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Chine, vers un leader mondial de l’innovation?

Quelques jours avant de basculer dans l’année du serpent de bois, la Chine a surpris le monde avec DeepSeek, un modèle d’intelligence artificielle (AI) développé par la start-up chinoise du même nom pour une infime fraction du coût de ceux développés par OpenAI et autres concurrents américains. Un fait d’autant plus notable qu’il surgit dans un contexte de rivalité exacerbée entre les Etats-Unis et la Chine, et d’accès à la technologie occidentale de plus en plus ténu pour les entreprises chinoises.

Si bien des regards se tournent aujourd’hui vers l’impact potentiel de DeepSeek sur la chaîne de valeur AI, ainsi que sur les dépenses des hyperscalers américains, cet exploit – même si quelques zones d’ombre persistent – illustre la force de l’innovation Made in China. Une capacité d’innovation capitale pour pouvoir rester dans la course économique et technologique avec les Etats-Unis.

Et pour cela, la Chine investit énormément. Chaque année, près d’1,5 million d’ingénieurs sortent des universités chinoises, soit le tiers du total des ingénieurs diplômés dans le monde. Le nombre de chercheurs atteint quant à lui 2,4 millions, une nette progression par rapport à 2011, où l’on en comptait 1,3 million. Le gap se creuse avec les Etats-Unis, où, sur la même période, le nombre de chercheurs est passé de 1,1million à 1,6 million. Les dépenses de recherche et développement (R&D) ont suivi la même tendance, passant de 246 milliards de dollars en 2011 à 811 milliards en 2022. Sur la même période, aux Etats-Unis, les dépenses de R&D ont progressé de 427 milliards à 923 milliards de dollars. Et la Chine représentait, en 2022, 46,8% des dépôts de brevets dans le monde.

Exemple emblématique la capacité d’innovation chinoise : le véhicule électrique. La Chine a réussi à s’imposer comme le leader de la transition électrique. En 2023, le pays produisait déjà 58% des véhicules électriques vendus dans le monde. Avec une part de marché globale de 23%, BYD devance largement Tesla (11%) en 2024 – de janvier à septembre-, et 3 entreprises du top 5 mondial des constructeurs de véhicules électriques sont chinoises. Au-delà des subventions publiques encourageant l’adoption des véhicules électriques, la Chine a déployé une stratégie concertée destinée à contrôler l’ensemble de la chaîne de valeurs, des minéraux critiques aux batteries, en passant par le logiciel. Sur les batteries en particulier, la Chine contrôle près de 80% de parts de marché, CATL (37%) et BYD (17%) étant les deux premiers fabricants au monde.

Stéphane Van Tilborg, Country Manager Benelux, La Financière de l’Échiquier ©LFDE

La Chine compte bien répliquer ce succès sur le segment des semiconducteurs. Confrontée à de nombreuses sanctions américaines sur l’accès aux semiconducteurs, ainsi qu’aux équipements de production de semiconducteurs, la Chine vise l’auto-suffisance. Pékin a ainsi lancé un fonds d’investissement doté de 344 milliards de yuans (47,5 milliards de dollars) afin d’investir dans ce secteur. Des efforts qui ont notamment permis à Huawei de revenir sur le devant de la scène avec un smartphone performant. Même dans le segment des équipements de production de semiconducteurs, dominé par les sociétés américaines, européennes, japonaises et coréennes, la Chine progresse. La société Shanghai Micro Electronics Equipment (SMEE) vient ainsi de soumettre le premier brevet chinois dans la lithographie EUV, jusqu’ici chasse gardée d’ASML.

L’atelier du monde se transforme en leader mondial de l’innovation, une révolution qui aura sans nul doute un impact sur l’investissement en actions chinoises.

Disclaimer. Ces informations, données et opinions de LFDE sont fournies uniquement à titre d’information et, de ce fait, ne constituent ni une offre d’achat ou de vente d’un titre ni un conseil en investissement ni une analyse financière. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les valeurs citées sont données à titre d’exemple. Ni leur présence dans les portefeuilles gérés, ni leur performance ne sont garanties.

Cet article a été écrit en étroite collaboration avec LFDE.

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