En cette deuxième édition post-Covid, Beatrix Bourdon, directrice générale, rappelle que la BRAFA franchit un nouveau cap : créée en 1956, devenue en 1967 Foire des Antiquaires, organisée au Palais des Beaux-Arts, devenue internationale en 1995, installée en 2004 à Tour et Taxis, en s’internationalisant, devenue BRAFA en 2007, elle a pris ses quartiers au Heysel en 2022. Cette grande manifestation de la beauté y a gagné de l’espace : 5000m2 de plus, soit 21 000 m2.
« Nous sommes dans les Palais 3 et 4, mais avec une entrée et une sortie, ce qui clarifie le parcours. D’autre part, avec une distribution éclectique et non thématique des stands, le parcours plus libre favorise la surprise et la découverte ». Avec 132 exposants, donc 20 nouvelles galeries, mais seulement 4 de plus au total que l’an dernier, les stands sont plus aérés et la circulation plus fluide : « Nous n’avons pas forcément vocation à grossir, peut-être avec le temps atteindrons-nous le chiffre symbolique des 150 exposants, mais cette croissance devra rester organique et mesurée. »
Les visiteurs de la BRAFA sont « patients, ils ont une manière très personnelle d’aborder la foire : collectionneurs, conservateurs, amateurs, ils reviennent cinq ou six fois, comme dans un musée, avant de s’enquérir et de peut-être acheter ». Autre trait caractéristique, leur profonde connaissance des œuvres, et de leur histoire. Béatrix Bourdon tient à ce que la foire ne se hausse jamais du col et constate que « les exposants sont accessibles, dans une ambiance assez familiale que le visiteur ressent ». L’accessibilité du nouveau site du Heysel, à proximité du Ring et du métro, semble davantage attirer les Hollandais et les Allemands.
« Le monde entier en un seul lieu »
Au plan professionnel, cela reste « une foire par les marchands, pour les marchands ». Ainsi, le dîner de gala qui a lieu traditionnellement à la veille de la journée privée des collectionneurs est « cinq fois moins coûteux que celui de Paris : nous tenons à ce que ce soit un moment de partage convivial entre marchands et collectionneurs. Cela se fait donc au prix coûtant, sans bénéfice pour la foire ». Pour les marchands, une foire est un enjeu financier de taille : « beaucoup réalisent une très grosse part de leur chiffre de ventes annuelles à cette occasion ».
Pour les visiteurs, elle facilite la découverte : « vous pouvez découvrir 132 galeries du monde entier en quelques jours, en un seul lieu. » Parmi les nouveautés, nous enregistrons la présence de la galerie hollandaise Heutink Ikonen, spécialistes des icônes.
Depuis le Covid, souligne-t-elle encore, les galeristes sont devenus plus exigeants et réduisent leurs participations : « certains pouvaient enchaîner une dizaine de foires par an, et beaucoup ont révisé leur calendrier ». Certaines galeries sont à la fois présentes à la TEFAF et à la BRAFA, ou bien encore à Art Cologne ou à FAB Paris, le Salon d’antiquaires né en 2022 du rapprochement de l’ex-Biennale et de Fine Arts Paris, « mais un bon nombre ne choisissent que la BRAFA : pour preuve, les inscriptions chez nous étaient bouclées dès le mois d’août 2023 ».
Ne pas compliquer l’équation
Suite aux perquisitions spectaculaires lancées par les services du SPF Finances et des douanes depuis 2020, et notamment en 2023 sur les stands de quelques galeries d’antiquités (un mode d’intervention énergique guère de mise ailleurs en Europe), l’ensemble des grands galeristes spécialisés dans les Antiquités avait décidé de se retirer de la foire. « Cette année, la galerie parisienne Kevorkian, spécialiste de l’Orient ancien, est de retour. Je ne doute pas que les autres reviennent aussi, mais rétablir la confiance prendra du temps. Notons que les procédures engagées n’ont à ce jour abouti à rien et que la totalité des pièces a été rendue aux galeries visées. J’espère que les pouvoirs publics prendront conscience de la nocivité de ces interventions », souligne Béatrix Bourdon. C’est d’autant plus prégnant que dans le marché actuel, les galeristes ont « de plus en plus de difficulté à trouver des objets de qualité, notamment du fait de la concurrence des salles de vente ».
À ce titre, il serait « regrettable » que la hausse possible de la TVA à 21 %, qu’envisage le SPF Finances, vienne compliquer l’équation : « la ROCAD (Chambre royale des marchands d’art), la Chambre des Experts, la Chambre d’Art Actuel qu’anime notamment la galeriste Sofie van de Velde ont demandé un retour au régime antérieur à 1996, au taux de 6% ». Une telle décision, insiste la directrice générale, aurait des incidences au-delà des galeristes et marchands, et « toucherait tout un monde qui gravite autour de notre secteur : hôteliers, restaurateurs, encadreurs, peintres, garnisseurs, imprimeurs, transporteurs. Il ne faudrait pas faire fuir les galeries à l’étranger », ce qui déséquilibrerait ce monde.
www.brafa.art
28 janvier – 4 février