Le taux d’inoccupation répertorié dans les rues commerçantes belges repart à la hausse. 11% des locaux commerciaux sont actuellement laissés vides, ce qui constitue selon les professionnels du secteur un nouveau revirement alarmant.
Selon le magazine professionnel de RetailDetail, les rues commerçantes du pays sont à nouveau en berne et désertées par les enseignes petites ou grandes. En 2025, selon le dernier inventaire de Locatus, expert du commerce de détail en la matière, 21.546 espaces commerciaux étaient recensés vides à travers le pays.
Après la crise du Covid et la période 2019-2021, la situation s’était pourtant momentanément améliorée. Et depuis l’année critique 2021, qui avait enregistré un taux de vacance de quasi 12%, la situation s’était légèrement améliorée.
Mais aujourd’hui, au grand dam des propriétaires en manque de locataires, le taux de vacance repart à la hausse. Les faillites récentes de quelques enseignes importantes, de Fun à Esprit en passant par Scotch & Soda, Bristol ou Tupperware, ont marqué les esprits et les rues les plus fréquentées du pays. Une exception toutefois, mentionnée par RetailDetail: les centres commerciaux seraient -pour l’instant- toujours épargnés: le taux de vacance moyen y plafonne autour de 7%. Et au Shopping Ring Kortrijk, par exemple, seuls 2% des espaces commerciaux sont vacants.
Les banques creusent le vide
Locatus considère les agences bancaires comme des enseignes commerciales comme les autres. Normal. Malgré la numérisation galopante des services bancaires ordinaires et les fermetures progressivement programmées depuis plus de 15 ans déjà, la Belgique comptait encore jusqu’à l’an dernier un nombre relativement praticable d’agences de proximité. Entre 2000 (12.751 agences répertoriées) et 2020 (4.232), deux tiers de ses banquiers locaux avaient pourtant déjà mis la clé sous le paillasson. Mais ces fermetures locales se sont encore massivement poursuivies l’an dernier: ING a supprimé plus de 100 agences et la fusion d’AXA avec Crelan a entraîné la fermeture de près de 100 autres points de vente. Au total, 300 points de vente bancaires ont baissé le volet et vidé les lieux, sans doute définitivement.
Des taux de vacance structurels effrayants par endroits
Plus préoccupant encore: le taux de vacance reparti à la hausse n’est ni uniformément réparti dans le pays ni temporaire par endroits. Les centres-villes de taille moyenne sont les plus touchés en pourcentage et en durée, avec un taux d’inoccupation moyen qui culmine à 17,5%. Les cas les plus extrêmes -et cela ne date pas d’hier- sont Charleroi (36,2% de vide locatif) et Péruwelz (32,8%), où un tiers des vitrines commerciales sont vides voire abandonnées.
Ce problème de vide locatif persistant est, depuis près de 20 ans déjà, un enjeu majeur pour les centres-villes belges, notamment en matière d’attractivité, de sécurité, de propreté… et de recettes et dépenses communales. Compte tenu des changements structurels et irréversibles dans le paysage commercial, Locatus n’hésite pas à lancer un pavé dans la mare et estime qu’il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que tous les locaux vacants soient occupés un jour à nouveau.
En la matière, il y serait sans doute pertinent, par endroits, de repenser l’affectation de certaines rues commerçantes irréversiblement vides sur base d’un cadastre détaillé et de les reconvertir, sous l’égide des pouvoirs locaux, en zones de densification du logement urbain.