Le virus pour l’informatique, Maxime et Julien l’ont attrapé dès leur adolescence. Ne pouvant pas avoir de jeux vidéos, ils ont décidé d’en développer un eux-mêmes à l’âge de 13 ans. Nous sommes alors en 2002. Ils ont ensuite mené des études d’ingénieur civil, le premier se spécialisant en gestion, le second dans l’ingénierie logicielle.
Un rachat par un entrepreneur de la Silicon Valley…
A l’issue de leurs études, en 2010, ils lancent une plateforme internationale proposant des mangas coréens traduits en anglais qui s’est imposée rapidement comme précurseur du Webtoon en Europe. Ils rencontrent un grand succès, jusqu’à 100.000 lecteurs mensuels. Ils tapent alors dans l’œil d’un important entrepreneur de la Silicon Valley qui leur fait une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser.
« On avait alors pas mal d’argent. Mais pas assez pour en vivre toute notre vie », explique Maxime Deuse à Forbes. Dans la foulée de ce rachat, les deux frères décident dès lors de lancer leur société d’ingénierie informatique Deuse en 2017, non sans intégrer avant cela le VentureLab, l’incubateur relié à l’université de Liège. « C’était notre première expérience et on était donc assez jeunes et naïfs », concède-t-il.
Les jeunes patrons y suivent un coaching auprès d’entrepreneurs chevronnés et sont challengés sur leurs concepts et idées. Cela les a beaucoup aidé pour la croissance de leur entreprise: « C’est en effet toujours mieux d’apprendre des erreurs des autres. Cela fait moins mal et permet d’aller plus vite et plus loin », argumente Maxime Deuse.
…et puis le succès avec Deuse
Un an plus tard, grâce au réseau, aux outils et aux conseils reçus, l’entreprise Deuse a officiellement vu le jour. Et depuis, le succès ne se dément pas. La société, spécialisée en développement d’outils digitaux sur-mesure, double de taille tous les ans, et ce sans financement externe, expliquant sa croissance organique par les recommandations de la part de clients satisfaits. Elle emploie désormais entre 40 et 45 personnes.
Son chiffre d’affaires est passé de 800.000 euros en 2020 à 1,6 million d’euros un an plus tard. Il n’a fait que croitre, passant à 2,2 millions en 2022, 2,8 millions en 2023 et devrait atteindre les quatre millions en 2024.
« Nous avons une idée et vision: être reconnus au niveau belge pour nos projets, et plus seulement dans la région liégeoise », ambitionne Julien Deuse. Les activités de l’entreprise sont encore relativement locales, avec des projets à Liège, bien sûr, mais aussi à Namur, dans le Brabant wallon ou dans le Limbourg, où Deuse gagne petit à petit en notoriété.
Pour les deux frères, les activités au nord du pays ne sont ainsi plus marginales et les projets s’y multiplient, que ce soit pour la brasserie Lindemans, l’UGent, l’Imec ou encore l’application mobile Trenara, utilisée par 15.000 adeptes de course à pied.
L’entreprise a en outre récemment décroché un marché public pour le Parlement de Wallonie. « Une vraie reconnaissance », selon Maxime Deuse, qui, avec son frère, espère aussi une reconnaissance européenne. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous souhaitons être plus actifs et rayonner à Bruxelles », glisse Julien Deuse.
Dans la capitale, Deuse ne profite encore que d’un bureau de représentation commerciale. Mais la société espère pouvoir changer cette situation cette année et faire de ce bureau l’égal de son siège liégeois et de son antenne à Hasselt, dans le Limbourg, ouverte en 2023.
Forts de leur succès, les deux frères ont reçu il y a quelques mois le prix d’Etincelles de Wallonie, qui met à l’honneur des jeunes de 18 à 35 ans à l’action remarquable. « Cela nous a donné une belle notoriété mais aussi une légitimité qu’on avait peut-être pas, par exemple dans le secteur public où on n’était pas du tout actif », analyse Maxime Deuse. « C’est aussi une reconnaissance pour les équipes autour de nous. Cela montre qu’on est sur la bonne voie », conclut Julien.