En cette Journée internationale des droits des femmes, il est essentiel de rappeler que l’égalité passe aussi par la reconnaissance et la valorisation des parcours féminins dans tous les secteurs, y compris l’entrepreneuriat. C’est dans cette optique que le 17 février dernier, l’agence de communication Nonante Cinq a lancé une initiative inédite : « 24H Entrepreneuses ». Cette campagne a pour objectif de mettre en lumière des femmes entrepreneures belges en leur offrant une journée entière d’exposition médiatique à travers interviews, reportages et articles, afin de rééquilibrer leur représentation dans les médias économiques et grand public.
L‘entrepreneuriat féminin est en pleine expansion en Belgique. Selon les dernières données de StatBel et de l’INASTI, les femmes représentent 34,5% des travailleurs indépendants et 37,5% des nouvelles entreprises en personne physique sont créées par des femmes. Cette progression notable illustre un dynamisme entrepreneurial fort, mais se heurte encore à un manque de visibilité persistant. Dans la presse économique, les femmes sont rarement mises en avant, constituant seulement 26% des intervenants, souvent dans des rôles de témoins plutôt que d’expertes. Face à ce constat, Nonante Cinq a conçu « 24H Entrepreneuses » pour inverser cette tendance et encourager une meilleure représentation des entrepreneuses.
Des profils très variés
L’appel à candidatures, ouvert jusqu’au 4 février, a rencontré un engouement considérable avec plus de 180 dossiers reçus en seulement quelques jours. Le comité de sélection a analysé la diversité des profils, tant en termes de secteurs d’activité que de localisation géographique, pour retenir cinq entrepreneuses dont les parcours et projets incarnent le dynamisme et l’innovation féminine en Belgique.

Alice Wiliquet a fondé le Domaine de la Faisanderie, un concept unique de tiny houses écoresponsables situées en pleine nature à proximité de Braine-l’Alleud. Adeline Stals, architecte de formation et co-fondatrice de la start-up Airplan, a développé une solution digitale révolutionnaire pour automatiser les demandes de permis d’urbanisme et réduire les lourdeurs administratives. Caroline Haniszewski, forte de plus de quinze ans d’expérience dans l’événementiel, a lancé Hey Charlie, une agence de staffing innovante réunissant une communauté de 500 travailleurs qualifiés. Camille Gobert a cofondé Sanalio, une start-up qui réinvente l’alimentation canine avec une alternative saine, personnalisable et biologique. Enfin, Aude Mirerekano, infirmière de formation, a fondé Yoroshe, un centre de santé capillaire spécialisé dans la trichologie, une discipline encore peu connue en Europe, visant à traiter les problématiques du cuir chevelu et de la chute des cheveux.
Modestie rédhibitoire ?
Selon Mariam Bouchal, project manager chez Nonante Cinq, l’un des principaux freins à la mise en avant des femmes entrepreneures est le syndrome de l’imposteur. Elle souligne que même parmi les cinq lauréates, certaines n’avaient jamais osé prendre la parole publiquement sur leurs succès et ambitions. « Elles sont conscientes de la valeur de leur travail, mais elles ne s’autorisent pas à revendiquer une place dans les médias« , explique-t-elle. Ce manque de visibilité alimente un cercle vicieux : les femmes, ne voyant pas d’exemples auxquels s’identifier, n’osent pas s’imposer comme références dans leur domaine.

Un autre écart notable avec leurs homologues masculins réside dans leur approche du financement. « Les entrepreneuses ont tendance à tout gérer elles-mêmes plus longtemps avant de chercher des financements ou des investisseurs. Elles ressentent souvent le besoin d’avoir un projet extrêmement abouti avant d’oser franchir certaines étapes », précise Mariam Bouchal. Cette prudence peut ralentir leur progression, là où leurs homologues masculins prennent parfois plus de risques financiers dès le départ.
Un rôle de facilitateur entre entrepreneuses et journalistes
L’objectif de la campagne est de créer une connexion entre les entrepreneuses et les médias, en leur offrant les opportunités qu’elles ont rarement l’occasion de saisir. Nathan Soret, CEO de Nonante Cinq, explique que l’initiative repose sur un double constat : d’un côté, les journalistes peinent à identifier des femmes entrepreneures à mettre en avant, et de l’autre, ces dernières hésitent à solliciter une couverture médiatique. « Nous avons voulu jouer un rôle charnière pour briser cette barrière et créer une impulsion vertueuse », affirme-t-il. « Cet appel à candidatures nous a permis de découvrir des profils exceptionnels, et nous espérons que cela encouragera d’autres entrepreneuses à se faire une place dans l’espace médiatique. »
Une campagne bientôt inutile ?
Si « 24H Entrepreneuses » se concentre sur une journée intensive d’exposition médiatique, son impact ne se limite pas à cet événement unique. Nonante Cinq prévoit un suivi à long terme pour les cinq lauréates, les accompagnant dans leurs futures opportunités de visibilité. « Bien sûr, l’accompagnement ne s’arrête pas aux 24 heures », souligne Mariam Bouchal. « Certaines opportunités nécessitent du temps pour se concrétiser, et nous assurerons un suivi pour maximiser leur impact à long terme. »
De plus, afin d’étendre l’impact de l’initiative à l’ensemble des participantes, l’agence organisera en mars un workshop dédié aux relations presse, ouvert à toutes celles qui avaient postulé. Cet atelier leur fournira des outils concrets pour optimiser leur communication et renforcer leur présence médiatique. « Nous voulons donner à ces femmes les clés pour qu’elles puissent elles-mêmes développer leur visibilité et se faire entendre dans les médias », ajoute Nathan Soret.
Avec cette initiative, Nonante Cinq espère contribuer à une transformation profonde du paysage médiatique en Belgique. « L’objectif ultime serait que ces initiatives deviennent inutiles, car cela signifierait que les entrepreneuses occupent naturellement la place qu’elles méritent dans les médias », conclut Mariam Bouchal. « Mais tant que cela reste nécessaire, nous continuerons à œuvrer pour leur donner la visibilité qu’elles méritent. »