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Henri PFR, 30 under 30 : à nouveau « Up in the Sky » après un gros passage à vide mental

En quelques années, le DJ Henri PFR est devenu une valeur sûre de la scène musicale et électro belge. Après une formation en piano classique, il se découvre une passion pour la musique électronique, dont il a fait son métier depuis 2014 déjà. Il a enjambé les marches quatre à quatre, au point de rapidement se produire dans les principaux festivals musicaux belges, dont Tomorrowland, puis s’exporter à l’international, avec le festival H2O en Asie ou l’Ultra Music de Miami. Il en a aussi profité pour partager ses connaissances lors de son passage comme coach de The Voice Belgique.
Artiste accompli et reconnu, avec des morceaux comme ‘Until The End‘, ‘Wanna Be Loved‘, ‘The Feeling‘, ‘No One Knows‘ ou ‘Wake Up‘, qui cumulent plusieurs centaines de millions de streams, cela ne l’a pas empêché de traverser un passage à vide mental, dont il est sorti encore plus fort, à l’image de son dernier titre « Up In The Sky », un chanson qui rend hommage aux personnes qui nous aident à dépasser nos limites et à devenir une meilleure version de nous-mêmes.
 
Henri PFR, y a-t-il eu un moment charnière dans votre carrière de DJ? 
 
Oui, cela s’est passé en 2014, quand j’avais 18 ans et que j’ai posté une mixtape sur YouTube, avec 1h de morceaux que j’enchaîne. Pour une raison que je peux difficilement expliquer, elle est devenue virale. En un coup, ma passion se professionnalise, je reçois des demandes pour aller mixer en soirée, en festival et un label me contacte. A 18 ans, je vois donc mon monde qui commence vraiment à changer et me rends compte que je peux potentiellement gagner ma vie avec la musique. Quelques semaines plus tard, je reçois un mail du très gros label Armada, du DJ néeerlandais Armin Van Buuren, qui veut signer mon morceau. A ce moment-là, je suis en première année à Solvay. Et pour la petite anecdote, j’étais dans l’auditoire avec Félix De Laet, qui n’est autre de Lost Frequencies, qui reçoit le même mail pour signer son titre « Are you with me ». Nous sommes finalement allés ensemble à Amsterdam signer notre premier contrat. Un mois plus tard, j’ai finalement décidé d’arrêter les études.
 
La musique n’était-elle pas conciliable avec les études? 
 
Je me suis demandé ce que j’allais faire, et j’ai pris le parti de me concentrer à 100 % sur la musique et de me donner un an, avec le soutien de ma famille. Et un an plus tard, la question ne se posait plus! C’était vraiment devenu mon temps plein, financièrement et professionnellement parlant. Ça a été vraiment le premier point clé de ma carrière, lorsque ma passion est devenue mon métier.
 
Vos managers décident ensuite de vous produire à l’Ancienne Belgique…
 
On est en 2016, deux ans après la décision d’arrêter mes études. L’Ancienne Belgique, ce sont tout de même 2.300 tickets pour remplir la salle. Pour moi, ça me semblait impossible à l’époque. Il s’est avéré que c’était vraiment bien pensé stratégiquement parlant. Les festivals qui m’avaient contacté se sont dit que je devais être un gros artiste pour annoncer une Ancienne Belgique et ils ont commencé à me mettre sur leur scène principale, et avec mon nom en grand sur leurs affiches. Les médias ont alors commencé à parler de moi, les radios ont soutenu mon morceau de l’époque ‘Until the end’. Mais pour le même prix, je faisais 50 personnes et je perdais énormément d’argent, en plus de ma crédibilité. La salle a bien été sold-out, et tout s’est accéléré. C’est le moment où ma carrière a véritablement pris un essor. L’année d’après, on a fait tous les plus gros festivals, avec des cachets qui deviennent subitement beaucoup plus importants et qui me permettent de professionnaliser davantage encore mon métier et mon entourage.
 
Arrive le Covid, et pourtant cela ne vous arrête pas…
 

The Voice Belgique m’a été proposé cette année-là et, pour moi, ce fut vraiment une bonne étoile. C’était une année où il n’y avait pas de show, où on n’écoutait plus vraiment la radio. Ça a été une année très dure, qui a fait un gros tri dans les artistes. Or j’ai eu la chance d’avoir un The Voice qui me proposait d’être coach. Pendant un an, les gens étaient chez eux et ont particulièrement regardé l’émission. Ce fut une magnifique expérience.

Pourtant, après The Voice, vous connaissez un passage à vide ? 

Oui, après l’émission, j’ai vraiment connu un moment de passage à vide, assez violent et assez sévère. J’ai eu une panne mentale. J’avais la sensation de me perdre d’un point de vue artistique. Je ne savais plus trop ce que j’aimais musicalement parlant et je me perdais dans ce que je faisais. J’avais mon label qui essayait malgré tout de me pousser mais ça prenait pas. J’allais dans tous les sens, je n’avais pas confiance en ce que je faisais. 2021, 2022 et 2023 ont été trois années très compliquées: les gens avec qui tu parlais à l’époque ne répondent plus à tes mails, les festivals qui te suppliaient de venir chez eux ne sont plus vraiment intéressés. J’ai alors connu un moment de redescente assez brutal. 

C’est un moment difficile à vivre pour un artiste? 

Oui, en tant qu’artiste, j’avais un peu une pression de toutes parts. Je voyais mes posts Instagram qui faisaient moins de like et que, lorsque je sortais un nouveau morceau, ça intéressait moins les gens, que les médias en parlaient moins. Il y a vraiment eu une rupture entre ce que moi j’avais envie de sortir et ce que les gens qui me suivent avaient envie que je fasse, ce que mon label avait envie de soutenir, ce que les médias voulaient partager. Je me sentais perdu. J’ai fait un morceau que je n’aimais pas, mais que j’étais persuadé que mon label allait adorer. Et puis j’en ai fait un autre que je n’aimais pas non plus, mais j’étais persuadé que les gens qui le suivaient allaient adorer, puis un 3e que je n’aimais pas mais j’étais persuadé que les médias allaient adorer. J’en ai aussi fait un que j’adorais, mais que les autres n’ont pas aimé. Il y a vraiment eu une rupture, il n’y avait plus rien qui avait du sens.

Comment êtes-vous sorti de cette impasse? 

En août 2023, je me retrouve sans label. En octobre suivant, je rencontre par hasard un jeune directeur de chez Warner qui me dit qu’il cherche justement des artistes. On a commencé à travailler ensemble en novembre 2023 et ce fut un renouveau pour moi. Cette personne m’a de nouveau guidé artistiquement et m’a mis en relation avec les bonnes personnes, ce qui m’a permis de me retrouver et de retrouver une nouvelle envie de produire et de créer des choses. Cette année, c’est la première année où je ressens vraiment l’envie de tout déchirer et que mon projet reprend.

Cette évolution a tout changé pour vous? 

Oui, j’ai apporté d’autres modifications importantes à ma carrière. Désormais, je travaille dix fois plus qu’avant. Et maintenant, je sais ce que je fais, dans quoi j’investis mon temps, pourquoi je travaille, là où, avant, par moments, j’étais un peu un jeune gars insouciant qui écoutait ce que des labels et des managers lui disaient de faire. A présent, c’est moi qui suis en contrôle de ce que je fais et qui dis à mes managers ce que je veux qu’ils fassent pour moi. Et je ressens que tout ce que je fais a beaucoup plus d’impact et plus de valeur.

Dans ce contexte, comment avez-vous accueilli la distinction de 30 under 30 ? 

J’ai été très heureux et étonné de ce prix. Ce qui est génial, c’est que ce prix Forbes n’est pas une distinction liée directement à la musique comme un disque d’or ou un D6bels Awards. Des prix que je ne renie pas du tout. Mais le 30 under 30 est plutôt lié à la carrière et au côté entrepreneur. Or il y a peu de gens qui considèrent DJ comme un vrai métier. Je trouve que les mentalités sont en train de changer et ce prix permet, selon moi, cette reconnaissance. Le prix a eu un impact dans les réactions que j’ai reçues, que ce soit d’amis ou d’oncles et tantes, plus âgés et qui ont toujours eu un peu du mal à considérer ma profession comme un vrai métier. Ça donne une sorte de crédibilité à ce que je fais et c’est super chouette comme reconnaissance. Et puis le monde entier connait Forbes! Ça a clairement un impact et je suis curieux de voir celui qu’il pourra avoir à l’international.

 

Quel est l’avenir pour ce « nouveau » Henri PFR ?

Mon plus grand rêve, c’est de pouvoir être dans dix ans là où je suis encore aujourd’hui. A faire mon travail, aller en studio, jouer sur mon piano. Etre payé pour faire ça et aller en tournée. C’est pour cela que je me bats tous les jours, pour que ça ne s’arrête pas, tellement j’adore mon métier. J’aimerais aussi avoir un disque d’or ou de platine dans un pays extérieur à la Belgique, sur un titre à moi. Par exemple en France, en Suisse ou en Allemagne. Et puis ce serait le sommet si je pouvais un jour me produire lors du festival américain de Coachella.

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