En deux ans, le prix moyen des loyers a bondi de 15% dans la capitale. L’offre y est en décrochage total avec la demande. Et aucune mesure ne devrait venir changer fondamentalement la donne à moyen terme.
Dans son baromètre annuel du marché locatif publié ce matin, la Fédération des agents immobiliers francophones de Belgique, Federia, tire un bilan alarmant pour l’année écoulée et ne promet rien de bon pour les années à venir.
Le constat le plus préoccupant est la baisse significative des contrats de bail à la location signés en 2024 (-10%) alors que la demande restait soutenue: la hausse continue des loyers qui en résulte est surtout sensible là où l’offre reste irrémédiablement en berne, de plus en plus réservée aux mieux nantis.
La rareté de l’offre fait le prix
Dans la capitale, les loyers atteignent désormais en moyenne 1.320 euros (+5%, hors charges). En Wallonie, on a franchi la barre symbolique des 800 euros. Même dans la province wallonne toujours réputée la moins chère, le Hainaut, le loyer moyen atteint 775 euros (hors charges), en hausse de 4,6%.
A Bruxelles, seule région où les locataires sont majoritaires (62%) par rapport aux propriétaires, les maisons mitoyennes, devenues particulièrement rares sur le marché, se louent en moyenne 2.220 euros. Pour les appartements, qui constituent l’épine dorsale du marché locatif avec 9 locations sur 10, le prix moyen est de 1.255 euros et de 854 euros pour un simple studio.
Désormais, seules trois communes –Ganshoren, Jette et Anderlecht– affichent encore des loyers moyens inférieurs à 1.000 euros pour un appartement. Laeken et Berchem-Sainte-Agathe ont dépassé ce seuil en 2024.
Les chiffres médians montrent que le marché locatif bruxellois est devenu nettement moins abordable en peu de temps, l’offre de logements à loyers modérés, si chère à certains édiles régionaux et communaux, s’y raréfiant considérablement. En 2024, seule la moitié des nouveaux locataires bruxellois ont payé 1.160 euros ou moins pour un appartement tandis que l’autre moitié a accepté de verser un montant supérieur pour pouvoir se loger.
Le locataire wallon n’est plus épargné
En Wallonie, le loyer moyen général, même s’il reste inférieur à celui des autres régions, atteint désormais 827 euros (hors charges, tous types de biens confondus). Le déséquilibre entre l’offre et la demande locative y grandit également -surtout sur les biens les plus accessibles- et s’explique par un pouvoir d’achat des ménages sous pression en raison d’une inflation persistante et de taux d’intérêt repartis à la hausse.
Dans le détail, les loyers du Brabant wallon restent largement supérieurs à ceux des autres provinces: une maison mitoyenne s’y loue en moyenne 1.306 euros, soit près de 500 euros de plus qu’en Hainaut (811 euros). Le même constat est observé pour les maisons jumelées. Si le Brabant wallon reste loin devant les autres provinces pour les différents types d’habitations, on constate néanmoins, au niveau des chefs-lieux wallons (centres-villes et agglomérations), que les loyers négociés à Arlon dépassent désormais ceux affichés à Wavre (951 euros vs 948 euros de loyer moyen pour un appartement), loin devant Namur, Mons et Liège.
Selon Federia, Dde nombreux ménages qui auraient pu accéder à la propriété ont dû reporter leur projet et se tourner vers la location, renforçant ainsi la tension sur le marché locatif où l’offre reste insuffisante pour répondre à cette demande accrue. Malgré certaines avancées relevées par la Fédération des agents immobiliers wallons -comme la baisse des droits d’enregistrement-, force est de constater que la révision tout juste annoncée des primes à la rénovation et le projet d’encadrement des loyers à Bruxelles vont dans la mauvaise direction. «Celle d’une politique du logement contre-productive qui a pour effet de freiner les investissements privés dans un immobilier décent, durable et accessible», insiste Charlotte De Thaye, la directrice générale de Federia.