Au cours de l’été 2023, 540 000 Belges ont souscrit au bon d’État à un an pour un montant total de près de 22,5 milliards d’euros, une somme monstrueuse disponible depuis l’échéance début septembre. De quoi inciter les acteurs financiers à multiplier les offres alléchantes pour récupérer une partie de ce butin.
Que ferez-vous de votre argent à présent que le bon d’État émis à l’été 2023 est arrivé à échéance ? Vous vous êtes peut-être déjà posé la question, à moins que votre banquier ne l’ait fait pour vous. Certains acteurs financiers ne demandent qu’à mettre la main sur une partie de ce butin de 22 milliards d’euros. Le succès colossal du bon d’État était dû en grande partie à un avantage sur le plan fiscal, avec une retenue à la source de 15% au lieu des 30% habituels. Cet avantage fiscal ponctuel, dont le gouvernement s’est octroyé la primeur au détriment des banques conventionnelles, disparaît aujourd’hui. L’Agence fédérale de la Dette fixe le rendement de la nouvelle obligation d’État à un an à 1,925% net (brut, c’est 2,75%). Le bon d’état à 10 ans propose un coupon de 1,96% net après déduction de 30% de précompte mobilier. Le coupon brut est de 2,80%.
Vous envisagez d’engager votre capital libéré pour une année supplémentaire ? Ceux qui lorgnent des investissements à court terme, comme une maison ou une voiture, devraient opter pour l’ouverture d’un compte à terme à taux fixe. Les autres, qui peuvent se permettre de placer leur argent à plus long terme, ont intérêt à se renseigner.
Les banques se battent à coup de pourcents
La concurrence pour les milliards de bons d’État est féroce, les banques prenant rapidement des mesures avec des offres commerciales. Les quatre plus grandes banques belges, Belfius, BNP Paribas Fortis, KBC Bank et ING, ont déjà pris plusieurs initiatives dans l’intervalle, en proposant plusieurs offres promotionnelles, essayant de se surpasser les unes les autres. La Deutsche Bank et la Beobank sont également entrées dans la danse et de plus petits acteurs s’y joignent également. La VDK Bank a lancé de nouvelles obligations d’épargne d’une durée de un à dix ans, avec des rendements bruts de 3 à 2 %. Le bon du Trésor à un an offre un rendement net de 2,10 %.
Un bon d’Etat à un an ou un compte à terme avec un rendement net d’environ 2 % est-il la meilleure option pour réinvestir l’argent libéré ? L’inflation flirte toujours avec les 3 %. En réalité, avec un placement à 2 % net, vous perdez environ 1 % de pouvoir d’achat en un an. L’inflation flirte toujours avec les 3 %.
Les assureurs se lancent à leur tour dans la bataille
Outre les banques, d’autres acteurs financiers se manifestent. AG Insurance, par exemple, vise les milliards d’euros fraîchement libérés et accroît, pour les nouveaux clients, le taux d’intérêt garanti de son assurance-épargne la plus populaire. Celle-ci est commercialisée sous les noms Future Invest Bon et AG Invest+, offrant un rendement brut garanti de 2 % sur une durée de huit ans et un mois. Une participation bénéficiaire annuelle peut également être versée en fonction des investissements secondaires de l’assureur. Les nouveaux clients peuvent désormais compter sur un taux d’intérêt garanti de 3,50 % les deux premières années et de 2,25 % les années suivantes. II n’y a pas de précompte mobilier de 30 % sur cette assurance-épargne, mais une taxe sur la prime de 2 % et des frais d’entrée de 3 %. Selon AG Insurance, le rendement net sur les deux premières années s’élève à 2,875 %.
Ce n’est pas le seul assureur à tenter de faire main basse sur les milliards d’euros des bons d’État. Ethias a lancé deux produits d’assurance-épargne avec un rendement annuel brut de 3,10 ou 3,20 %, en fonction de la durée. Patronale Life a également augmenté le taux d’intérêt garanti sur son assurance-épargne Branche 21, et son homologue Baloise a annoncé de nouvelles promotions. L’assureur NN Belgium cherche également à croquer une part du gâteau. Evert van Meeuwen, gestionnaire de portefeuille chez NN : « Les opportunités du côté des assurances ne manquent pas. Au cours de l’année écoulée, la plupart des portefeuilles NN au profil relativement défensif ont fait mieux que les 2,81 % net obtenus avec le bon d’État en septembre. En investissant dans une assurance placement de la Branche 23, vous bénéficiez de plusieurs avantages. Vous choisissez votre niveau de risque, votre argent reste disponible et vous ne devez pas payer de précompte mobilier, comme c’est le cas pour le bon d’État. Comme il s’agit d’un contrat d’assurance-vie, vous bénéficiez également d’options intéressantes en matière de succession et de planification successorale. Toutefois, le capital n’est pas garanti et ce placement comporte des risques. Le mieux, c’est de faire appel à un courtier, qui peut fournir des conseils personnalisés. »
Que font les banques centrales ?
L’important est de suivre la stratégie des banques centrales. Si elles abaissent leurs taux directeurs, les emprunts auprès des banques peuvent redevenir moins chers. Dans le même temps, ces baisses pourraient entraîner une diminution des taux d’intérêt sur les produits d’épargne. La question se pose donc de savoir s’il est opportun de placer son argent uniquement sur des produits monétaires, surtout si on opte pour une échéance courte, comme un compte à terme à un an. À la fin de l’année, il faut à nouveau placer son capital, probablement à un taux d’intérêt plus bas. Dans le jargon financier, on appelle ça le piège d’opportunité. Les fonds obligataires ou les fonds d’actions sont peut-être de meilleures options dans ce cas. Si vous pouvez laisser dormir votre argent plus longtemps, il existe d’autres options que le bon d’État. Envisagez des fonds composés d’actions et d’obligations, éventuellement assortis d’une protection du capital, en fonction de votre profil d’investisseur. Contrairement aux comptes à terme, le rendement n’est pas garanti. Mais avec une durée plus longue, on obtient généralement un rendement moyen plus élevé. Vous préférez opter pour une plus longue échéance et un taux d’intérêt fixe ? Dans ce cas, l’assurance-épargne de la Branche 21 est faite pour vous. Il s’agit d’un contrat d’assurance qui prévoit un taux d’intérêt connu d’avance et qui peut éventuellement générer une participation bénéficiaire. Dans tous les cas, il est grand temps de se retrousser les manches.