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Alumni 30 Under 30 : ma vie d’entrepreneur a démarré quand j’avais 15 ans

Avec des grands cousins aux études et jobistes, Jeroen Poels a rapidement trouvé des rôles modèles pour se prendre en charge. « J’ai commencé en faisant la plonge. J’aime raconter cette histoire parce que cela montre où l’on peut arriver en commençant par là. » Il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise spécialisée dans le recrutement, la formation et le placement d’étudiants multisectorielle, Deltaworx et fait partie de la renommée cohorte des Forbes 30 under 30. 

Jeroen Poels commence à travailler à 15 ans dans l’horeca et ses patrons lui demandent rapidement d’être serveur puis de devenir maître d’hôtel « Je demande alors à être aussi responsable du staff, car je ne peux pas répondre les problèmes de gens que je n’ai pas choisi ni géré. » Le tout premier pas dans l’entrepreneuriat est posé lorsqu’une société d’événementiel lui demande de faire le même job, tout en étudiant à la haute école de business management à Anvers. « J’ai commencé à réaliser que le statut des étudiants changeait, notamment fiscalement. Leur disponibilité est différente : là où auparavant les étudiants travaillaient pendant les vacances, ils travaillent aujourd’hui toute l’année. » 25% des étudiants actifs travaillent parce que leur situation les y oblige, soit pour payer leurs études, soit pour contribuer aux charges de la famille (surtout pour les étudiants d’origine allochtone). 

Deltaworx possède aujourd’hui 7 bureaux en Flandre et à Bruxelles dont 3 agences physiques et des bureaux digitaux. Le bureau forme et place des étudiants dans la logistique, le retail, la production, l’horeca, les supermarchés ainsi que pour tout travail de bureau comme la finance, le marketing, le service client, la vente,… « en bref, nous pouvons opérer dans tous les secteurs. » L’entreprise table sur une forte croissance pour les 5 prochaines années en Belgique, tripler les effectifs et multiplier les revenus par un facteur de 3 à 5. « Au plus les étudiants avancent dans leurs études, au plus ils peuvent prétendre à des jobs plus qualifiés, plus rémunérateurs. Ils peuvent exercer en commercial, les finances, le juridique, la gestion, tout est possible. Mon plus grand privilège, c’est de pouvoir modéliser l’entrée de la Gen Z sur le marché de l’emploi. » témoigne-t-il. Durant les dernières années, ce sont 55 000 étudiants qui ont été recrutés. La démarche est standardisée notamment avec l’aide de la tech afin de faire face au volume et d’être en mesure de personnaliser selon les profils « pour ceux qui font l’extra mile et non pas à la tête du client. » 

Les levés de fonds ont été faites en 2015 et 2017 ainsi qu’une campagne de crowdfunding « pour le fun ». La Wallonie est prévue pour 2026 « La Wallonie pour un entrepreneur flamand, c’est comme s’internationaliser. Nous le ferons quand nous seront suffisamment forts. »  

Le CEO confie avec grandi avec la croissance de son agence. Celui qui est un visage pour les entrepreneurs en Flandre à travers un talk-show aimerait qu’on adopte et répande un discours vérité et positif autour des réalités d’entrepreneurs. « En Flandre, on parle du gunfactor, c’est un contexte général qui favorise le succès. Gunnen veut dire : « se réjouir de façon désintéressée pour le succès de quelqu’un d’autre. » Comme lorsqu’il est nommé parmi la prestigieuse cohorte des Forbes 30 under 30. « Le plus grand des honneurs, c’est d’être nommé dans la catégorie social impact. » témoigne-t-il avec fierté. « Ce classement a quelque chose de mythique et mystique à la fois. On sait juste que des personnes parlent de vous et que vous êtes repérés. » Ce qu’il décrit comme le Saint-Graal pour chaque entrepreneur lui a conféré une crédibilité supplémentaire dans son positionnement.

Le trentenaire plaide pour plus de fierté, plus de partage du succès pour faire fleurir les talents et plus de tolérance pour l’échec. « Quand on parle de ce qui n’a pas marché, c’est presque avec un goût toxique du désastre, alors que c’est juste normal dans un parcours. »

Le succès a été quasi immédiatement suivi de difficultés puisqu’en étant le plus jeune CEO de Belgique et en captant l’attention des médias, son agence a fait l’objet de beaucoup de contrôles et ils ont dû, pour être reconnus comme une agence d’intérim changer radicalement de façon de travailler en quelques mois. « J’ai 19 ans lorsque je suis auditionné par le président de la commission qui me dit que je ne sais pas ce que je fais. Mes deux avocats m’ont donné un coup de pied sous la table pour que je me taise. Mais il avait raison, je ne savais absolument pas ce que je faisais. » confie-t-il avec humilité. « Je crois que mon ignorance m’a permis paradoxalement le succès. Il faut un bon équilibre entre ce déni et une approche solide pour ses bases. » 

Peu de temps après, l’entreprise traverse une passe critique due notamment à la gestion des flux financiers. « Je savais que j’étais ignorant, mais j’étais ignorant de ce que je ne savais pas encore. Je me rappelle avoir été à NY sur l’invitation d’une amie comme un roi et d’être revenu moins que rien en apprenant ces problèmes. » C’est pendant une rencontre entre « entrepreneurs à succès » qu’il livre son désarroi à des entrepreneurs expérimentés qui se mobilisent pour planifier une solution. « J’en ai encore la chair de poule, ça, c’est un véritable exemple du gunfactor. Je crois au pouvoir de la vulnérabilité. Mais je crois aussi que si on parlait plus de ce qui n’allait pas, moins de gens feraient des erreurs et la collectivité en profiterait. Les médias ont un impact considérable pour installer ce narratif. C’est d’ailleurs la première fois que je partage cela avec un journaliste. »

Le dirigeant insiste sur la nécessité de se connaître et d’apprendre de ses erreurs en sécurité. « Personne ne peut savoir tout faire. Il faut être honnête sur ses angles morts et s’entourer en conséquence. La vie a fait que j’ai commencé à travailler sur moi très jeune et la leçon, c’est qu’on écoute mieux les autres si on s’écoute soi-même. »

Salma Haouach
Salma Haouach
De formation ingénieure de gestion de Solvay en 2001, major finance, Salma Haouach a démarré sa carrière dans le secteur financier avant de travailler dans l’ingénierie marketing et la communication stratégique à Valencia, Casablanca, Bordeaux et Le Havre avant de revenir à Bruxelles il y’a 10 ans et poursuivre sa carrière dans le conseil en stratégie et leadership durable. Parallèlement, elle a construit une carrière médiatique comme chroniqueuse dans des médias audiovisuels nationaux à partir de 2008 (L’Express, La Première, La Deux, BX1), elle a créé un média online d'éducation aux médias (Le Lab.) puis éditant et présentant deux émissions économiques : Coûte que Coûte sur Bel RTL et Business Club sur LN24.

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