Après une rénovation lourde longue et compliquée, l’immense complexe hôtelier de la place Rogier est rebaptisé Cardo Brussels. Avec 532 chambres et suites, il offre désormais la plus importante capacité hôtelière de la capitale.
Drapés en façade d’une reproduction géante du célèbre autoportrait Le fils de l’homme de René Magritte, les murs de l’ex-Sheraton ont rouvert leurs portes cet été. Mais la piscine en rooftop, qui restera ouverte toute l’année, et le bar panoramique voisin, l’Akai, ne sont accessibles au public – résidents comme visiteurs extérieurs – que depuis quelques jours. L’ensemble a été décoré et réanimé au goût du jour par le designer international Saar Zafrir, dont la palette est déjà visible à Bruxelles au restaurant Le Conteur ou dans l’hôtel Craves.
Fermé depuis près de 8 ans et rebaptisé Cardo Brussels, le complexe hôtelier héberge également le restaurant principal, le Gritto, le bar Doodles, une salle de sport ultramoderne et un espace wellness. On y ajoutera encore de vastes salles de réunion ciblant la clientèle d’affaires, qui resteront ouvertes toute l’année. L’investissement global dépasse les 100 millions d’euros.
« Cette cible internationale de voyageurs professionnels est pour l’instant trop peu captée par la capitale de l’Europe »
Des voyageurs professionnels courtisés
« Cette cible internationale de voyageurs professionnels est pour l’instant trop peu captée par la capitale de l’Europe, où l’offre d’infrastructures de taille pour les congrès et conférences manque cruellement ou n’est plus adaptée aux standards exigés. Or pour notre organisation, l’ambition de Bruxelles à l’international en termes d’attractivité touristique et de MICE (Meeting, Incentive, Conferences and Exhibitions) est la clé: un grand centre de Congrès de 5.000 places manque cruellement aux équipements bruxellois. L’aboutissement du projet Kanal-Centre Pompidou est également attendu avec impatience. Et il va sans dire que l’amélioration des infrastructures de transports bruxellois et des stations est urgente également », insiste Rodolphe Van Weyenbergh, le secrétaire général de la Brussels Hotels Association (BHA).
Le secteur qu’il représente plaide pour un cadre propice et l’activation de leviers d’investissements publics-privés destinés au renforcement d’une offre hôtelière socialement et écologiquement responsable. Selon le secrétaire général de BHA, l’impact serait particulièrement bénéfique pour l’économie régionale: « Un passage de 7,16 (2023) à 10 millions de nuitées (objectif 2028) dans des hébergements reconnus et créateurs d’emplois représenterait entre 1.500 et 3.000 emplois créés », chiffre-t-il.
Les hôtels de capacité importante sont également un atout stratégique de poids pour capter la clientèle d’affaires. A ce propos, la place Rogier, futur hub hôtelier bruxellois offrant plus de 1.000 lits aux standards dernier cri gérés par les groupes Everland (Cardo Brussels, 532 chambres) et Pandox (DoubleTree by Hilton, 507 chambres), devrait prochainement clignoter sur les radars des tours opérateurs étrangers.
On ajoutera encore, pour être quasi complet, les réouvertures après transformation des mythiques Métropole (267 chambres) et Astoria (Corinthia, 126 chambres), l’ouverture programmée d’un second Motel One rue Royale (251 chambres), et celle d’un nouvel hôtel quatre étoiles de 316 chambres logé dans une aile de l’ancien Centre Monnaie, rebaptisé OXY après reconversion mixte.
Le plus grand Magritte
La reproduction géante du Fils de l’Homme, le tableau de Magritte qui orne depuis quelques jours la façade du nouvel hôtel Cardo, devrait également attirer les curieux du monde entier. S’étendant sur près de 75 mètres de hauteur et un peu plus de 55 mètres de largeur, celui-ci transformera le bâtiment de 30 étages rénové en un hommage à son auteur et constituera la plus grande reproduction à ce jour d’une œuvre du peintre surréaliste belge le plus célèbre. « La façade de l’hôtel accueillera d’ailleurs une nouvelle œuvre de Magritte tous les trois ans », annonce déjà le nouveau directeur des lieux, Duco Heijbroek.
Au sein de l’hôtel, l’influence du surréalisme est visible partout en clin d’œil. Le design intérieur comprend en effet des éléments fantaisistes tels que des tables basses en forme de parapluie, des mini-bibliothèques ornées du chapeau melon ou de la pipe emblématique, mais aussi un écran logé dans le hall d’accueil qui transformera les visiteurs de passage en avatars de dessins animés. « Ces détails ludiques créent un environnement mêlant réflexion et humour et offrent à nos clients une expérience unique et immersive », ajoute le directeur.
L’ADN de Cardo Hotels
Chaque hôtel du groupe Cardo (Autograph Collection joue d’ailleurs abondamment la carte du patrimoine local) reflète la culture et l’esthétique de la ville où il s’insère. Inspirée de l’esprit du « cardo », la rue principale animée de la Rome antique, la marque réinvente les expériences hôtelières comme un mélange de vie professionnelle et personnelle. L’avatar bruxellois suit de peu celui de Rome (584 chambres, 60.000 mètres carrés), premier du genre. Mais d’autres capitales sont dans le viseur des concepteurs et gestionnaires des lieux, la société belge Everland (25%), associée au puissant fonds international Aroundtown (75%).
« La façade accueillera une nouvelle oeuvre de Magritte tous les trois ans »
Etendre sa toile en se démarquant des grandes chaînes
En tout, le groupe de promotion immobilière et gestion hôtelière Everland aligne déjà aujourd’hui pas moins de 15 hôtels sous gestion et 13 projets développant des hôtels, encore, mais aussi 2.000 flats et 1.000 chambres d’étudiants répartis sur plusieurs pays européens.
Les frères Haïm, nouveaux princes de l’hôtellerie bruxelloise
Arrivés de Londres à Bruxelles vers 2007 à la tête du jeune groupe Everland, Avi et Ilan Haïm ont d’abord pris le temps de sentir le marché local. Mais depuis peu, ils multiplient les prises de position de taille, y compris sur le marché résidentiel, et gèrent aujourd’hui plus de 2.000 chambres d’hôtel dans la capitale belge.
Les deux frères, qui ont progressivement coupé le cordon avec leurs parents fortunés logés dans la City londonienne, préfèrent rester discrets malgré leur succès indiscutable sur le marché de la nuit bruxelloise, animée ou reposante. Depuis le début, ils ont pris soin de s’entourer des meilleurs sherpas locaux, parmi lesquels Avi Barmoshe, leur partenaire depuis les tout débuts, puis Michaël Goldberg, le patron de la société immobilière PhiCap. Discrètement, depuis 15 ans, ils enfilent les perles de couleurs en Belgique ou à l’étranger, avec le souci constant de se démarquer résolument des grandes chaînes internationales aux aménagements trop standardisés et sans âme.
Leur premier boutique hôtel local, le Pantone, décoré par l’architecte d’intérieur Michel Penneman, a déjà été rénové « british style » et rebaptisé Scott Hotel. Ont suivi dans le désordre, toujours avec Michel Penneman, le Yadoya (2017), logé dans les anciens ateliers du tailleur Scabal (quartier Nord) et inspiré de l’ambiance d’une auberge japonaise, l’hôtel Hygge (2017), qui propose un cocon douillet d’inspiration scandinave rue des Drapiers à Ixelles, l’Urban Yard (2010), logé dans deux maisons de style Art nouveau non loin de la gare du Midi, à Anderlecht, le Diegem Tribe, offrant pas moins de 275 chambres sur le seuil de l’aéroport de Zaventem. Ou encore Le Commérage, logé non loin de la Grand Place, au-dessus du restaurant Le Conteur: un petit hôtel vintage de 75 chambres qui a rapidement taillé des croupières aux trop classiques gros porteurs du coin.
Fleur de Ville sublime le bouquet
Aujourd’hui, toujours dans le même esprit, c’est l’hôtel Fleur de Ville logé au coeur de l’ex-siège central historique de la CGER, sis rue Fossé aux Loups, qui permet de comprendre toute l’étendue du savoir-faire subtil des frères Haïm, dans le pur respect des lieux historiques sublimés, quel qu’en soit le prix et avec Saar Zafrir à nouveau aux commandes.
Les murs centenaires, remarquablement conservés et sublimés, qui hébergeaient au siècle dernier les salons feutrés et moulurés de la direction de la banque belge, ont été revendus récemment par Immobel. L’ensemble du siège avait été racheté à BNP Paribas Fortis pour reconversion par Allfin Group dès 2011, juste avant sa fusion avec Immobel. Discret et de dimension réduite (48 chambres), ce nouveau venu sur le segment hôtelier de standing logé au cœur du Pentagone séduira à coup sûr une clientèle triée amoureuse des lieux historiques urbains dont l’ADN a su être préservé.
On ajoutera encore -une première hors de la sphère bruxelloise- la rénovation et le repositionnement récent du Château de Limelette en hôtel de 115 chambres avec piscine et spa.
Top 10 des hôtels bruxellois en activité
Nombre de chambres
- Cardo Brussels: 532
- Motel One Brussels: 490
- The Hotel: 420
- Thon Hôtel EU: 405
- Doubletree by Hilton Brussels City: 354
- Hotel Bedford: 313
- Nhow Brussels Bloom: 305
- President Brussels: 296
- Hôtel Indigo Brussels City: 284
- Radisson Collection Grand Place Brussels: 282