41e Art Brussels : richesse de l’offre, nouvelle section et vague de visiteurs. Le rapport annuel d’UBS – Art Basel 2025 vient de le confirmer : en 2024, le marché de l’art a ralenti. Pourtant, en janvier, la BRAFA annonçait des ventes meilleures qu’espéré, et la TEFAF, en février, a encore battu des records.
Nele Verhaeren, à la tête d’Art Brussels depuis 2021 (l’une des deux plus anciennes foires européennes) et qui a porté Art Antwerp sur les fonds baptismaux, est un atout-maître pour les deux foires. Enthousiaste et franche, elle sait la période incertaine, mais reste confiante.
Les premières heures d’ouverture, aux allées grouillant de monde, ont confirmé l’élan de cette édition riche et variée. Les chiffres l’attestent : 64 nouvelles galeries participantes sur 165. À côté des sections historiques, Invited (dédiée à la recherche qui est la signature de cette foire), et Prime (celle des galeries confirmées), une nouvelle section, 68 Forward, couvre la période créative de 1968, année de lancement de la foire, à 2000. La demande a été forte : 14 galeries de Buenos Aires à Zurich, de Bucarest à Paris) et le Belge Maurice Verbaet.

La peinture est magnifiquement représentée chez Xavier Hufkens, notamment avec le Bruxellois Walter Swennen. Maruani-Mercier déploie les chevauchées de couleurs du Sud-Africain Ryan Hewett et la mythologie de l’Américain Æmen Ededéen. Chez Almine Rech, Oliver Beer sème les pigments sur la toile, au gré des déplacements d’air de la musique.
Au registre des vibrations, le Belge Quentin Grosjean (QG Gallery) mise tout sur un solo show de l’Allemand Frank Gerritz (High End and Above). Ce dessinateur minimal construit ses formes au bout de sa mine de crayon. Son installation Lager III se compose de boîtes alignées appariées à des dessins. Ses surfaces aux gris veloutés demandent un temps fou : 26 années de maturation pour sa pièce Seraphic Light.
De Lisbonne à l’Afrique
Le Lisboète José Loureiro, chez le Parisien Florent Maubert (qui le qualifie de « génial », à juste titre), crée des silhouettes bondissantes et cocasses avec sa série sur papier Vocation des acariens et ses grandes huiles intitulées Narcisse, succession désopilante de danseurs dégingandés.

Autre Lisboète chez Jahn und Jahn (Berlin, Lisbonne), Jorge Queiroz, dans la lignée d’Ensor ou Victor Brauner, compose un théâtre de couleurs peuplées de figures. Liam Everett fait jaillir les siennes dans des plans qui s’entrechoquent.
Après l’un des très beaux stands de Ceramic Brussels en janvier, Sorry We’re Closed présente la paraguayenne Julia Isídrez, née dans une famille d’artisans, qui perpétue les techniques précolombiennes de la céramique dans des pièces zoophormes émouvantes et comiques. La maison familiale a été transformée en Casa Museo Juan Marta Rodas-Julia, où elle crée et enseigne ses connaissances en ateliers.

La parisienne Magnin-A révèle Ndary Lo, sculpteur sénégalais décédé en France, créateur d’hommes en marche, ici présent avec une femme pensive accoudée au sol, et Amadou Samogo, peintre malien destiné à devenir ingénieur. Présent dans plusieurs musées américains, ses personnages assis et flottants sur des à-plats de tonalité offre une réminiscence de Bill Traylor.
La photographie devient poème chez Bigaignon (Paris), avec Chris McCaw qui imprime les brûlures du soleil sur papier photo argentique aux fibres périmées. La série de visions urbaines nocturnes d’Aaron Scheer, se situe aussi à la limite du visible (Falko Alexander Gallery).
Fin le 27.04