L’intelligence artificielle (IA) fait désormais partie intégrante de notre vie quotidienne. Dans un entretien exclusif avec Forbes, Tom De Block, directeur de Google Belgique, nous fait part de son point de vue sur l’impact de l’IA, depuis les projets scientifiques pionniers tels qu’AlphaFold jusqu’aux applications dans notre vie quotidienne grâce aux produits Google. Il souligne l’équilibre entre les avantages économiques et les défis liés à l’emploi et à la protection de la vie privée. Il évoque également le rôle crucial de la durabilité et la position de la Belgique dans l’innovation en matière d’IA.
L’IA est-elle justement perçue comme la quatrième révolution industrielle?
Je pense que l’IA se situe au même niveau que d’autres grandes avancées technologiques comme l’électricité et la machine à vapeur. Elle a le pouvoir d’apporter des changements fondamentaux dans notre manière de vivre et de travailler. Prenons le projet AlphaFold de Google DeepMind. Il utilise l’IA pour prédire la structure 3D des protéines, ce qui auparavant demandait des années de recherche. Ce projet a permis des avancées scientifiques dans le développement de médicaments et autres applications. C’est une illustration puissante de la manière dont l’IA peut non seulement transformer des vies individuelles mais aussi s’attaquer à de grands problèmes sociétaux.
L’IA transforme de nombreux aspects de la science, mais comment influence-t-elle notre vie quotidienne ?
L’intelligence artificielle est souvent plus subtile qu’on ne le pense. De nombreux produits Google, tels que Gmail et Google Photos, utilisent l’IA depuis des années pour offrir une meilleure expérience utilisateur. L’IA aide par exemple les médecins en interprétant avec précision les images médicales, telles que les mammographies, réduisant ainsi les diagnostics erronés. Même dans des applications telles que Google Maps, l’IA calcule les itinéraires les plus efficaces et propose même des itinéraires écologiques pour minimiser l’impact sur l’environnement.
L’IA et l’emploi suscitent aussi de l’inquiétude. Quels effets prévoyez-vous sur le marché du travail ?
C’est une question importante. L’IA influencera de nombreux emplois en augmentant la productivité, plutôt qu’en supprimant massivement des emplois. Nos études montrent qu’en Belgique, le produit intérieur brut pourrait augmenter de près de 9% grâce à l’innovation en IA. Bien que certains métiers disparaissent, de nouvelles opportunités se créent, semblables aux précédentes révolutions industrielles. Il s’agit de s’assurer que les travailleurs continuent à se former. Il faut également investir dans l’éducation et la formation.
Il y a aussi des préoccupations concernant la protection des données et la vie privée. Comment Google y fait-il face ?
La protection des données est cruciale et reste une priorité absolue. L’IA offre d’énormes avantages, mais chaque application doit être soigneusement pesée sur le plan éthique. Nous collaborons avec les gouvernements, les entreprises et les ONG pour assurer une utilisation responsable de l’IA. Des réglementations telles que l’AI Act en Europe jouent un rôle important à cet égard. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les opportunités économiques et la protection de la vie privée.
La durabilité est aussi une des préoccupations. Quelles sont les mesures spécifiques de Google à cet égard ?
La durabilité est une priorité absolue pour Google. Nous nous efforçons de rendre nos centres de données plus durables et, depuis 2017, nous compensons 100% de notre consommation énergétique par des énergies renouvelables. De plus, nous visons la neutralité carbone d’ici 2030, devenant ainsi la première grande entreprise technologique à franchir cette étape. L’IA contribue également à promouvoir la durabilité, par exemple dans la gestion du trafic et l’efficacité énergétique de nos infrastructures.
Pour finir, quelle est votre vision pour la Belgique en matière d’IA ?
La Belgique a le potentiel de jouer un rôle de leader dans l’innovation en matière d’IA. Il est crucial que nous, en tant que pays, embrassions l’IA et l’utilisions pour renforcer notre position concurrentielle. Cela signifie investir dans les personnes et la technologie et s’assurer que nous – gouvernement, monde des affaires et universitaires – saisissions les opportunités offertes par l’IA. C’est l’occasion de faire la différence. Nous devons veiller à ne pas commettre les mêmes erreurs que lors du boom du commerce électronique, où nous avons raté le coche.
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