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Amélie et Ann-Gaëlle Bekaert : « Enfants, nous jouions déjà à cache-cache dans les rouleaux de tapis »

Les trentenaires Amélie et Ann-Gaëlle Bekaert font souffler un vent nouveau à travers l’entreprise de tapis BOMAT. Les deux sœurs ont redonné une identité moderne à l’entreprise, loin de l’image poussiéreuse parfois encore associée aux tapis.

BOMAT a été fondée en 1983 lorsque leur père, Jan Bekaert, en collaboration avec un partenaire tibétain, a lancé sa première collection de tapis tissés à la main. Dès le départ, l’artisanat était fondamental, avec une production initiale au Népal, puis en Inde, un pays réputé pour sa riche tradition de tissage. Aujourd’hui, les unités de production sont toujours basées dans l’usine familiale à Bhadohi, en Inde, où sans sous-traitants, des artisans qualifiés créent des tapis sur mesure.

En 2018, à la suite d’un voyage à Bhadohi, Amélie décide de rejoindre l’entreprise et quelques mois plus tard, sa sœur Ann-Gaëlle saute le pas à son tour. En janvier 2019, les jeunes femmes reprennent le flambeau. « Nous avons littéralement grandi parmi les rouleaux de tapis. Enfant, nous jouions à cache-cache dans le dépôt rempli de tapis. Notre affinité avec les tapis a toujours été présente, d’autant plus que nous venons aussi d’une famille créative », explique Amélie.

Nouvelle image

« Nous avions 27 et 26 ans et nous voulions que le look and feel reflète notre personnalité. C’est pourquoi nous avons passé deux ans à réorganiser tout le catalogue, ce qui nous a permis de repositionner la marque et de lui donner une nouvelle image. Nous avons examiné notre collection existante et tenté de créer une histoire forte. Nous avons mis à jour les couleurs, et nous avons également porté beaucoup d’attention au marketing, aux réseaux sociaux et à l’identité visuelle, des éléments très importants de nos jours. Le processus organisationnel fut intense, notamment parce qu’il fallait aussi coordonner le déménagement vers un nouvel emplacement. »

En mars, les entrepreneuses ont présenté leur première collection de tapis au Collectible Design : Clayscape: Runners and More, une ligne aux tons inspirés de la terre, se basant sur leur première collection Clayscape, qui a marqué le début de la nouvelle vision de BOMAT.

Début avril, elles se sont rendues à la Semaine du Design de Milan, où elles ont présenté Fourfold, un tapis spécialement conçu qui incarne la synergie des matériaux, textures et couleurs. « Ce tapis reflète la vision collective de Fourfold, notre partenariat créatif avec Bieke Casteleyn, Designs of the Time et J. Adams. Fabriqué avec des lignes organiques et des variations subtiles dans la hauteur des poils, Fourfold joue avec la profondeur et le mouvement, créant une expérience tactile qui met en valeur n’importe quel espace. »

Début avril, les entrepreneures ont présenté Fourfold à la Milan Design Week, un tapis conçu pour incarner la synergie du matériau, de la texture et de la couleur. © Felix Speller
Début avril, les entrepreneures ont présenté Fourfold à la Milan Design Week, un tapis conçu pour incarner la synergie des matériaux, textures et couleurs. © Felix Speller

Les sœurs Bekaert se rendent également régulièrement dans leur usine en Inde où les tapis sont fabriqués à la main sur des métiers à tisser et des cadres tuftés, permettant à l’entreprise en Belgique de développer des textures sur mesure. En Inde, BOMAT travaille avec le WIN (Widows & Women In Need), un programme pour les femmes marginalisées telles que les veuves ou celles appartenant aux castes inférieures. « Nous collaborons avec le gouvernement de Bhadohi pour trouver des femmes qui ne peuvent plus s’appuyer sur leur famille. Le gouvernement les identifie, et nous offrons des emplois dans notre usine avec des opportunités d’entrée facilement accessibles. Cela leur permet de devenir financièrement indépendantes et de travailler dans une communauté de femmes ayant des expériences similaires. Dans l’usine, les femmes s’occupent principalement du travail préparatoire avec les fils, tandis que le tissage et le tuftage sont réalisés par les hommes ».

Transparence

La durabilité occupe également une place majeure chez BOMAT. Rien n’est caché et tout est fabriqué sur demande et sur mesure pour éviter la surproduction. « Nous voulons laisser un monde meilleur aux générations futures en misant sur des matériaux et des processus durables. Nous utilisons principalement des fibres naturelles comme la laine, la soie et le lin, et nous réduisons l’utilisation de fils synthétiques comme le polyester. Notre production est essentiellement artisanale, avec un tissage sur des anciens métiers à tisser et le minimum de travail mécanique pour réduire l’impact environnemental et garantir la qualité. »

L’année dernière, l’entreprise gantoise a connu une croissance de 25 % par rapport à l’année précédente, une croissance que les sœurs Bekaert souhaitent maintenir dans les années à venir. « L’année dernière, nous avons remporté de beaux projets comme l’hôtel boutique Maison Colette à Westerlo où nous avons fourni tous les tapis. Nous souhaitons à l’avenir embrasser davantage de projets de ce type. »

Aujourd’hui, BOMAT est actif dans de grandes parties de l’Europe – notamment en Scandinavie, en France, en Espagne, en Autriche et aux Pays-Bas. À l’avenir, les sœurs souhaitent « continuer à développer la marque toujours plus loin dans le monde ».

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