouve en Belgique dans les airs.

Depuis plusieurs mois, l’avenir d’Air Belgium s’écrit en pointillés. De compagnie aérienne passagers et cargo, elle est passée à un transporteur de fret, non sans devoir se séparer d’une bonne partie de son personnel.

Fin des vols passagers

Tout a commencé en septembre 2023, lorsqu’Air Belgium a subitement décidé de mettre fin à ses opérations passagers effectuée en propre. Finies les liaisons entre Brussels Airport et l’Afrique du Sud et l’Île Maurice, « chroniquement non rentables ». Quelque 11.000 personnes sont alors restées sur le carreau et n’ont ensuite jamais vu la couleur de leur argent leur revenir.

La compagnie demande alors à être placée en procédure de réorganisation judiciaire. Pendant un an, grâce à cette protection contre ses créanciers, le transporteur continue d’effectuer des opérations ACMI, soit l’affrètement d’avions pour d’autres compagnies, qu’elles soient de fret ou passagers, et d’assurer des vols cargo.

En septembre 2024, Air Belgium n’ayant pas trouvé de solution pérenne auprès de ses actionnaires, elle doit se résoudre à tenter de trouver un repreneur extérieur. Elle passe alors de la PRJ à une procédure de transfert sous autorité judiciaire. Et c’est cette procédure qui ne cesse de rebondir ces dernières semaines.

Un premier repreneur…

Mi-décembre, un repreneur pour les seules activités cargo est trouvé en la personne (morale) du consortium Air One Belgium, composé des sociétés PESO Aviation Management et Air One Holding International, qui dit gérer la cinquième plus grande flotte cargo d’avions gros porteurs au monde. Cette nouvelle structure affirme qu’elle conservera 197 des 401 collaborateurs actuels (pilotes compris) de la compagnie, tandis que les 200 autres, essentiellement du personnel de cabine ayant été placé en chômage économique depuis le mois d’octobre, sont condamnés à perdre leur emploi d’ici la mi-avril. Le processus de reprise est censé s’étaler sur une période de quatre à cinq mois.

Sauf que, début mars, le dossier rebondit complètement. Sollicité en ce sens par le praticien chargé de gérer le transfert sous autorité judiciaire, le tribunal de l’entreprise du Brabant wallon revient sur sa décision en faveur d’Air One Belgium, qui a apparemment trop traîné pour effectuer les démarches demandées, et rouvre la possibilité pour d’autres repreneurs de déposer un dossier. C’est ici qu’intervient CMA CGM, « le seul à pouvoir sauver Air Belgium », selon les mots du praticien devant le tribunal de l’entreprise.

…suivi d’un second

L’offre de reprise du groupe logistique français vient d’être acceptée par la justice. Elle prévoit la reprise complète des activités cargo de la compagnie belge avec sa flotte de 4 appareils (deux Airbus A330-243F et deux Boeing B747-8F). Sur les 401 membres du personnel, seuls 186 collaborateurs seront gardés, soit moins qu’avec l’offre d’Air One Belgium. Les postes du personnel administratif, opérationnel, au sol et de vol, ainsi que le personnel navigant pilote (toutes catégories d’avions confondues), sont conservés, indépendamment du type de contrat. La nouvelle structure, qui gardera le nom et la marque Air Belgium, opérera au départ de Brussels Airport et de Liege Airport.

Il y a cependant encore un sacré caillou dans la chaussure d’Air Belgium… Le consortium Air One Belgium, qui n’est plus du tout en odeur de sainteté du côté de Mont-Saint-Guibert, a en effet déposé un appel contre la décision du tribunal de l’entreprise du Brabant wallon de l’écarter. Après une audience d’introduction le 3 avril, ce pourvoi sera examiné le 24 avril prochain. Il n’est pas impossible qu’in fine la cour d’appel de Bruxelles casse la décision prise en première instance. Cela causerait un sacré imbroglio, remettant alors potentiellement Air One Belgium dans la course.

Qu’importe la reprise par Air One Belgium ou par CMA CGM, il est par contre certain que ce transfert sonnera aussi la fin de l’existence de ce qui était la dernière compagnie aérienne véritablement belge. Brussels Airlines appartient en effet à 100% au groupe allemand Lufthansa, qui y dicte la marche à suivre, tandis que TUI Fly, active dans plusieurs aéroports du pays, dépend du tour-opérateur allemand TUI.

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