Fils d’un grand industriel français, Arnaud Zannier a réinventé l’hôtellerie haut de gamme en initiant une approche plus humble du luxe, loin de l’ostentatoire. Son but? Créer de l’émotion dans chacune de ses destinations.
Rencontre avec Arnaud Zannier
Vous êtes à la tête d’une des collections d’hôtels les plus exclusives et singulières au monde. Quelles sont les destinations où trouver vos cocons d’exception ?
L’histoire de Zannier Hotels a commencé en 2012 avec l’ouverture de notre Chalet à Megève. On a ensuite développé le Resort Phum Baitang au Cambodge, Omaanda et Sonop en Namibie et puis le petit dernier : le Bãi San Hô au Vietnam avec ses 100 hectares. Pour ces cinq hôtels, nous sommes aussi bien les investisseurs que les opérateurs. Il y a deux ans, nous avons gagné un appel d’offres pour devenir l’opérateur d’un hôtel de 93 chambres appartenant à la famille Ricard sur l’île de Bendor. Un gros projet sur lequel nous travaillons actuellement et qui ouvrira ses portes en 2026. Comme pour chacun de nos hôtels, nous nous occupons de l’architecture d’intérieur mais aussi de la recherche du mobilier et du suivi de chantiers, de manière à garantir l’unicité et l’adéquation de la marque.
On a entendu dire que c’était la Belgique qui vous avait inspiré le goût des atmosphères simples, vraies, imparfaites… Vous confirmez?
C’est vrai. Quand je me suis installé en Belgique il y a 20 ans, j’ai découvert l’élégance de l’imperfection grâce à des créatifs comme Axel Vervoordt ou encore des lieux et des environnements très simples mais très raffinés qui correspondaient parfaitement à ma vision du beau. Cette approche très pure de la décoration – avec une attention particulière aux matières brutes comme le bois, la pierre et les enduits – est commune en Belgique et unique au monde. Ces codes et techniques en matière de design d’intérieur ont résonné en moi au point de devenir une passion.
Fils de Roger Zannier (fondateur du groupe de mode enfantine Kidiliz Group), vous auriez pu suivre les traces de votre père… Pourtant vous avez décidé de vous lancer dans un secteur totalement différent et de surcroît, hyper concurrentiel, celui de l’hospitalité. Pourquoi?
En 2002, j’ai créé la marque de chaussures n.d.c. made by hand et mon père souhaitait que je le rejoigne dans l’entreprise familiale… Mais j’avais envie d’autre chose. À ce moment-là, je voyageais beaucoup et aucun hôtel ne répondait à mes attentes en termes d’atmosphère et d’expériences. C’était la tendance des hôtels mode avec une décoration ostentatoire signée par de grands noms comme Philippe Starck ou Jacques Garcia. Au même moment, je rénovais ma maison dans la campagne gantoise et je me suis pris de passion pour la décoration et l’architecture d’intérieur. J’ai alors eu l’idée de développer une marque hôtelière différente de ce qui existait déjà. Mon père m’a suivi dans le projet et quand on a eu l’occasion d’acheter l’ancien restaurant de Marc Veyrat à Megève, on a agrandi la bâtisse principale pour en faire un petit hôtel de 12 suites au luxe discret. En 2011, notre aventure dans l’hôtellerie commençait…
« Pour moi, voyager, c’est un art de vivre mêlant émotion, authenticité et enchantement »
Vous avez ensuite ouvert un splendide resort au Cambodge et puis un autre en Namibie et ce, grâce à Angelina Jolie !
L’ouverture de hôtel de Siem Reap était un gros challenge car on faisait face aux plus grands noms de l’hôtellerie. Aujourd’hui, il est l’hôtel qui fonctionne le mieux dans la région grâce à sa singularité : un accueil décontracté, des expériences authentiques comme la ferme Khmère centenaire réhabilitée qui abrite son bar à cocktails ou encore son espace bien-être de 600m2 ancré dans la culture locale comme dans la nature. Nos lodges en Namibie sont un peu le fruit du hasard… L’histoire est marrante. J’ai rencontré Angelina Jolie en 2015 alors qu’elle avait privatisé la moitié de notre resort de Phum Baitang pour le tournage de son film First they killed my father qu’elle réalisait au Cambodge. Elle a été tellement séduite par l’hôtel qu’elle a voulu me mettre en contact avec Rudie, l’un de ses amis qui gère une fondatin pour la protection de la faune et de la flore locale.Sur place, j’ai eu un véritable coup de cœur pour le pays, tant pour la sensation de liberté qui émane de ses grands espaces que pour la beauté de ses paysages. Je me suis associé à la fondation Naankuse, et c’est ainsi qu’est née la Zannier Reserve sur laquelle se trouve Omaanda.
Vous avez ensuite ouvert Sonop, le second lodge de Zannier Hotels en Namibie, un endroit à couper le souffle à voir, selon nous, au moins une fois dans sa vie. Pourquoi cet endroit est-il si spécial à vos yeux?
Sonop est notre bébé. On l’a véritablement sorti de terre en huit mois de temps. Chaque pièce de mobilier a été acheminée jusqu’ici à bout de bras. La ville la plus proche se situe à trois heures de route ! Mais le plus important à Sonop, c’est l’humain ! Notre souci est d’offrir au visiteur une expérience inoubliable dont il se souviendra toute sa vie. Ici, on est connecté à une seule chose : la nature. Chacun peut l’appréhender à sa manière grâce aux différentes activités proposées : une séance de méditation face à l’immensité du désert, une excursion à pied, en VTT électrique ou à cheval dans les dunes de sable, une séance de cinéma en plein air pour (re)voir Out of Africa, un vol en montgolfière ou encore un soin traditionnel au spa… On est également (et surtout) connecté.e à soi-même, le lieu invitant à la contemplation, à l’introspection et au bien-être.
Comment arrivez-vous à surprendre les gens qui ont tout vu, tout connu?
Par l’authenticité et la simplicité, un service discret et sur mesure, des expériences uniques dans un cadre élégant, une cuisine humble, inspirée du patrimoine local, et réalisée uniquement avec des produits de saison, frais et de première qualité… En fait, nos endroits sont plein de bienveillance, d’amour et de partage à l’image de notre restaurant Nonna Bazaar à Minorque où le client est reçu comme à la maison avec des plats simples et réconfortants.
Dites-nous tout sur vos nouveaux projets comme ce nouvel hôtel qui ouvrira ses portes en mai 2026 sur l’île de Bendor?
L’île de Bendor dans le Var est un des fiefs de Paul Ricard depuis les années 50. Ça fait plus de deux ans qu’on travaille main dans la main avec la famille pour imaginer ce projet. Leur désir est de créer un hôtel cinq étoiles haut de gamme sur le domaine familial tout en gardant un esprit authentique et un service qui fait la part belle aux expériences vraies. Leur désir rejoignait donc parfaitement l’ADN de notre marque qui nourrit depuis 13 ans une approche pure et simple de ce qu’est le luxe aujourd’hui. Et puis, on a aussi un projet à NEOM, une mégalopole futuriste de la taille de la Bretagne, érigée sur les bords de la mer Rouge. Un chantier pharaonique piloté par Mohammed Ben Salmane, prince héritier d’Arabie Saoudite. Ce qui me plaît ici c’est le challenge d’imaginer l’hôtellerie de demain avec nos codes à nous.
Quelques chiffres sur Zannier Hotels
• Cinq hôtels ouverts (148 clés)
• Trois hôtels en développement
• Présence sur trois continents
• Fondé par Arnaud Zannier en 2011